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Politique de confidentialié
Notre voisin le Putois
Le 5 juillet 2022, un couple en visite sur le Parc nous fait part d’une observation exceptionnelle : entre les postes 10 et 11, un Putois (Mustela putorius) traverse le chemin à plusieurs reprises, portant chacun de ses 5 petits de l’autre côté ! Bien que cette espèce soit, d’après Philippe Carruette, responsable pédagogique, « de loin le Mustélidé le plus commun sur le site », son observation reste rare, d’autant plus avec des jeunes.
Arrêtons tout : qui est donc le Putois ?
Ce petit mammifère appartient à l’ordre des Carnivores et à la famille des Mustélidés, faisant de lui un cousin du Blaireau, de la Loutre ou encore de l’Hermine. Un crâne plat, de courtes pattes, et un corps cylindrique fuselé pour se faufiler partout – y compris dans les terriers de ses proies, l’observateurice chanceux.se pourra le reconnaître de ses proches parents à son “masque de bandit”, dessiné par les poils sombres et clairs de son visage. Finalement, il ressemble en tout point au Furet, dont il n’est autre que l’ancêtre sauvage probable !
Bien que principalement associé aux zones humides, le Putois affectionne en réalité un mélange d’habitats y ajoutant des bocages et des boisements clairs à proximité. Il n’aime pas les forêts denses, l’altitude et les zones trop anthropisées (agglomérations et cultures intensives). Carnivore peu difficile, il y chasse principalement des rongeurs, des lapins et des amphibiens, et secondairement d’autres petits animaux. Crépusculaire et nocturne, plus rarement diurne, il est actif toute l’année mais réduit son activité en hiver. Il est solitaire hors période de reproduction, celle-ci ayant lieu de mars à avril.
Discret, solitaire, et jamais nombreux sur un secteur donné, il était bien méconnu jusqu’à peu. Lorsqu’il n’est pas relégué au rang des “nuisibles” par son image de petit prédateur puant (d’où provient d’ailleurs son nom putorius), certaines représentations populaires l’identifient à une autre espèce à la même réputation : la Moufette, résidente du continent américain appartenant à une toute autre famille encore…
Le Putois est désormais classé comme quasi-menacé sur la Liste rouge des mammifères continentaux de France métropolitaine. Son déclin, accentué par le peu d’études à son sujet, s’observe sur l’ensemble du pays et même du continent. Les causes sont multiples : perte de son habitat (urbanisation, agriculture), collisions routières, chasse et piégeage, déclin de ses proies (Lapin de garenne et amphibiens), maladies, empoisonnement, concurrence avec des espèces exotiques envahissantes…
Tout cela n’est pas arrangé par la méconnaissance et la mauvaise réputation de notre pauvre ami, qui n’est pourtant pas forcément avérée : ses sécrétions odorantes, certes fortes, ne sont émises qu’avec les excréments à des fins de marquage de territoire, ou alors en cas de fort stress – c’est un mécanisme de défense. Pour éviter un échantillon gratuit de parfum, il suffit donc d’éviter tout contact avec l’animal et ses excréments, ce qui est généralement recommandé pour tout animal sauvage. Quant à sa déprédation sur les élevages aviaires, elle n’est pas chiffrée officiellement à ce jour mais reste probablement minime, les oiseaux n’étant pas les proies principales du Putois. De plus, à l’inverse de certaines de ses cousines, le Putois n’est pas bon grimpeur – une bonne clôture devrait suffire à protéger les élevages.
Alors si vous souhaitez vous aussi donner un coup de pouce au Putois, la Société Française pour l’Etude et la Protection des Mammifères, réclamant la protection de l’espèce au niveau national, s’est penchée sur son cas et a publié plusieurs documents à son égard, dont des mesures de protection à votre échelle en résumé, que vous pouvez consulter sur leur site : https://www.sfepm.org/le-putois-deurope.html.
Qui sait, peut-être aurez-vous la chance de croiser ce discret voisin un jour… ou un soir !
Nous remercions chaleureusement Benoit Monard pour sa photo prise au Parc en 2015.
Texte : Garance Rousset / Illustrations : Garance Rousset, Benoit Monard
La mamie des mélanocéphales du Parc avait 24 ans
Nous vous avions relaté il y a quelques semaines l’observation sur le Parc d’une Mouette mélanocéphale belge âgée de 19 ans. Ce record de longévité sur le site vient d’être pulvérisé avec la présence d’un oiseau de nouveau belge bagué poussin le 27 juin 1998 sur la colonie des usines Solvay sur le port d’Anvers – rien ne vaut une bonne zone industrielle !
De 1998 à 2013, elle passe tous ses étés et automnes au Portel, près de Boulogne-sur-Mer, généralement à partir de fin juin (au plus tôt) jusqu’à fin octobre (au plus tard). Une seule exception : du 24 au 31 juillet 2002, elle s’accorde un court séjour aux Sables d’Olonne en Vendée. On sait depuis 2008 qu’elle hiverne au Portugal à Vila Nova de Milfontes, près d’Odemira, histoire de profiter du soleil et de la campagne !
Elle est observée en période de reproduction sur son lieu de naissance, à Anvers. Pendant trois ans, de 2015 à 2017, elle ne donne pas signe de vie : il est probable que la bague plastique blanche 3S58 visible à la longue-vue se soit perdue par usure. Il y aura un unique dernier contact grâce à la bague métal E910041, du 2 août au 5 août 2019 à Boulogne-sur-Mer.
Hélas, tout ce récit aurait dû être écrit au passé, puisque notre mamie très casanière sur ses lieux de villégiatures a été retrouvée morte de l’influenza aviaire H5N1 le 20 juillet 2021 au Parc, alors qu’elle était sur sa période de dispersion et migration postnuptiale…
Texte : Philippe Carruette / Illustration : Alexander Hiley
Les tubes de l’été
Avec la chaleur estivale, les niveaux d’eau ont beaucoup baissé au Parc du Marquenterre, dévoilant les étranges vestiges d’une vie aquatique insoupçonnée… Au poste 1, de mystérieux tubes calcaires ont fait leur apparition : disposés en massif compact, ils forment de véritables récifs accueillant, à l’occasion, les poussins de poules d’eau nés non loin de là, ou les oiseaux limicoles en halte migratoire. Mais qui sont les auteurs de ces formidables constructions ? Nous avons mené l’enquête, secondés par nos collègues du Gemel, le Groupe d’étude des milieux estuariens et littoraux, association située à Saint-Valery-sur-Somme, dont l’objectif est d’enrichir les connaissances de ces écosystèmes particuliers, tout en favorisant les échanges entre leurs usagers et la communauté scientifique.
Rappelons en préambule que le plan d’eau du poste 1 se distingue des autres étangs du Parc. En effet, une vanne nous permet d’y faire entrer la mer lors des forts coefficients de marée : il s’agit donc d’une lagune artificielle dont l’eau saumâtre favorise le développement d’une flore halophile (qui aime le sel), et d’une faune caractéristique de ce milieu de transition entre le monde marin et les habitats terrestres. Premier indice ! Et si ces tubes étaient l’œuvre d’une espèce d’origine maritime ?
Dans le mille ! Grâce au prélèvement d’un petit échantillon et quelques recherches en laboratoire, l’ingénieur architecte a fini par dévoiler son identité : il s’agit d’un annélide du genre Ficopomatus, un ver tubicole colonial fascinant, appartenant au même ordre que l’Hermelle, et capable comme elle de bâtir des structures biogéniques remarquables appelées “pseudo-récifs”.
Comment réalise-t-il un tel prodige ? Tout simplement à partir d’une sécrétion calcaire élaborée grâce à une glande située juste en-dessous de sa tête. C’est ainsi qu’il façonne patiemment ces petits cylindres blancs et bruns, d’un diamètre moyen de 1,4 millimètre, et longs de 2 à 10 centimètres, à l’ouverture élargie. Les collerettes évasées visibles à intervalles irréguliers correspondent aux anciennes extrémités de la construction.
Agglomérés en colonies, les tubes enchevêtrés se superposent les uns aux autres, pouvant atteindre, dans des conditions favorables, jusqu’à 7 mètres d’épaisseur, pour un ver mesurant à peine 20 millimètres. Dans certaines régions, on a comptabilisé près de 180 000 individus par mètre carré ! De mœurs grégaires, et supportant sans ciller de grandes variations de salinité, cet habitant opportuniste des bassins portuaires et des marais maritimes s’avère donc parfois franchement envahissant, et les “agglomérations” qu’il érige sans permis de construire peuvent modifier les écosystèmes littoraux à vitesse grand V(er).
Toutefois il n’aime pas le chahut des vagues, et préfère la tranquillité des eaux plutôt stagnantes, où il s’installe sur n’importe quel support : rocher, poteau, roseau, coque de bateau… ou de bivalve !
Mais quel intérêt à modeler de tels complexes buissonnants ? La protection, pardi ! Blottis confortablement dans leur écrin calcaire, les annélides au corps tout mou et vulnérable se forgent une armure contre les prédateurs. Ainsi revêtus, ils peuvent déployer tranquillement leur panache de branchies plumeuses afin de capturer, grâce à leurs longs cils, les organismes planctoniques en suspension dont ils se délectent. Et dès qu’ils flairent un danger, hop ! ils se rétractent dans leur “coquille”’, claquant la porte de leur demeure grâce à leur opercule en forme de figue.
Certes, ces sédentaires ne verront pas beaucoup de pays, mais en élisant domicile au Parc du Marquenterre, ils ont, à n’en pas douter, fait un tube !
Texte : Cécile Carbonnier / Illustrations : Philippe Carruette, Florent Stien (Gemel)
Une rencontre inattendue
Discrète, elle se faufile entre deux roseaux… pour venir se nourrir d’insectes et de graines sur une vasière en assec. Le moindre bruit, l’ombre d’un survol la font se réfugier dans la forêt aquatique qui se développe au pied du poste 4. Il faut dire que la Marouette de Baillon ne fait que 40 à 50 grammes, soit la masse d’un étourneau, et qu’elle passe sa vie dans la végétation palustre, sortant plutôt le soir. Mesurant à peine 18 cm, elle pourrait être confondue avec un autre membre de la famille des Rallidés, la Marouette poussin (Zapornia parva). Toutefois la Marouette de Baillon ne possède pas de rouge à la base du bec, contrairement à sa cousine. De plus, elle a des ailes courtes et des barres noirâtres et blanches assez importantes sous l’arrière de son corps.
C’est la première observation sur le Parc depuis 1973 (la 318ème espèce en 50 ans). Notre petite vedette est rare au niveau européen, avec une population extrêmement fragmentée estimée entre 760 et 3200 couples (Espagne, Roumanie, Russie, Ukraine…). Elle est d’ailleurs classée en Danger Critique (CR) sur la Liste rouge des oiseaux nicheurs en France métropolitaine (2016). Mais sa population est très mal connue ; l’atlas des Oiseaux de France 2000-2012 l’estime entre 0 et 7 couples ! Toutefois la discrétion de ce petit oiseau ne facilite guère ses contacts : la Marouette de Baillon se faufile dans son milieu avec une extrême prudence, comme vous pouvez le voir sur la vidéo en lien ci-joint prise dans le Parc le 28 juillet : https://youtu.be/0liK-lMZDnM.
De plus, sa présence en période de nidification ne peut être confirmée souvent que par des écoutes nocturnes de son chant aux notes sèches et très courtes – souvent comparé à un ongle grattant les dents d’un peigne – de faible portée (200 à 300 mètres). Il peut alors facilement se confondre avec celui des batraciens, eux aussi en plein concert à cette époque dans les scirpaies et cariçaies.
Il s’avère que ce petit oiseau est depuis quelques années plus remarqué en France, ce qui, pour une fois, est une bonne nouvelle. Mais cela semble être pour beaucoup l’effet des sécheresses drastiques au sud de l’Espagne et du Portugal qui feraient remonter les oiseaux plus au nord. L’espèce a besoin de bas marais inondés certes à faible niveau d’eau (moins de 30 cm), mais l’aridité qui règne dès la fin de printemps rend nombre d’habitats défavorables. Les conditions hydrologiques sont donc un des facteurs essentiels au maintien de la marouette dans notre région. Migratrice, cette espèce hiverne en Afrique du Nord et au sud du Sahara.
Mais qui était Baillon ? Et bien cocorico ! Un naturaliste des Hauts de France ! Louis Antoine François Baillon (1778-1855) est né à Montreuil-sur-Mer (vallée de l’Authie, Pas-de-Calais) mais passe une grande partie de sa vie à Abbeville, où il meurt. Passionné de nature comme son père, il correspond très vite avec les « grands » de l’époque que sont Cuvier et Buffon. Il travaille quatre ans comme assistant au Jardin d’Histoire Naturelle de Paris (le futur Museum). Il publie la Flore du département de la Somme et s’intéresse à toute la faune locale. À l’époque, les espèces sont systématiquement prélevées et échangées entre passionnés et muséums d’Europe. En 1819, il envoie un rallidé inconnu, capturé en Picardie, à Louis-Pierre Vieillot, ornithologue de renom originaire de Seine-Maritime (hélas bien oublié). Celui-ci baptise cette nouvelle espèce Rallus bailloni notre fameuse Marouette de Baillon ! Mais le naturaliste allemand Simon Pallas avait déjà décrit l’espèce en 1804 ; elle gardera le nom de Porzana pusilla. Néanmoins le nom de notre naturaliste local est resté dans la dénomination française… et britannique – Baillon’s crake – le Brexit n’était pas encore d’actualité… !
La Marouette ponctuée est observée quasiment chaque année sur le Parc ; la Marouette poussin, quant à elle, n’a fait l’objet que de 3 observations (1990 et 2007) en 50 ans.
Nota bene : Si vous voulez en savoir plus sur le nom des oiseaux, et ne pas oublier quelques-uns de ceux qui les ont observés bien avant nous – nous permettant de fonder notre passion ! – nous vous conseillons ce livre remarquable : L’étymologie des noms d’oiseaux de Pierre Cabard et Bernard Chauvet, aux éditions Belin.
Texte : Philippe Carruette, Florian Garcia / Illustrations : Florian Garcia
Un pourceau sur le Parc
Pas d’inquiétude, il n’y a pas de grosses bêtes roses à groin ou de hordes de malveillants balançant leurs déchets en bord de route, qui sont arrivés jusque sur le Parc du Marquenterre ! Ce samedi 16 juillet, c’est juste une grosse et curieuse chenille qui traverse le sentier après le poste 10 : celle du Grand Sphinx de la vigne (Deilephila elpenor) dont la chenille est aussi baptisée… grand pourceau ! Les britanniques la nomment elephant hawk-moth, y voyant exotiquement une trompe d’éléphant plutôt qu’un groin de suidé !
Son aspect est en effet bien étrange. Quant on la touche, elle peut tout aussi bien affiner sa tête à la manière d’un serpent très réaliste, la balançant de gauche à droite, mais aussi la gonfler pour bien mettre en valeur les ocelles comme des yeux bien sévères ! Bien entendu, notre “bluffeuse” prenant sa face de bouledogue est totalement inoffensive. Elle est active en été et se nourrit sur le site de gaillets, épilobes, salicaires, plantes nombreuses sur le bas marais, et savoure même parfois les onagres. Eh non, il n’y pas (encore) de vigne sur le Parc !
Elle se différencie de celle du Petit Sphinx de la vigne par la présence bien visible de la corne postérieure typique des sphinx. Quand elle est toute marron comme sur la photo, elle est à son dernier stade larvaire, et sa “randonnée” sur le sentier s’explique par la recherche pressante d’un endroit pour se métamorphoser en chrysalide en s’enfouissant sommairement dans le sol. Le papillon qui va émerger en juin prochain est superbe, avec sa grande taille (jusqu’à 65 mm d’envergure pour les femelles) et ses nuances fragiles de rose pâle et vert tendre. Une vraie aquarelle vivante !
Quant à Elpenor, que l’on retrouve dans son nom latin, c’était un compagnon de route d’Ulysse qui s’est vu transformé… en cochon, par la magicienne Circé de l’île grecque d’Ééa. Et on dit que les voyages forment la jeunesse…!
Texte et illustration : Philippe Carruette
Trampoline pour cigogneaux
À la héronnière, le premier cigogneau a décollé le 8 juillet. Mais ce saut dans le vide a nécessité bon nombre d’heures d’exercices physiques… À 6 semaines, il a tout d’abord fallu se rendre compte que l’on a de longues et larges ailes, et apprendre à les étirer (jusqu’à 2,10 m d’envergure). Puis est venu le temps des premiers battements, ou : comment les faire fonctionner. Quelques jours avant le premier vol viennent les sauts sur le nid, de plus en plus haut, comme sur un trampoline, en battant de plus en plus des ailes pour développer une musculature, qui reste néanmoins peu impressionnante chez les oiseaux planeurs. Viendra enfin le premier vol qui devra être le bon pour l’aîné de la couvée ; les autres suivront à un ou deux jours d’intervalle. Fini le stade de poussin, les voilà juvéniles, reconnaissables au bec sombre prenant des nuances de rouge.
Ces ados reviendront régulièrement sur le nid et y passeront chaque nuit. C’est le seul lieu où ils peuvent encore espérer se faire nourrir par leurs parents ! Au sol, tout est plus que nouveau par rapport à la vie arborescente à 20 mètres de haut. Ils devront tout apprendre, et comprendre : se familiariser avec le contact de l’eau, se baigner, identifier une proie potentielle par rapport à une herbe qui bouge au vent… L’inné sans l’apprentissage et la mémorisation n’aboutit qu’à une courte vie pour ceux qui la commencent. Beau vent à ces nouveaux migrateurs, dont l’année fut bien difficile, avec nombre de nids qui ont vu des adultes disparaître, des jeunes morts, et des conditions d’habitat qui se dégradent avec la disparition des prairies d’élevage…
Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Jean Bail
Le Sphinx colibri
Il nous arrive encore quelquefois, lors des chaudes journées estivales comme aujourd’hui, d’avoir des appels de jardiniers qui ont des colibris dans leur lavande. Et je me souviens l’année dernière au marché d’Etaples-sur-Mer d’un attroupement autour d’un bac en fleurs pour l’observation d’un “couple de colibris” en butinage. Cela nous avait même donné l’idée, avec France 3 Picardie, d’un reportage du 1er avril sur l’invasion de ces minuscules oiseaux en Picardie…
Point (hélas) de migrateurs sud-américains ou Martiniquais, mais juste un petit papillon de 3 centimètres aux mœurs étranges pourvu de deux antennes (les oiseaux n’en ont pas… sauf s’ils sont équipés d’un émetteur de suivi scientifique !).
Le Moro-sphinx (Macroglossum stellatarum) est un papillon nocturne qui est… diurne ! Il est relativement commun en Picardie de mars à octobre, avec des données plus éparses en février et début novembre. Originaire du bassin méditerranéen, il remonte chaque printemps, surtout lors des saisons sèches (et elles ne vont pas manquer !) pour chercher les gaillets sur lesquels il pond ses 200 petits œufs verts. La chenille verte rayée de jaune dans sa longueur porte la corne caractéristique des sphinx à l’extrémité de son corps.
Ses mouvements migratoires le font remonter bien au nord, jusqu’en Finlande et même l’Islande (700 km de traversée au-dessus des flots !). Il faut dire qu’il peut voler en continu jusqu’à 50 km/h. Mais sa réputation d’oiseau-mouche lui vient de son vol stationnaire, avec marche arrière incluse, en face des fleurs. Il peut faire 75 battements par seconde, rendant la vision de ses ailes floue. Un danger survient, il peut se laisser tomber en chute libre, un vrai hélicoptère sécurisé !
Tous ces efforts pour sortir une trompe (et non un bec !) de 2,5 centimètres pour pomper le précieux nectar des fleurs. Il a inventé la paille coudée pour accéder aux corolles non accessibles à bien d’autres insectes. Le pollen ne l’intéresse pas, même s’il aide très modestement à la pollinisation en transportant quelques grains sur sa trompe. Cette cadence infernale de nourrissage de plante en plante lui a donné le nom populaire de “mouche folle”, rendant les photographes tout aussi fous ! Notre sphinx a une préférence pour les fleurs bleues : au Parc, on le trouve souvent sur les vipérines sur la dune en descendant du point de vue. A priori, il ne voit pas celles qui sont rouges, et les blanches le laissent plutôt indifférent.
Si vous voulez tout savoir sur ce passionnant insecte, une seule et unique référence bien évidemment : le numéro 86 de La Hulotte, le journal le plus lu dans nos terriers !
Et merci à Georges et Monique Deparis pour ces magnifiques clichés !
Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Georges et Monique Deparis
Ne vous faites plus de mouron !
Notre jolie trouvaille du jour s’appelle Lysimachia tenella, ou Mouron délicat. Tout un poème. Cette petite plante vivace de la famille des Primulacées, mesurant entre 5 et 12 centimètres, guère plus, apprécie la vie au ras du sol. Ses fines tiges quadrangulaires rampent élégamment sur leur substrat, en épousant sa forme. Elles portent ça et là d’infimes feuilles vert tendre toutes rondes, opposées deux à deux, puis se redressent pour soutenir de charmantes fleurs rose pâle aux nervures plus sombres, en forme de clochette.
De mœurs modestes, cette pionnière n’est pas une gourmande : au contraire, elle affectionne les milieux détrempés et ouverts, pauvres en nutriments, sur lesquels elle forme de délicats tapis rose tendre en été.
Longtemps classée sur la liste rouge régionale de la flore vasculaire de Picardie, cette plante discrète donnait de bonnes raisons de se faire du mouron. Mais bonne nouvelle : depuis quelques années, son statut a été révisé par la communauté scientifique. Toutefois, ne nous réjouissons pas trop vite : des menaces pèsent toujours sur cette beauté fragile, qui n’a franchement pas l’esprit de compétition. Ses plus grands périls ? La pollution des eaux, leur eutrophisation et l’embroussaillement de son habitat. Elle demeure donc protégée dans notre région.
Texte : Cécile Carbonnier / Illustrations : Nathanaël Herrmann, Cécile Carbonnier
Courageux petit grèbe
Un Grèbe castagneux a installé son nid flottant juste devant la palissade d’observation entre les postes 6 et 7. Il est en pleine couvaison, quand une famille de Cygnes tuberculés s’approche tout près de lui pour se nourrir de plantes aquatiques : voisinage de taille impressionnante, mais sans danger pour le grèbe et ses œufs.
Or le petit grèbe aime sa quiétude et quitte son nid pour plonger et attaquer par dessous, comme un sous-marin de poche, les grandes masses blanches ! Les cygnes adultes soufflent, sautent dans l’eau et regardent en permanence la surface pour savoir où la “torpille” va sortir. Que se passe-t-il sous l’eau ? À voir l’ultra réaction des cygnes, il est fort probable que le grèbe aille au contact en piquant plumes ou pattes des intrus ! Dès que la femelle cygne s’éloigne, le grèbe reste la tête immergée devant son nid pour surveiller le mâle encore à proximité. Entre-temps, il a pris un instant pour cacher ses œufs avec des algues vu que la confrontation dure.
Il faudra vraiment attendre que la famille au complet de Cygnes tuberculés se soit éloignée pour que le castagneux continue sa couvaison. Juste pour rappeler : le Grèbe castagneux pèse 150 grammes (mouillé!) et le Cygne tuberculé 10 kilos !
Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Maëlle Hello, Philippe Carruette
Saisir la saisissante Sésie
Un Frelon européen ?!? Sauve qui peut ! Mais non, pas de panique, on vous explique. La ressemblance est quasiment parfaite, c’est vrai. C’en est à s’y méprendre ! Et pourtant, nous avons affaire à un lépidoptère, tout ce qu’il y a de plus inoffensif. Un papillon de nuit avec la particularité de voler… le jour ! Aujourd’hui, la Sésie apiforme est mise à l’honneur. Connue aussi sous le nom de Sésie du peuplier suite au régime alimentaire de ses chenilles, ou Sésie frelon : appellation on ne peut plus parlante. Sesia apiformis pour les latinistes.
Sa livrée jaune et noire, qu’on retrouve très souvent chez les hyménoptères piqueurs (frelons, guêpes etc.) est qualifiée d’aposématique : pour les prédateurs potentiels, cela signifie danger. Bien que nous ne soyons pas un de ses prédateurs, il semblerait que le subterfuge fonctionne aussi bien chez les humains. En plus de son mimétisme remarquable, la Sésie apiforme vole… comme un frelon ! Une tromperie de plus dans ce monde microscopique. Notons que bon nombre d’insectes inoffensifs ont aussi opté pour cette tactique, mais ils ont délaissé le jaune pour du rouge. En rouge et noir, même principe : l’insecte se signale comme plus ou moins toxique et d’une âcreté des plus désagréables. Ce que nous ne remettrons pas en question.
Permettez-nous une petite parenthèse intime : la position « tête-bêche », connaissez-vous ? Adepte en la matière, comme chez de nombreux papillons d’ailleurs, c’est ainsi que se positionnent les Sésies apiformes pour s’accoupler. Généralement, l’accouplement a lieu à l’endroit même où la femelle à fini de se développer et de se sécher les ailes après émergence (tronc nourricier ou végétaux à proximité). Elle cherchera à attirer l’attention de prétendants à coup d’émissions de phéromones dans l’air. Généralement, l’appel est très vite reçu mais faute de mâles disponibles, elle peut jouer les prolongations quelques heures voire quelques jours avec des mi-temps la nuit. Mais la vie d’un papillon étant de courte durée et la descendance devant être assurée, la femelle finira tout de même par s’impatienter et s’envolera vers un emplacement plus approprié (meilleur ensoleillement, meilleure « visibilité » olfactive, etc.). L’accouplement, quant à lui, peut avoisiner les deux heures.
Concernant la chenille, pas de quoi s’affoler. Blanche et bien dodue, elle est xylophage : elle s’attaque principalement au peuplier noir. Elle creuse de longues galeries, à la base de l’arbre, au niveau du collet. Elle hivernera dans sa galerie à partir du mois d’octobre et ce n’est qu’au printemps suivant qu’elle s’alimentera à nouveau. Le développement complet de la chenille dure 2 à 3 ans. C’est aux jeunes arbres qu’elle peut causer le plus de tort. Les essences les plus âgées sont plus résistantes, mais les attaques multiples peuvent laisser des séquelles favorisant la venue de parasites.
Dans les photos s’est glissé un intrus. La Petite sésie du peuplier : Paranthrene tabaniformis. Vous l’aurez remarqué, tout comme sa cousine, c’est un papillon mimétique des hyménoptères vespidés : les guêpes sociales (polistes et frelons) et les guêpes solitaires ou guêpes maçonnes.
Pour qui sait bien observer, la différence entre un frelon et la Sésie apiforme se fera sans grande difficulté. Que vous rencontriez la Petite Sésie ou la Sésie apiforme, posée sur un tronc, n’hésitez pas à la regarder avec attention. L’une comme l’autre ont la particularité d’avoir les ailes transparentes et sont toutes deux une merveille de la nature ! Et si par mégarde il s’agissait d’un Frelon européen en train de prendre le soleil, tranquillement vous vous en éloignez. Il n’est pas très agressif pour peu qu’on le laisse tranquille.
Texte : Eugénie Liberelle / Illustrations : Léa Coftier