Une mystérieuse machine a fait son apparition sur une digue du Parc, entre les postes n°10 et n°11. Mesurant près de 2 mètres de hauteur pour 150 kg, elle ne passe pas inaperçue. Mais que fait donc cette installation en pleine Réserve naturelle ? Il s’agit tout simplement d’un radar ! Pour flasher les visiteurs trop pressés pris en excès de vitesse ? Pas exactement, même si, rappelons-le, la lenteur est une qualité grandement conseillée pour observer la nature… 

Cet appareil est en fait un radar ornithologique installé dans le cadre de MIGRATLANE, un programme financé par le Ministère de la Transition Écologique et porté par l’Office Français de la Biodiversité. Il a pour objectif de mieux comprendre la migration des oiseaux terrestres et la répartition des oiseaux marins à l’échelle des façades Atlantique et Manche. Le programme, qui se déroulera entre 2022 et 2027, est basé sur l’acquisition et l’analyse de données à l’aide de techniques complémentaires : suivis télémétriques (balises GPS/GLS installées sur les oiseaux), suivis acoustiques et visuels (enregistreurs acoustiques et réseau d’observateurs), suivis aériens (observations visuelles depuis un avion) et enfin suivis par radars (ornithologiques et météorologiques). Il est mis en œuvre par différentes structures dont le MNHN (Muséum National d’Histoire Naturelle), le CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), le GISOM (Groupement d’Intérêt Scientifique Oiseaux Marins), Météo-France, ou encore Biotope. 

La Baie de Somme est l’un des 4 sites choisis pour mettre en place ce radar, du fait de son intérêt pour les oiseaux migrateurs. L’étude, menée durant 1 à 3 ans en fonction de la pertinence des données recueillies, permettra de suivre les migrations avifaunistiques. Des données sur les chauves-souris ou les mouvements d’insectes pourront également être récoltées et transmises aux responsables d’autres programmes de suivis. 

Comment ça marche ? Le radar, autonome, fonctionne en continu : il mesure la fréquence des battements d’ailes, l’altitude, la vitesse et la direction de vol, ce qui permet non seulement de décrire au mieux les mouvements migratoires des oiseaux, mais aussi de classer les cibles détectées en grands groupes : passereaux de petite taille, passereaux de grande taille, oiseaux d’eau, oiseau de grande taille, etc.

À l’issue du programme, les équipes scientifiques de la Réserve naturelle et du Syndicat mixte Baie de Somme récupéreront les données, ce qui devrait permettre de mieux adapter les mesures de gestion.

Texte : Marion Mao, Cécile Carbonnier / Illustration : Benjamin Blondel