Comme promis, voici une seconde vidéo réalisée par Théo, guide naturaliste pendant la saison 2023. Un beau travail d’investigations, de bibliographie, de montage vidéo, de patience…

Sans plus attendre, belle découverte ! 

 

Le 5 juillet 2022, un couple en visite sur le Parc nous fait part d’une observation exceptionnelle : entre les postes 10 et 11, un Putois (Mustela putorius) traverse le chemin à plusieurs reprises, portant chacun de ses 5 petits de l’autre côté ! Bien que cette espèce soit, d’après Philippe Carruette, responsable pédagogique, « de loin le Mustélidé le plus commun sur le site », son observation reste rare, d’autant plus avec des jeunes.

Arrêtons tout : qui est donc le Putois ?

Ce petit mammifère appartient à l’ordre des Carnivores et à la famille des Mustélidés, faisant de lui un cousin du Blaireau, de la Loutre ou encore de l’Hermine. Un crâne plat, de courtes pattes, et un corps cylindrique fuselé pour se faufiler partout – y compris dans les terriers de ses proies, l’observateurice chanceux.se pourra le reconnaître de ses proches parents à son “masque de bandit”, dessiné par les poils sombres et clairs de son visage. Finalement, il ressemble en tout point au Furet, dont il n’est autre que l’ancêtre sauvage probable !

Bien que principalement associé aux zones humides, le Putois affectionne en réalité un mélange d’habitats y ajoutant des bocages et des boisements clairs à proximité. Il n’aime pas les forêts denses, l’altitude et les zones trop anthropisées (agglomérations et cultures intensives). Carnivore peu difficile, il y chasse principalement des rongeurs, des lapins et des amphibiens, et secondairement d’autres petits animaux. Crépusculaire et nocturne, plus rarement diurne, il est actif toute l’année mais réduit son activité en hiver. Il est solitaire hors période de reproduction, celle-ci ayant lieu de mars à avril.

Discret, solitaire, et jamais nombreux sur un secteur donné, il était bien méconnu jusqu’à peu. Lorsqu’il n’est pas relégué au rang des “nuisibles” par son image de petit prédateur puant (d’où provient d’ailleurs son nom putorius), certaines représentations populaires l’identifient à une autre espèce à la même réputation : la Moufette, résidente du continent américain appartenant à une toute autre famille encore…

Le Putois est désormais classé comme quasi-menacé sur la Liste rouge des mammifères continentaux de France métropolitaine. Son déclin, accentué par le peu d’études à son sujet, s’observe sur l’ensemble du pays et même du continent. Les causes sont multiples : perte de son habitat (urbanisation, agriculture), collisions routières, chasse et piégeage, déclin de ses proies (Lapin de garenne et amphibiens), maladies, empoisonnement, concurrence avec des espèces exotiques envahissantes…

Tout cela n’est pas arrangé par la méconnaissance et la mauvaise réputation de notre pauvre ami, qui n’est pourtant pas forcément avérée : ses sécrétions odorantes, certes fortes, ne sont émises qu’avec les excréments à des fins de marquage de territoire, ou alors en cas de fort stress – c’est un mécanisme de défense. Pour éviter un échantillon gratuit de parfum, il suffit donc d’éviter tout contact avec l’animal et ses excréments, ce qui est généralement recommandé pour tout animal sauvage. Quant à sa déprédation sur les élevages aviaires, elle n’est pas chiffrée officiellement à ce jour mais reste probablement minime, les oiseaux n’étant pas les proies principales du Putois. De plus, à l’inverse de certaines de ses cousines, le Putois n’est pas bon grimpeur – une bonne clôture devrait suffire à protéger les élevages.

Alors si vous souhaitez vous aussi donner un coup de pouce au Putois, la Société Française pour l’Etude et la Protection des Mammifères, réclamant la protection de l’espèce au niveau national, s’est penchée sur son cas et a publié plusieurs documents à son égard, dont des mesures de protection à votre échelle en résumé, que vous pouvez consulter sur leur site : https://www.sfepm.org/le-putois-deurope.html.

Qui sait, peut-être aurez-vous la chance de croiser ce discret voisin un jour… ou un soir !

Nous remercions chaleureusement Benoit Monard pour sa photo prise au Parc en 2015.

Texte : Garance Rousset / Illustrations : Garance Rousset, Benoit Monard

Des plumes, des plumes, mais pas que !! Et les poilus alors ? Dès que les visiteurs et le personnel ont déserté, de petits animaux très discrets profitent du calme dans les allées du parc. Les mammifères que nous apercevons le plus souvent sont les chevreuils, les sangliers ou encore les mouflons dans les prairies, or, de […]

Les sangliers sont fréquents même en plein après-midi sous la héronnière. Ils savent qu’ils peuvent trouver facilement des restes de nourriture tombés des nids des grands échassiers, mais aussi des cadavres de poussins tombés des pins notamment lors des coups de vent des ces derniers jours.

Mais depuis au moins deux ans, une femelle accompagnée de marcassins s’est spécialisée dans la capture des jeunes échassiers au sol. Spatules, aigrettes ou hérons qui réalisent leur premier vol, ont tendance à se poser au sol, l’atterrissage en altitude est souvent un moment délicat, surtout par grand vent. La femelle de sanglier a perçu ces proies faciles. Elle s’en approche avec calme, fouillant le sol comme tout bon sanglier omnivore.  Les jeunes échassiers nés à 25 mètres de haut ne connaissent guère encore les dangers terrestres, il faut tout apprendre, tout mémoriser ! Arrivée à faible distance, elle accélère et croque les juvéniles ! Le sanglier faute de crocs n’est pas fait pour tuer vite et pour capturer une proie. Il la presse et la broie alors dans ses mâchoires…

François Poidevin, ancien garde passionné de comportement du Domaine du Marquenterre, me relatait le cas d’une laie qui avait pris l’habitude de tuer et consommer des jeunes marcassins dans les compagnies. Ces comportements rares ne sont pas à généraliser à l’espèce, mais font l’objet d’individus qui se spécialisent dans un type de proie, de comportement, d’habitudes qu’ils ont expérimenté avec succès.

Emmanuelle Luissier guide naturaliste au Parc a pu photographier et filmer la capture d’une jeune spatule blanche, illustré ci-dessous.

Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Alexander Hiley et Emmanuelle Luissier

Dimanche 25 février un Rat des moissons est photographié pour la première fois sur le parc au poste 11 perché acrobatiquement sur un petit aulne. Il était déjà connu sur le site par la découverte de nids  d’abri ou de mises bas dès les années 1995 dans les ronciers et argousiers du fond du poste 7. C’est dans ce secteur que la seule observation visuelle a lieu d’une famille le 26 août 2008.

C’est un minuscule petit rongeur (5 à 11 grammes soit pour les plus habitués aux oiseaux une masse allant de celle d’un roitelet à une Mésange bleue!) habillé de beige clair avec une frimousse bien craquante avec ses gros yeux noirs comme des boutons ! Un signe distinctif la queue est préhensile comme celle de certains singes ! Cela lui permet de grimper avec aisance le long des tiges de céréales, de phragmites ou les arbrisseaux. Malgré sa forte fécondité il n’est jamais très abondant à l’inverse des mulots et autres campagnols.

Photo: Fabien Legagneur

Le Parc du Marquenterre accueille, on le sait, une belle diversité d’oiseaux. Mais il abrite également une multitude de mammifères, tous plus discrets les uns que les autres… Ces animaux farouches ont des habitudes plus crépusculaires voire nocturnes afin d’éviter les allers et venues des visiteurs. C’est donc lorsque le Parc ferme ses portes que putois, renards, lapins, chevreuils ou écureuils investissent les sentiers à la recherche de nourriture.

Seuls les plus patients et les plus chanceux peuvent les observer furtivement en journée, traversant un chemin, une prairie ou montant à un arbre. Mais en faisant attention, on peut facilement trouver des traces de leur passage nocturne. Une empreinte, une crotte, une plumée, une pomme de pin rongée… De nombreux indices sont visibles pour qui prend la peine de les chercher. Alors pendant votre visite, prenez le temps de baisser les yeux, peut être seriez vous sur la piste de l’un d’entre eux…

Texte : Clément Parissot – Photos : Alexander Hiley.