Faucher pour faire pousser la biodiversité

Si l’attention et l’observation se focalisent sur ses plans d’eau et ses marais, le Parc du Marquenterre est aussi constitué de 70 hectares de prairies. Pâturées par des chevaux Henson et des taureaux Highland cattle, elles sont d’une grande richesse animale et végétale. 

Ces milieux ouverts abritent au printemps la quasi totalité des couples nicheurs de Vanneaux huppés, ainsi que de nombreuses espèces d’orchidées ; en été, on y trouve la Parnassie des marais et les jeunes crapauds et grenouilles ; enfin, Canards siffleurs et Oies cendrées s’y concentrent en hiver…

Si nos tondeuses domestiques à quatre pattes entretiennent ces prairies naturelles non amendées, elles ne suffisent pas. Les herbivores sélectionnent les plantes consommées en fonction de leur appétence, négligeant les autres qui finiront par être dominantes dans un milieu artificiel. En début d’été, les refus des animaux domestiques sont fauchés mécaniquement ou broyés selon les prairies par l’équipe de gestion des milieux du Parc. La fauche est effectuée quand la reproduction des oiseaux est terminée, mais n’est toutefois pas trop tardive non plus pour ne pas avantager les graminées alors en graines. 

Afin d’éviter le cumul des produits de fauche au sol, ces végétaux sont exportés sous forme de ballots de foin, puis utilisés pour les chevaux Henson ou par nos chevaux de trait Boulonnais. Le foin de moins bonne qualité peut servir sur les dunes et digues du littoral à fixer les siffle-vent sableux en bord de plage. 

Cet entretien humain annuel (élevage et fauchage) et programmé est indispensable au maintien de ces milieux ouverts, pour préserver le riche cortège des espèces animales et végétales qui y sont strictement liées. Car sans ce travail, les prairies évolueraient très rapidement en zone forestière.

Par exemple, le Vanneau huppé ne peut nicher dans la végétation mesurant plus de 10 centimètres de haut car elle masquerait l’arrivée du danger lorsqu’il couve. Autre exemple : en moins de dix ans, le nombre de couples nicheurs de Hérons cendrés a été divisé par deux en Picardie, avec pour raison majeure (mais pas unique) la disparition des éleveurs… et donc des prairies. 

Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Alexander Hiley