Depuis le décès de notre mascotte au printemps 2019, nous n’avions pas revu de grue.

Le 14 novembre 1994, un individu ayant une fracture à l’aile (totalement cicatrisée) est découvert au marais du Crotoy, seul et non volant. Grâce au personnel du parc, elle a été gardée en liberté depuis cette date afin de poursuivre paisiblement sa vie, au sol.  

Malheureusement, le moment difficile de la mue de printemps était de trop, nous ne l’avons jamais revue

 

Les passages des grues en migration se font rares en Picardie maritime, car ce n’est tout simplement pas leur couloir migratoire principal. Il relie le nord de l’Alsace, la Lorraine et la Champagne-Ardenne à l’Aquitaine et les Hautes-Pyrénées en passant par la Bourgogne, le Centre et le Limousin.

Ces migrations d’automne ont pour but d’atteindre l’Espagne et l’Afrique du Nord pour l’hivernage. Cela n’empêche pas à certains oiseaux de passer l’hiver en France.

Au printemps, elles gagnent leurs zones de reproduction dans le Nord de l’Europe, en Scandinavie ou encore en Russie.

 

Sur le parc, nous notons tout de même quelques individus en migration de printemps (mars et avril) mais aussi et surtout en automne (octobre, novembre) lors des descentes vers le Sud. Tout ça grâce aux vents changeants ! Nous avons même eu la chance d’avoir un hivernage de 2 individus (1 adulte et 1 jeune) en 2012.

 

Surprise matinale du 19 octobre pour les guides, une grue cendrée marchant paisiblement dans la prairie du poste 7, fait son apparition. Ce grand échassier gris ardoisé, d’1 mètre à 1m30 de haut et d’une envergure de plus de 2 mètres ne passe pas vraiment inaperçue.

Les vents d’Est de mi-octobre ont légèrement décalé les passages vers l’Ouest plusieurs groupes en vol ont ainsi été aperçu à cette période.

En passage migratoire, les grues en France ont une zone de halte favorite, le Lac du Der ! 4 800 hectares d’eau et/ou de vasières (plus grand lac artificiel d’Europe) créé en 1974, pour réguler les niveaux d’eau de la rivière Marne qui alimente la Seine et ainsi éviter les crues. Forcément attirant pour ces migrateurs en quête de calme.

Le 18 octobre dernier, déjà 53 445 grues sont comptées le matin au Lac du Der.

 

Texte : Léa Coftier / Illustrations : Alexander Hiley et Eugénie Liberelle

La fin du mois de septembre marque le début de la migration des roitelets.

Le roitelet huppé est une boule de plumes de 8,5 à 9 cm, c’est le plus petit oiseau d’Europe. Ces passereaux insectivores ne pèsent rarement plus de 6 grammes.

Cet oiseau déborde d’énergie, il est hyperactif ! Continuellement en train de voleter, il passe de branches en branches, agitant sans cesse les ailes et la queue. Plutôt difficile à garder dans les jumelles ! Il sait tout de même signaler son arrivée avec son cri fin et très aigu tel un gazouillis, difficile à entendre pour certains.

Octobre est un mois important pour la migration rampante, bien visible depuis le point de vue du parc. Elle concerne principalement les mésanges, roitelets, grimpereaux… Ils se déplacent de jour, en petits groupes, et d’arbre en arbre, de buissons en buissons, tout en cherchant leur nourriture.

Ce type de migration va leur éviter de parcourir de longues distances à découvert, mais aussi à la vue des prédateurs ou d’autres dangers.

Les principales zones de nidification des deux espèces de roitelets sont « différentes » : le huppé niche principalement dans le Nord de l’Europe, en Scandinavie et en Russie, tandis que le roitelet triple-bandeau se reproduit lui dans de Nord et l’Ouest de l’Europe (pas plus haut).

Généralement ce sont leurs cousins, les roitelets triple-bandeau, qui ouvrent le bal et sont les premiers à atteindre les pins du Marquenterre. Plus tard, la première quinzaine d’octobre, c’est au tour des roitelets huppés de débarquer en nombre.

Lors de la séance matinale de baguage du 16 octobre, dans le cadre du PHENO, une quarantaine de roitelets huppés ont été bagués. Le 19 octobre, un jeune mâle d’un an bagué au pays bas a été contrôlé.

 

Texte : Léa Coftier / Illustration : Alexander Hiley

En bref: 7200 Huîtriers pies, 690 Courlis cendrés, 731 Sarcelles d’hiver, 385 Canards pilets…

TELECHARGER le dernier comptage ici !

Des plumes, des plumes, mais pas que !! Et les poilus alors ? Dès que les visiteurs et le personnel ont déserté, de petits animaux très discrets profitent du calme dans les allées du parc. Les mammifères que nous apercevons le plus souvent sont les chevreuils, les sangliers ou encore les mouflons dans les prairies, or, de […]

Zoom sur un petit papillon diurne bien courant dans nos campagnes et sur le parc : le tircis. Il est visible de mars à octobre, c’est donc un des derniers papillons que nous pouvons voir par journées ensoleillées.

En anglais, il est appelé « speckled wood » qui signifie « le bois tacheté », de par sa couleur brune et ses tâches jaunâtres rectangulaires sur le dessus. La face inférieure de l’aile est brun-gris avec des motifs qui lui permettent une homochromie des plus parfaite, telle une feuille morte. Les deux sexes sont semblables pour une taille relativement petite : entre 3,8 et 4,4 cm.

Ce papillon  recherche  des  milieux  herbacés  composés  de  poacées (graminées) bordées de zones arbustives  et arborées. Les prairies et les allées arborées du parc lui sont donc plutôt attractives.

Les poacées sont l’unique support de développement des chenilles du tircis. Comme beaucoup de papillons, et pour de nombreux autres insectes, les tircis ont leurs plantes hôtes, des plantes liées à l’insecte. La plante hôte est ainsi un « lieu » de reproduction, où sera déposée la ponte et qui servira de nourriture aux larves jusqu’à leur croissance jusqu’à leur prochain stade de vie.

Les imagos se retrouvent fréquemment au sol ou sur des feuilles basses afin de profiter des rayons de soleil. Dès que nous lui faisons de l’ombre, hop,  il s’échappe et cherche un nouveau coin de lumière.

Le mâle à un comportant territorial assez marqué et va jusqu’à pourchasser ses congénères s’aventurant sur son territoire.

A la différence des autres espèces, ce papillon n’est pas amateur de nectar. Il préfère se délecter de la sève des arbres ou du jus sucré des fruits bien mûrs.

 

Texte : Léa Coftier

Soyons attentifs !! Malgré la météo capricieuse, les premières grives sont observées sur le parc en migration pour atteindre leurs quartiers d’hiver.

Les grives, cousines des merles, font partie de la grande famille des turdidés (du latin « turdus » voulant dire « grive »). Ces passereaux de taille moyenne à grande, se nourrissent de petits invertébrés comme des insectes, des vers ou des escargots, mais sont également frugivores.

Certaines espèces sont présentes toute l’année, comme le merle noir, la grive musicienne et la grive draine, tandis que d’autre, uniquement l’hiver : la grive mauvis et la grive litorne.

Cela n’empêche pas les individus des pays nordiques de rejoindre leurs congénères (pour les espèces visibles tout au long de l’année) pour passer l’hiver en Europe de l’Ouest et du Sud. Les oiseaux scandinaves quittent généralement leurs zones de nidification en septembre et en octobre. Pour la plupart de ces grives, sauf la litorne, qui elle s’arrête au Sud de l’Europe, leur limite Sud de répartition hivernale est l’Afrique du Nord.

Plus rare l’hiver et peu commun en France en période de reproduction, nous pouvons aussi observer le merle à plastron, de mi-mars à mi-mai puis de fin septembre à fin novembre.

Depuis ce week-end au parc, nous pouvons observer des groupes de grives en migration avec des groupes allant jusqu’à 200 individus et plus (surtout lundi). En effet, ce lundi nous avons compté du haut du point de vue quelque 2250 grives litorne et 1250 grives mauvis en route vers le sud entre 13h et 15h.

Le 26 septembre sur la côte Ouest de la Finlande, à Kalajoki  un comptage incroyable de grives a eu lieu. On apprend avec la plus grande surprise que 430 000 grives litorne et 15 000 grives mauvis ont été comptées durant cette journée.

Serait-ce signe d’un gros arrivage de grive chez nous d’ici quelques jours ? Nous trépignons d’impatience de rencontrer (peut-être) ces oiseaux nordiques.

 

Texte : Léa Coftier / Illustration Pierre Aghetti

Avant le poste d’observation N°1, trois nouveaux arrivants vous accueillent : des moutons d’Ouessant.

C’est un petit mouton endémique de l’île d’Ouessant en Bretagne, à vrai dire le plus petit « modèle » ovin au monde, avec 45 cm au garrot pour 11 à 20 kg ! On est loin de leurs voisins bovins les Highland Cattle ! Il avait disparu de l’île bretonne au 20ème siècle du fait de sa faible rentabilité et sa productivité limitée (un seul agneau par brebis). Grâce au Groupement des Eleveurs du Mouton d’Ouessant (GEMO) en 1976 des animaux isolés ou en petits troupeaux ont été retrouvés sur le continent permettant de sauver cette race domestique qui n’est plus menacée de disparition aujourd’hui.
Seuls les mâles ont des cornes torsadées qui s’enroulent autour des oreilles à la manière de celles des mouflons sauvages. Ils ont généralement la toison noire, certains animaux peuvent être blancs ou noisette, mais tous ont la peau sombre.

Sur le parc, ils vont permettre de limiter le développement des graminées sur certains petits espaces et ainsi une diversification de la flore plus importante, mais également d’éviter la fauche mécanique (très chronophage). Cela n’évitera pas un futur étrépage sur cette zone très atterrie, qui était il y a une vingtaine d’années encore, très riche au niveau botanique (epipactis des marais, orchis pyramidal, parnassie des marais…).   

 

Texte : Philippe Carruette / Illustration : Léa Coftier 

A cette époque de l’année, des nombreux arbres et arbustes sont en pleine fructification. C’est l’occasion pour nous de découvrir de nouvelles couleurs le long des chemins, mais pas que !

Les argousiers, aubépines, fusains, troènes, nerpruns, ronces, ou encore les sureaux sont tous en fruits ! Une bien bonne nouvelle pour la migration post-nuptiale des passereaux non ?

Effectivement, chaque déplacement pour un oiseau a un coût énergétique plus ou moins élevé. Avant d’entreprendre une étape migratoire, les oiseaux doivent effectuer des réserves, qui seront stockées sous forme de graisse et converties en masse musculaire.

Chez certaines espèces, la masse corporelle d’un individu peut doubler avant le grand départ !

En Europe, il n’y a pas réellement d’oiseaux exclusivement frugivores, mais beaucoup s’y intéressent à une certaine période de l’année.
Au printemps et en été, c’est un complément rafraîchissant alors qu’à l’automne et en hiver, une ressource riche en vitamine. Les fauvettes, les grives, les merles, les mésanges, les rouges gorges, ou encore chardonnerets par exemple raffolent de ces petites boules colorées.

Et les fruits toxiques alors ? Aucune inquiétude à avoir, les animaux sauvages savent les reconnaître et les recracher s’ils en ingèrent par erreur. 

Un autre avantage des baies d’automne ? Tous ces petits gourmands vont alors participer à la dissémination des graines ingérées grâce à leurs fientes : l’ornithochorie.

Tout le monde y trouve son compte, une symbiose entre faune et flore.

 

Texte : Léa Coftier / Illustration : Alexander Hiley