Parfois rares, souvent drôles, toujours de bon augure : découvrez ici les oiseaux qui nous ont rendu visite

« Clicli cli », cliquetis des appels des Oies rieuses. Des passages nocturnes ont eu lieu ces jours derniers avec l’arrivée de la neige en Pologne et en Allemagne du nord. Ces oies nous arrivent au départ de la lointaine Sibérie (presqu’île de Taïmyr et de la Kolyma…) et quelques petits groupes vont hiverner sur le Marquenterre. Adeptes du « régime herbivore » elles vont chercher en priorité les grandes prairies humides des postes 7 et 8 en compagnie des Oies cendrées. Un tel effectif en hivernage n’avait pas été noté sur le parc depuis la vague de froid de 2009 (38 le 3 janvier et 93 le 25 janvier 2009). On est bien loin tout de même des milliers d’Oies rieuses qui hivernent aux Pays Bas et sur les polders belges tout proches.

On vous avait promis des nouvelles du petit Roitelet huppé qui a eu les honneurs de France 3 Picardie en octobre! Le Centre de Recherches sur la Biologie des Populations d’Oiseaux (Museum de Paris) vient de nous envoyer sa fiche. Il a été bagué le 15 octobre 2020 (on ne connaît pas l’heure 😉 ) à Andijk village au nord est d’Amsterdam près de l’Iljessmeer, cette immense lagune artificielle fermée à la mer par une digue route. Il a été contrôlé au fond des parkings du parc le 19 octobre 2020 à 10H50. Il a donc parcouru 371,97 km en 4 jours, pas mal pour un petit « bolide  rondouillard «   (avec tout le respect que je lui doit !) de 5,2 grammes. Sachant en plus qu’il n’a certainement pas fait la route en ligne droite comme nous mesurons nos distances !  Les roitelets voyagent en effet en groupe lâche d’arbres en buissons, se nourrissant en même temps dans des mouvements perpétuels (on parle de « migration rampante ») surtout de jour mais aussi de nuit, évitant si possible de traverser les vastes espaces ouverts comme les vastes plaines cultivées ou les étendues marines. Mais ils n’ont pas toujours le choix d’où l’importance des trames vertes et bleues, corridors à retrouver qui permettent de contacter les milieux entre eux par  des haies, bosquets, et la libre circulation des cours d’eau aux berges diversifiées.

Depuis le décès de notre mascotte au printemps 2019, nous n’avions pas revu de grue.

Le 14 novembre 1994, un individu ayant une fracture à l’aile (totalement cicatrisée) est découvert au marais du Crotoy, seul et non volant. Grâce au personnel du parc, elle a été gardée en liberté depuis cette date afin de poursuivre paisiblement sa vie, au sol.  

Malheureusement, le moment difficile de la mue de printemps était de trop, nous ne l’avons jamais revue

 

Les passages des grues en migration se font rares en Picardie maritime, car ce n’est tout simplement pas leur couloir migratoire principal. Il relie le nord de l’Alsace, la Lorraine et la Champagne-Ardenne à l’Aquitaine et les Hautes-Pyrénées en passant par la Bourgogne, le Centre et le Limousin.

Ces migrations d’automne ont pour but d’atteindre l’Espagne et l’Afrique du Nord pour l’hivernage. Cela n’empêche pas à certains oiseaux de passer l’hiver en France.

Au printemps, elles gagnent leurs zones de reproduction dans le Nord de l’Europe, en Scandinavie ou encore en Russie.

 

Sur le parc, nous notons tout de même quelques individus en migration de printemps (mars et avril) mais aussi et surtout en automne (octobre, novembre) lors des descentes vers le Sud. Tout ça grâce aux vents changeants ! Nous avons même eu la chance d’avoir un hivernage de 2 individus (1 adulte et 1 jeune) en 2012.

 

Surprise matinale du 19 octobre pour les guides, une grue cendrée marchant paisiblement dans la prairie du poste 7, fait son apparition. Ce grand échassier gris ardoisé, d’1 mètre à 1m30 de haut et d’une envergure de plus de 2 mètres ne passe pas vraiment inaperçue.

Les vents d’Est de mi-octobre ont légèrement décalé les passages vers l’Ouest plusieurs groupes en vol ont ainsi été aperçu à cette période.

En passage migratoire, les grues en France ont une zone de halte favorite, le Lac du Der ! 4 800 hectares d’eau et/ou de vasières (plus grand lac artificiel d’Europe) créé en 1974, pour réguler les niveaux d’eau de la rivière Marne qui alimente la Seine et ainsi éviter les crues. Forcément attirant pour ces migrateurs en quête de calme.

Le 18 octobre dernier, déjà 53 445 grues sont comptées le matin au Lac du Der.

 

Texte : Léa Coftier / Illustrations : Alexander Hiley et Eugénie Liberelle

La fin du mois de septembre marque le début de la migration des roitelets.

Le roitelet huppé est une boule de plumes de 8,5 à 9 cm, c’est le plus petit oiseau d’Europe. Ces passereaux insectivores ne pèsent rarement plus de 6 grammes.

Cet oiseau déborde d’énergie, il est hyperactif ! Continuellement en train de voleter, il passe de branches en branches, agitant sans cesse les ailes et la queue. Plutôt difficile à garder dans les jumelles ! Il sait tout de même signaler son arrivée avec son cri fin et très aigu tel un gazouillis, difficile à entendre pour certains.

Octobre est un mois important pour la migration rampante, bien visible depuis le point de vue du parc. Elle concerne principalement les mésanges, roitelets, grimpereaux… Ils se déplacent de jour, en petits groupes, et d’arbre en arbre, de buissons en buissons, tout en cherchant leur nourriture.

Ce type de migration va leur éviter de parcourir de longues distances à découvert, mais aussi à la vue des prédateurs ou d’autres dangers.

Les principales zones de nidification des deux espèces de roitelets sont « différentes » : le huppé niche principalement dans le Nord de l’Europe, en Scandinavie et en Russie, tandis que le roitelet triple-bandeau se reproduit lui dans de Nord et l’Ouest de l’Europe (pas plus haut).

Généralement ce sont leurs cousins, les roitelets triple-bandeau, qui ouvrent le bal et sont les premiers à atteindre les pins du Marquenterre. Plus tard, la première quinzaine d’octobre, c’est au tour des roitelets huppés de débarquer en nombre.

Lors de la séance matinale de baguage du 16 octobre, dans le cadre du PHENO, une quarantaine de roitelets huppés ont été bagués. Le 19 octobre, un jeune mâle d’un an bagué au pays bas a été contrôlé.

 

Texte : Léa Coftier / Illustration : Alexander Hiley

Soyons attentifs !! Malgré la météo capricieuse, les premières grives sont observées sur le parc en migration pour atteindre leurs quartiers d’hiver.

Les grives, cousines des merles, font partie de la grande famille des turdidés (du latin « turdus » voulant dire « grive »). Ces passereaux de taille moyenne à grande, se nourrissent de petits invertébrés comme des insectes, des vers ou des escargots, mais sont également frugivores.

Certaines espèces sont présentes toute l’année, comme le merle noir, la grive musicienne et la grive draine, tandis que d’autre, uniquement l’hiver : la grive mauvis et la grive litorne.

Cela n’empêche pas les individus des pays nordiques de rejoindre leurs congénères (pour les espèces visibles tout au long de l’année) pour passer l’hiver en Europe de l’Ouest et du Sud. Les oiseaux scandinaves quittent généralement leurs zones de nidification en septembre et en octobre. Pour la plupart de ces grives, sauf la litorne, qui elle s’arrête au Sud de l’Europe, leur limite Sud de répartition hivernale est l’Afrique du Nord.

Plus rare l’hiver et peu commun en France en période de reproduction, nous pouvons aussi observer le merle à plastron, de mi-mars à mi-mai puis de fin septembre à fin novembre.

Depuis ce week-end au parc, nous pouvons observer des groupes de grives en migration avec des groupes allant jusqu’à 200 individus et plus (surtout lundi). En effet, ce lundi nous avons compté du haut du point de vue quelque 2250 grives litorne et 1250 grives mauvis en route vers le sud entre 13h et 15h.

Le 26 septembre sur la côte Ouest de la Finlande, à Kalajoki  un comptage incroyable de grives a eu lieu. On apprend avec la plus grande surprise que 430 000 grives litorne et 15 000 grives mauvis ont été comptées durant cette journée.

Serait-ce signe d’un gros arrivage de grive chez nous d’ici quelques jours ? Nous trépignons d’impatience de rencontrer (peut-être) ces oiseaux nordiques.

 

Texte : Léa Coftier / Illustration Pierre Aghetti

L’après midi du 21 septembre, nous avons eu droit à un spectacle incroyable d’une trentaine de minutes sur le parc : la visite du balbuzard pécheur !

Ce rapace diurne est, comme son nom l’indique, piscivore et se nourrit uniquement de poisson d’eau douce ou de mer. Il est assez caractéristique avec ses longues ailes étroites et coudées, son dessous blanc pur et son bandeau noir sur l’œil.

L’individu surgit au dessus de la digue de front de mer pour venir pécher sur le plan d’eau du poste 1, réalimenté en eau (et en casse croûte) durant les dernières grandes marées.

Sa précision de pèche est impressionnante, une technique inégalée.

Il a d’abord repéré sa cible en survolant le plan d’eau à une bonne quinzaine de mètres de haut. Une fois le poisson accessible à la surface, il a plongé les serres en première ligne, les ailes repliées, la tête en avant et PLOUF : c’était l’affaire de quelques secondes.

Il immerge uniquement les pattes au moment de la capture, puis transporte son repas sur un perchoir. Ici, il avait choisi un poteau de clôture, toujours visible à la longue vue, nous n’en avons pas perdu une écaille ! Il a répété la scène une seconde fois, avant de repartir vers la baie.

C’est à partir du mois d’août que nous pouvons le voir régulièrement pécher en baie derrière la digue ou plus rarement sur les plans d’eau du parc ! Nous ouvrons l’œil ! Ce migrateur arrive tout droit des pays nordiques comme la Norvège ou l’Ecosse, mais selon les individus bagués déjà observés, ils viendraient plus souvent du nord-est de l’Allemagne !

Cette année nous en avons observé 3 en même temps sur le parc et jusqu’à 6 en baie de Somme !

 

Texte : Léa Coftier / Illustrations : Eugénie Liberelle et Léa Coftier

Et oui il y a des nains partout … même chez les pics !

Le pic épeichette ne fait que 20 gr et 15 cm de long, c’est à dire même pas le poids d’un moineau mais plutôt celui d’un pinson des arbres pas très rondouillard ! Cela n’empêche pas au couple d’avoir un grand territoire avec plus de 30 à 40 hectares minimum constitués de vieux boisements souvent en milieu humide. Ils peuvent également fréquenter les jardins bien boisés.

Le dessus de la tête est rouge chez le mâle, celui de la femelle est blanc et les juvéniles (comme celui de la photo) est rouge moucheté de noir. Sa petite taille est un vrai avantage, elle lui permet de se déplacer et se nourrir d’insectes sur les petites branches où ne va pas son « gros » cousin le pic épeiche.

Il est peu fréquent sur le parc et on le bague lors des séances estivales au fond des parkings.

L’espèce est en nette diminution depuis vingt ans, probablement dû au changement climatique pour cette espèce septentrionale.

 

Texte et illustration : Philippe Carruette 

Le 22 août 2020, une jeune spatule blanche est notée au poste 6 avec des bagues couleur qui ne semblent pas appartenir au code habituel des oiseaux du Nord de l’Europe.

En effet, cet oiseau a été bagué poussin par Loïc Marion, le 24 mai 2020 sur le lac de Grand Lieu qui abrite une des plus grandes colonies française avec celles de Brière et de la basse vallée de l’Erdre. Mais pourquoi une juvénile née en Loire Atlantique remonte t’elle en baie de Somme alors que toutes ses « copines » filent plein sud vers l’Espagne, le Niger ou la Mauritanie…

A t’elle perdue son GPS ?

Grâce au baguage, ces mouvements « à contre sens » sont bien connus chez de nombreux jeunes passereaux, rapaces, cormorans, hérons migrateurs…

Ils découvrent ainsi de nouveaux territoires, zones d’alimentation, habitats, qu’ils vont mémoriser surtout s’ils sont favorables. Ce sera peut être de futurs sites de reproduction ou d’hivernage (la spatule niche à 3 ou 4 ans). Cette jeune spatule repartira pourtant vers le sud dans quelques jours ou instants mais quoique que notre esprit rationnel en pense, ces 400 km nordiques ne seront pas perdus pour former sa jeunesse !

 

Texte : Philippe Carruette / Illustration : Léa Coftier