Cet article va s’intéresser à des petites bêtes peu ragoûtantes: les sangsues. Ces animaux, presque considérés comme des monstres gluants et suceurs de sang dans l’imaginaire collectif, sont-ils réellement si terrifiants ?

Présentation

Les Hirudinea, Achètes ou Sangsues sont une sous-classe de l’embranchement des annélides (vers). Chez toutes les sangsues, le corps est composé de 33 segments. Cet ensemble regroupe environ 650 espèces hermaphrodites et leur taille varie de 1 à 30 cm. Selon les espèces, elles peuvent nager ou se déplacer comme les chenilles arpenteuses. L’espérance de vie de ces dernières est en moyenne de 20 ans, et elles sont capables de survivre plus de 2 ans après un seul repas ! Arpentant leurs lieux de vie en quête de nourriture, ces petits carnivores se fixent sur leur proie grâce à leurs ventouses pourvues de mâchoires. Certaines se nourrissent alors de larves d’insectes, de vers, ou de petits invertébrés peuplant le milieu aquatique. Les plus redoutés de l’homme sont les hématophages, autrement dit celles qui se nourrissent de sang, car elles peuvent apprécier celui de l’être humain…

 

L’homme et les sangsues

Les scientifiques s’intéressent à ces animaux depuis plus de 2000 ans, notamment pour soigner les êtres humains. En effet, la salive de certaines sangsues contient de l’hirudine, une substance ayant des vertus anticoagulantes, cicatrisantes, anesthésiques et anti-inflammatoires. Elle permet, entre autres, de lutter contre les infections microbiennes et même de drainer le surplus de sang après une intervention de chirurgie plastique. Bien que redoutées par les baigneurs, les sangsues ne sont finalement pas détestées par tout le monde. Une compagnie en Angleterre s’est même spécialisée dans la commercialisation de ces animaux !

État des populations

La récolte excessive des sangsues dans le milieu naturel a conduit au déclin des populations : la Sangsue médicinale (Hirudo medicinalis), la plus connue, est actuellement une espèce devenue rare en France et mériterait d’être protégée. Ces petits êtres visqueux nous sont mal connus ; ayant des comportements variés en fonction des espèces, ils ont très certainement bien des trésors de connaissances à nous révéler…

Texte : Maxime Petit / Illustration : Lucie Ligault / Vidéo : Cécile Carbonnier

La Biche ne désigne pas seulement un des plus grands cervidés d’Europe, c’est aussi le plus gros coléoptère de notre région ! C’est la femelle de Lucanus cervus, ou plus simplement le Lucane cerf-volant. La première de l’histoire du Parc a été observée le 25 juillet, tout proche du poste 1. 

Les Lucanes cerfs-volants adultes sont de couleur noire à bordeaux, avec des élytres brillants, et peuvent mesurer jusqu’à 9 cm. Le mâle est très facilement reconnaissable à ses mandibules très développées qui font penser à des bois de cerf, d’où son nom de “cerf-volant”. La femelle, quant à elle, possède des mandibules plus petites mais plus puissantes : ce n’est donc pas la taille qui compte chez les Lucanes. 

Les mandibules des mâles leur servent à lutter contre les autres mâles pour l’accès aux femelles, et à maintenir leur partenaire lors de l’accouplement. Les combats entre mâles vont rarement jusqu’à la mort, et le “gagnant” se contente de repousser le prétendant. Les mandibules puissantes des femelles leur permettent de creuser dans du bois mort ou des souches pour y pondre. 

La vie adulte des Lucanes cerfs-volants est courte, de l’ordre de quelques mois entre mai et août, mais leur vie sous forme de larves saproxylophages (qui se nourrissent de bois en décomposition) peut durer plusieurs années. Ce sont des gros vers blancs qui mesurent jusqu’à 8 cm et qui peuvent être confondus avec des larves de Hanneton commun (Melolontha melolontha) ou de Cétoine dorée (Cetonia aurata). 

Même si les Lucanes préfèrent en général les forêts de feuillus, notamment de chênes, ils peuvent vivre dans des jardins et des parcs urbains tant que des souches ou des arbres morts sont présents pour nourrir les larves. La gestion forestière et la disparition de ces arbres en décomposition entraînent une régression de l’espèce au niveau européen. 

Les lucanes ont un avantage de taille – littéralement – par rapport à d’autres espèces d’insectes : leur corps imposant les rend très visibles, donc les données concernant leur répartition sont relativement faciles à collecter. Présent dans toutes les régions de France, ce coléoptère est considéré comme quasi menacé en Europe, sur la liste rouge UICN, où il bénéficie d’une protection légale (Directive Habitats-Faune-Flore), d’où l’importance de la découverte de cet individu sur le Parc. 

Texte : Ombeline Duval / Illustrations : Ombeline Duval, Maxim Laurin

Un article sur les fourmis ! Magie-fique ? Fourmidable ?

Du haut du sol terrestre jusqu’à la cime des arbres, sans cesse en mouvement selon les saisons ou sédentaires, vivant la nuit, dormant le jour, vivant le jour, dormant la nuit et à tous les régimes : omnivores, carnivores ou végétariennes. Nouant des relations intimes avec les autres organismes tels que les petites bêtes, les champignons magiques, les arbres, les fleurs… Entre celles-ci, se croisant, se chamaillant, s’accaparant la nourriture pour leur vie ou encore se frôlant dans la mauvaise habitude de l’indifférence. Imaginez un milieu, plusieurs habitats, diverses collaborations ou stratégies pour se défendre. Imaginez et plongez dans le télescope pour rejoindre le monde des Minimoys. Une douce mélodie de piano nous accompagnera dans ce voyage doré vers le royaume des fourmis

Trois tours à droite pour le corps…

Trois tours à gauche pour l’esprit…

Maintenant un tour complet pour l’âme…

Nous y voilà ! Elles y sont si petites et si nombreuses…

Bonjour à toutes et à tous. Merci de nous accueillir chez vous. Nous aimerions en savoir plus sur vous. Tout d’abord, expliquez-nous : comment faites-vous pour communiquer ?

Dans un silence perceptible, les signaux se traduisant par des odeurs chez les fourmis s’exécutent en compagnie de quelques mandibules joueuses. Les phéromones, l’équivalent de nos hormones à nous, bouillonnent et induisent quelques réactions physiologiques et comportementales. La colonie s’échauffe afin d’organiser leurs actions et leurs propos. Les différents signaux s’échangent de manière coordonnée, en respectant notre silence et notre incompréhension afin de traiter l’ensemble des données.

Et sans un bruit environnant… écoutant davantage, nous remarquons quelque chose dans leur envie fourmillante d’essayer de nous faire comprendre leur langage.

Un bruit déborde du calme et vient nous chatouiller les oreilles. Certaines fourmis seraient donc capables d’émettre aussi des sons que l’on appelle stridulations. En tout cas, c’est un joli mot qui définit leur autre moyen de communiquer lorsque, par exemple, elles ont besoin d’attirer un ou une camarade pour s’aider lorsqu’une proie est trop lourde pour un individu isolé.

Les fourmis communiquent aussi avec le son

Essayant de faire de notre mieux aussi pour comprendre peut-être ce nouveau tube de l’été, nous décidons de rentrer et de reprendre le télescope avant que la lune ne disparaisse derrière les nuages.

Nous voilà rentrés, revenus à échelle humaine… Mais que l’on soit clair : pas besoin d’être une fourmi pour comprendre que grâce à leur moyen de communiquer et donc de vivre, elles comprennent ce que l’on tente encore d’essayer de comprendre.

Texte et illustrations : Juan Pablo Dupanloup

Le Parc du Marquenterre abrite une multitude d’habitats créés artificiellement, parmi eux, des plans d’eau plus ou moins profonds. L’eau, origine de la vie, attire énormément d’espèces animales et végétales. Certaines sont très visibles comme les oiseaux, poissons et amphibiens, d’autres en revanche le sont beaucoup moins.

À l’intérieur de cet univers miniature, on retrouve les grands mécanismes autour desquels s’organisent tous les écosystèmes : la prédation, la compétition, etc. Penchons-nous (pas trop, ça glisse) sur les petites bêtes les moins connues…

Les larves de libellules 

Avant d’être ce magnifique insecte volant que nous connaissons tous, la libellule a un stade de vie larvaire qui se déroule sous l’eau pendant 1 à 3 ans. Prédatrice ayant inspiré le film de science-fiction Alien, cette dernière est même capable d’attraper un alevin de poisson grâce à son masque de capture !

La notonecte

Cette petite punaise d’eau nage à l’envers, afin de poursuivre et capturer des larves, vers, petits têtards et, à l’occasion, de jeunes poissons. C’est un des insectes dulcicoles (vivant dans les eaux douces) les plus communs d’Europe.

Le dytique bordé et sa larve

C’est l’un des plus grands « scarabées d’eau » européens, capable de sortir de l’eau et marcher sur le sol et même de voler. Ce Coléoptère vorace a la particularité d’avoir une durée de vie assez longue, pouvant atteindre 4 ans.

La planorbe des étangs

Ce petit escargot aquatique à la coquille aplatie, enroulé en spirale sur 4 à 5 tours, est une espèce végétarienne et détritivore. On retrouve ce joli mollusque dans les eaux calmes. Apnéiste hors pair, la planorbe utilise l’hémoglobine qui capte mieux l’oxygène : elle peut donc séjourner plus longtemps au fond et remonte moins souvent respirer que les autres escargots d’eau douce comme les limnées.

Le gerris

Appelée à tort araignée d’eau, cette petite punaise piqueur-suceur sprinte à la surface en quête de proie. La plupart de ces insectes vivent à la surface des eaux dormantes, mais certaines espèces sont même adaptées à la vie dans des courants rapides.

L’hydrophile brun 

Sa larve plus grande que l’adulte (4 à 6 cm) ressemble à un ver annelé avec une paire de mandibules en forme de pinces bien marquées. L’adulte, quant à lui, est un coléoptère qui mesure 3 à 5 cm, ce qui en fait le plus grand coléoptère aquatique d’Europe !

Bien sûr, on retrouve d’autres espèces animales aussi variées et mystérieuses les unes que les autres comme les sangsues, la nèpe, la ranatre ou les larves de phryganes.

Protège ta mare ! 

Les mares disparaissent : cette triste constatation, chacun de nous peut la faire en parcourant la campagne, les villages et les banlieues. Certaines sont comblées, d’autres polluées alors à nous d’en re-creuser !

Texte : Maxime Petit / Illustrations : Alexander Hiley, Cécile Carbonnier, Lucie Ligault, Eugénie Liberelle

Groupe de libellules bien particulier, le genre Sympétrum rassemble en son sein de nombreuses espèces qu’il est particulièrement difficile à différencier. Eh oui, s’il est assez simple de distinguer une Libellule déprimée en vol (du genre Libellula, avec son gros abdomen bleu pastel) d’une Libellule à quatre taches (du même genre, plutôt brune), les Sympétrums sont de petites princesses qui aiment être admirées sous tous les angles pour pouvoir les comprendre, les déterminer. Ainsi, l’identification la plus simple se fait en observant le thorax – plus précisément les sutures pleurales -, mais pour reconnaître certaines espèces, il faut parfois regarder attentivement la couleur des pattes, ou encore la taille de la moustache, à la base des yeux. 

S’il existe des Sympétrums très faciles à identifier, comme le Sympétrum noir (Sympetrum danae) qui porte bien son nom, ou le Sympétrum jaune d’or (Sympetrum flaveolum), dont la base des ailes est nappée de jaune-orangé, d’autres entrent dans des catégories plus sportives en termes de détermination. Le Sympétrum sanguin (Sympetrum sanguineum) et le Sympétrum à nervures rouges (Sympetrum fonscolombii) se différencient principalement à la couleur des pattes : noires pour le sanguin, nervurées de jaune, pour celui à nervures rouges ; il y a de quoi s’y perdre, il faut l’admettre ! Cette détermination particulièrement précise, au relent de migraine, nous sert notamment à faire la différence entre le Sympétrum strié (Sympetrum striolatum), très commun, et le Sympétrum méridional (Sympetrum meridionale).

Et c’est là que toutes ces personnes un peu folles sur les bords de chemins, à observer les roseaux, un filet à insectes dans une main et un livre de détermination dans l’autre (que vous pourrez d’ailleurs croiser sur les allées du Parc) prennent toute leur importance : pour nous, situés dans le nord de la France, le Sympétrum méridional n’est pas des plus communs. Fort de son nom, c’est surtout dans le sud de la France qu’on le retrouve, mais il s’étend d’année en année un peu plus vers le nord.

Ce comportement de remontée est caractéristique de cette espèce – mais aussi de beaucoup d’autres libellules – car ces petites bêtes se remettent d’un évènement bien particulier, arrivé il y a géologiquement très peu de temps : la dernière période glaciaire. Avec cette période de froid intense s’est produit une migration des Odonates (regroupant libellules et demoiselles) vers le sud, mais aussi la disparition présumée de certaines espèces, expliquant leur différence de répartition sur la planète : on les retrouve en plus grand nombre dans les pays tropicaux, et les continents ayant moins subi la glaciation, comme les Amériques. À titre d’exemple, si la France abrite 108 espèces d’Odonates, le Bélize (petit pays d’Amérique du Sud, plus petit que le Poitou-Charentes) en abrite à lui seul 230 !

Prenons donc le temps d’admirer comme elle le souhaite, cette petite libellule aux couleurs du crépuscule, car derrière ses sutures pleurales, sa moustache et ses pattes se cache l’un des plus grands prédateurs d’insectes, à l’histoire préhistorique complexe, colonisant les territoires perdus par le froid, tout ça, sur notre petit bout de polder, en baie de Somme.

Texte : Antoine Bance / Illustrations : Alexander Hiley

Pour ce début d’été, nous vous proposons un quizz qui vous plongera dans le monde fascinant des petites bêtes jaunes et noires qui volent, volent… 

Mais justement, combien d’ailes ont-elles, ces jolies créatures : 2 ou 4 ? Si vous ne voyez qu’une seule paire, il s’agit d’un Diptère (du grec di = deux, et pteron = ailes), ce grand ordre d’insectes qui comprend mouches, syrphes, taons, tipules et autres moustiques. Si vous pensez qu’elle est doublement équipée, c’est un Hyménoptère (du grec hymen = membrane, et pteron = ailes), comme les abeilles, guêpes, frelons ou fourmis. 

Alors, mouche ou abeille ? À vous de jouer ! 

L’Éristale brouillée (Eristalis intricaria)

Eh non ! Malgré ses jolies rondeurs, son épaisse fourrure noire et rousse et son popotin tout blanc, il ne s’agit pas d’un bourdon, mais bien d’une mouche ! L’Éristale brouillée appartient à la grande famille des Syrphidés. On la rencontre d’avril à septembre aux abords d’eaux croupissantes chargées de matière organique en décomposition et d’excréments en tous genres… dont raffolent ses larves, dites saprophages. Les adultes sont d’humeur plus bucolique, et volètent de chaton de saule en fleur de chardon pour y butiner le nectar sucré. Bon appétit !

Le « Général à longues cornes » (Stratiomys longicornis)

Oh la jolie petite Andrène ! Raté, il s’agit encore d’une mouche, surnommée en anglais le “Général à longues cornes”. Ce diptère trapu, à la toison dense, brun roux, appartient à la famille des Stratiomyidae, ou “mouches soldats”. Au repos, elle a la particularité de superposer ses ailes au-dessus de son abdomen large et aplati. Ses larves grandissent en eau saumâtre.

La Mouche pourceau (Eristalis tenax)

Point d’abeille ici, mais encore un Diptère : l’Éristale gluante, ou Mouche pourceau ! Présente sur tous les continents (sauf l’Antarctique), cette grosse mouche très commune est visible quasiment toute l’année. Migratrice, elle est aussi capable d’hiberner, bien à l’abri dans les caves ou les grottes.  Si les adultes butinent les fleurs, appréciant particulièrement les ombellifères et le lierre, leurs larves ont un mode de vie beaucoup moins… alléchant : elles se nourrissent de matière organique en décomposition dans des eaux eutrophes et pauvres en oxygène, tels que fosses à purin, égouts et autres mares polluées. Avec leur corps tout mou et leur siphon respiratoire extensible pouvant atteindre 10 cm, pas étonnant qu’on leur ait donné le surnom peu flatteur de “ver à queue de rat”… Mais ne soyons pas ingrats, et sachons remercier ces petites bêtes qui participent généreusement à l’épuration des eaux ! 

La Volucelle zonée (Volucella zonaria) 

Oh mon Dieu, sauve qui peut, un frelon ! Pas de panique. Premièrement, les frelons sont inoffensifs, dès lors qu’on les laisse vivre leur vie sans les déranger. Et deuxièmement, point de bêbête qui pique ici, puisqu’il s’agit, une fois encore, d’une mouche paisible : la Volucelle zonée. Toutefois, le mimétisme est troublant, puisqu’il s’applique jusque dans le mode de vie. En effet, ce Syrphe confie sa progéniture à diverses espèces d’hyménoptères, dans le nid desquelles il pond ses œufs. Les larves se nourrissent des restes de nourriture qu’elles y trouvent, tandis que les adultes glanent le pollen des fleurs. 

Le Syrphe ceinturé (Episyrphus balteatus)

Si vous avez bien suivi, vous savez désormais que les Syrphes sont… des mouches ! Celui-ci est l’un des plus répandus en Picardie – et plus généralement en Europe -, où on le croise de février à novembre, voire en plein hiver s’il ne fait pas trop frisquet. Particulièrement ubiquiste, le Syrphe ceinturé fréquente pratiquement tous les milieux terrestres, y compris les grandes villes. Les adultes nectarivores et pollinivores visitent les fleurs, ponctuant leur parcours de haltes en vol stationnaire remarquable ; ils sont capables d’effectuer de formidables migrations. Leurs larves sont de féroces prédatrices de pucerons, parfois d’autres petites proies. Pollinisation des plantes et régime aphidiphage : en voilà un précieux allié du jardinier ! À noter que si les températures sont basses lors de la période de pupation – transformation des asticots en nymphes -, les bandes noires des adultes ont tendance à s’étendre davantage. Pratique, puisque les couleurs sombres absorbent mieux les rayons du soleil, donc la chaleur !

La Volucelle bourdon (Volucella bombylans

Cette fois, pas de doute possible, il s’agit d’un bourdon ! Eh bien non, toujours pas. Même si elle en a l’allure, même si ses larves parasites se développent dans les nids des Hyménoptères, et même si elle en porte le nom, la Volucelle bourdon n’en est pas un ! On la rencontre de mai à septembre dans les prairies, les lisières de bois et les bords de chemin. Il existe trois variations de couleurs : une imitant le Bourdon des pierres (Bombus lapidarius), avec son corps noir à l’extrémité orangée (celle présentée ici) ; une ressemblant au Bourdon terrestre (Bombus terrestris), dont l’abdomen jaune et noir se termine par une touffe de poils blancs ; une, plus rare, jaune, noire, et à l’apex rougeâtre. Encore un exemple de mimétisme batésien, cette formidable stratégie d’adaptation : en singeant les motifs et les couleurs d’un Hyménoptère, les Syrphes ont développé un moyen efficace de tromper de potentiels agresseurs, qui pensent avoir affaire à des bestioles un peu trop “piquantes” à leur goût… alors qu’elles sont la douceur incarnée ! 

Dasysyrphus albostriatus 

Vous l’aurez compris : toujours pas d’abeille en photo de couverture, mais encore et toujours une mouche, le Dasysyrphus albostriatus. On vous aura bien eus ! Une occasion pour nous de mettre un gros coup de projecteur sur ces Diptères que l’on ne regarde que trop peu, et qui, pourtant, sont de véritables merveilles. Alors sachons rendre hommage à tous ces Syrphes qui volètent de fleur en fleur, et participent ainsi gratuitement au service de pollinisation, de manière aussi efficace que les stars des ruches ! 

Texte et illustrations : Cécile Carbonnier 

Les Arctiinae font partie de la famille des Erebidae, et sont souvent appelés Ecailles. De nombreuses espèces ont des couleurs voyantes, vives, qui permettent de prévenir le prédateur de leur toxicité. Les chenilles sont plus ou moins poilues d’où leur nom de « chenilles hérissonnes ».

Dans le monde on dénombre 11 000 espèces, dont 6000 en Amérique du sud ; en France on en compte une trentaine.

Focus sur deux espèces présentes au Parc

En ce moment vous pouvez croiser ces deux papillons : l’Ecaille du séneçon et l’Ecaille fermière.

Ces papillons ressemblent à s’y méprendre à des papillons de jour, or ce sont des papillons de nuit (hétérocères). Ils peuvent être actifs le jour, et leurs couleurs vives dissuadent les prédateurs.

Caractéristiques des deux espèces :

Texte et illustrations : Manon Prétot

 

Même si l’envie de vous conter l’histoire de la princesse Psyché et de son amant Éros me ferait plaisir, je vais toutefois laisser la mythologie grecque de côté pour vous partager la vie d’une tout autre Psyché : une plus duveteuse, plus foncée, possédant 6 pattes et appartenant à la très grande famille des Psychidae.

En France, cette famille est représentée par plus de 65 espèces allant de la Psyché du gramen (Canephora hisuta : la plus grande) à la Psyché lustrée (Psyche casta : une des plus petites et une des plus communes). Très bien tout ça, mais ça ressemble à quoi une Psyché à 6 pattes ? Commençons par le plus intéressant : son stade larvaire.

Les larves vivent enfermées dans une logette appelée fourreau. Cette petite forteresse, construite sur mesure dès leur naissance et par leurs propres moyens, est un tube de soie ouvert aux 2 extrémités et recouvert extérieurement de divers matériaux collés à la soie : petits cailloux, sable, terre, fragments de feuilles ou de lichens ou encore de tiges et même de micro-coquilles.

La nature et la disposition des matériaux utilisés sont propres à chaque espèce. La grande majorité des fourreaux construits sont droits, bien rectilignes à l’exception de Apterona helicoidella, une architecte hors pair préférant des édifices spiralés. Ainsi, tel un escargot dans sa coquille, jamais ô grand jamais la larve ne quittera cette enveloppe protectrice. Petite Psyché grandissant rapidement, elle prendra grand soin d’élargir et d’allonger son fourreau, l’ajustant à chaque tour de taille gagné.

 

Pour se déplacer, cet animal ne sort que la moitié de son corps : il active ses pattes thoraciques traînant ainsi le reste de son corps fortifié. L’abdomen, quant à lui, reste bien vissé dans son étui grâce à de puissantes ventouses.

Il n’est pas courant de le voir en mouvement. Le plus souvent, nous l’apercevons sur le Parc au repos : droit sur un support (arbres, pancartes, poteaux etc.), il se fait merveilleusement bien passer pour une écharde ou un morceau de bois en train de se détacher. 

Le dimorphisme sexuel est une particularité très marquée chez les Psychidae : les ailes et tous les appendices sont complètement atrophiés chez la femelle. 

D’ailleurs, à propos de femelle, même adulte, celle-ci ne quittera jamais son fourreau portatif. Tout espoir d’imaginer un mâle ailé la sortant de sa tour d’ivoire est vain. Cependant, voici plutôt de quoi alimenter un prochain film fantastique : une fois fécondée, elle pondra à l’intérieur même de sa logette et mourra. Et chez certaines espèces, la femelle meurt avant de pondre ; les larves émergeront alors du cadavre de leur mère…

Concernant le mâle, la nature aura décidé d’en faire un petit papillon nocturne volant… le jour ! Ça va de soi. Refoulant les curieux sur le pas de sa porte, il prendra soin de fermer à double tour son logis pour se transformer en pupe puis quittera ensuite définitivement son fourreau sous une nouvelle apparence. Il va devoir jouer de la montre pour trouver une femelle ; ses pièces buccales atrophiées, il n’aura pas l’occasion de se nourrir pendant sa courte vie d’adulte.

Lors de votre balade sur le Parc, vous pourrez facilement croiser ces petites bêtes. Fixées sur les poteaux en bois le long des sentiers par exemple, prenez le temps d’admirer leur cahute en bois dans laquelle elles se cachent. Mais ne comptez pas sur elles pour vous inviter à prendre le thé !

Texte et illustrations : Eugénie Liberelle