Les bas-marais, des trésors de biodiversité

Les zones à végétation basse des marais ni trop humides ni trop sèches sont comme des jardins en miniature regorgeant de couleurs, de mouvements, de petites bêtes, de senteurs… donc d’intérêt et d’émotions pour le naturaliste. De quoi y passer des heures de découvertes ! Pas besoin d’aller loin sur le Parc, vous vous arrêtez au bord du chemin au début du parcours, avant le poste 1 ou entre les postes 7 et 8, et les surprises sont au rendez-vous. 

D’abord au niveau botanique avec une multitude de petites plantes pionnières, de taille modeste, discrètes comme l’Ophioglosse (une jolie fougère primitive), la Petite centaurée, l’Écuelle d’eau, la Samole de Valerand ou la Parnassie des marais bientôt en fleurs. Mais la palme peut sans nul doute être donnée au bien nommé Mouron délicat. Cette petite plante rampante porte de délicates fleurs roses en cloche s’ouvrant à la lumière du soleil.

Que la dépression soit plus riche en humus et en mousses, et la flore devient toute différente avec une dominance de Menthe aquatique. La profondeur et le taux d’humidité sont des facteurs prépondérants qui vont faire varier radicalement le type de végétation. Paradoxe extrême : toutes ces plantes pionnières, qui ne supportent pas la concurrence, lanceront leur acte de disparition dès qu’elles faneront ! En effet, cet apport de nouvelles matières organiques va lentement et sûrement augmenter le niveau du sol, le rendre plus riche et sec, favorisant des plantes plus dynamiques et de grande taille, qui priveront de lumière nos petits trésors. L’apparition de la (pourtant) belle Lysimaque commune est un premier signal, indicateur d’un milieu qui perd son caractère de bas-marais. 

Le choix sera alors de laisser le milieu en libre évolution ou de pratiquer un étrépage, c’est-à-dire l’abaissement variable et irrégulier du niveau du sol de quelques centimètres avec une lame de bulldozer (si, si, un bulldozer n’est pas fait que pour détruire et tout raser) et exportation des matériaux pour retrouver le milieu initial.

Ces bas-marais grouillent aussi de vies animales : jeunes batraciens y trouvent nourriture et refuge à la circulation facile, en compagnie des araignées, des sauterelles – notamment les conocéphales -, ou encore les papillons nocturnes…

Si le monde des plantes et leur évolution vous intéresse, nous vous recommandons ce livre du regretté botaniste lorrain Jean-Marie Pelt : La vie sociale des plantes, aux éditions Fayard.

Texte et illustration : Philippe Carruette