Notre voisin le Putois

Le 5 juillet 2022, un couple en visite sur le Parc nous fait part d’une observation exceptionnelle : entre les postes 10 et 11, un Putois (Mustela putorius) traverse le chemin à plusieurs reprises, portant chacun de ses 5 petits de l’autre côté ! Bien que cette espèce soit, d’après Philippe Carruette, responsable pédagogique, « de loin le Mustélidé le plus commun sur le site », son observation reste rare, d’autant plus avec des jeunes.

Arrêtons tout : qui est donc le Putois ?

Ce petit mammifère appartient à l’ordre des Carnivores et à la famille des Mustélidés, faisant de lui un cousin du Blaireau, de la Loutre ou encore de l’Hermine. Un crâne plat, de courtes pattes, et un corps cylindrique fuselé pour se faufiler partout – y compris dans les terriers de ses proies, l’observateurice chanceux.se pourra le reconnaître de ses proches parents à son “masque de bandit”, dessiné par les poils sombres et clairs de son visage. Finalement, il ressemble en tout point au Furet, dont il n’est autre que l’ancêtre sauvage probable !

Bien que principalement associé aux zones humides, le Putois affectionne en réalité un mélange d’habitats y ajoutant des bocages et des boisements clairs à proximité. Il n’aime pas les forêts denses, l’altitude et les zones trop anthropisées (agglomérations et cultures intensives). Carnivore peu difficile, il y chasse principalement des rongeurs, des lapins et des amphibiens, et secondairement d’autres petits animaux. Crépusculaire et nocturne, plus rarement diurne, il est actif toute l’année mais réduit son activité en hiver. Il est solitaire hors période de reproduction, celle-ci ayant lieu de mars à avril.

Discret, solitaire, et jamais nombreux sur un secteur donné, il était bien méconnu jusqu’à peu. Lorsqu’il n’est pas relégué au rang des “nuisibles” par son image de petit prédateur puant (d’où provient d’ailleurs son nom putorius), certaines représentations populaires l’identifient à une autre espèce à la même réputation : la Moufette, résidente du continent américain appartenant à une toute autre famille encore…

Le Putois est désormais classé comme quasi-menacé sur la Liste rouge des mammifères continentaux de France métropolitaine. Son déclin, accentué par le peu d’études à son sujet, s’observe sur l’ensemble du pays et même du continent. Les causes sont multiples : perte de son habitat (urbanisation, agriculture), collisions routières, chasse et piégeage, déclin de ses proies (Lapin de garenne et amphibiens), maladies, empoisonnement, concurrence avec des espèces exotiques envahissantes…

Tout cela n’est pas arrangé par la méconnaissance et la mauvaise réputation de notre pauvre ami, qui n’est pourtant pas forcément avérée : ses sécrétions odorantes, certes fortes, ne sont émises qu’avec les excréments à des fins de marquage de territoire, ou alors en cas de fort stress – c’est un mécanisme de défense. Pour éviter un échantillon gratuit de parfum, il suffit donc d’éviter tout contact avec l’animal et ses excréments, ce qui est généralement recommandé pour tout animal sauvage. Quant à sa déprédation sur les élevages aviaires, elle n’est pas chiffrée officiellement à ce jour mais reste probablement minime, les oiseaux n’étant pas les proies principales du Putois. De plus, à l’inverse de certaines de ses cousines, le Putois n’est pas bon grimpeur – une bonne clôture devrait suffire à protéger les élevages.

Alors si vous souhaitez vous aussi donner un coup de pouce au Putois, la Société Française pour l’Etude et la Protection des Mammifères, réclamant la protection de l’espèce au niveau national, s’est penchée sur son cas et a publié plusieurs documents à son égard, dont des mesures de protection à votre échelle en résumé, que vous pouvez consulter sur leur site : https://www.sfepm.org/le-putois-deurope.html.

Qui sait, peut-être aurez-vous la chance de croiser ce discret voisin un jour… ou un soir !

Nous remercions chaleureusement Benoit Monard pour sa photo prise au Parc en 2015.

Texte : Garance Rousset / Illustrations : Garance Rousset, Benoit Monard