Le 3 janvier 2023 a eu lieu la première session de baguage à la mangeoire du parc de 09h00 à 13H00. Petite session avec seulement 14 oiseaux bagués :
1 Mésange nonnette
4 Mésanges bleues: femelles 2 ans
3 Mésanges charbonnières: 2 mâles 2 ans et 1 femelle 2 ans
2 Pinsons des arbres : 1 mâle et 1 femelle de deux ans.
4 Verdiers : 1 mâle 1 femelle de plus de deux ans et 1 mâle 1 femelle de 2 ans.
La surprise fut un seul oiseau contrôlé déjà bagué : 1 mâle 2 ans de Mésange bleue bagué à la mangeoire le 01/12/2022. Où sont passés les dizaines d’oiseaux bagués sur place en novembre et décembre notamment 23 Mésanges bleues, 16 Pinsons des arbres, 17 Mésanges charbonnières ?
Est le coup de froid d’une dizaine de jours mi décembre a provoqué le déplacement des oiseaux, ou est ce que la douceur de ce début d’année les fait négliger les graines de tournesol ? C’est tout l’intérêt du baguage de comprendre l’évolution des populations d’oiseaux en hivernage au fil de l’année et sur le long terme. Trois séances auront lieu chaque mois jusque fin mars.
A l’inverse de 2021, cet hiver il n’y a pas eu d’irruption à l’automne de Mésanges bleues et de Pinsons du Nord. Mais les stationnements hivernaux de Pinsons des arbres sont particulièrement importants tout comme la présence régulière en nombre de Mésanges à longue queue.
Un bilan complet et analysé sur cinq ans de ce programme sera publié dans le prochain bulletin annuel du Parc 2022.
Comptage du 25 mars
Vous l’attendiez avec impatience, le nouveau comptage est arrivé ! Pour le consulter, c’est ici :
-> Comptage du 25 mars 2023
Malgré les journées venteuses, les grands échassiers continuent de garnir la héronnière : cigognes et spatules bricolent leurs nids hauts perchés dans les pins, tandis que les Hérons cendrés couvent assidûment leurs œufs. De nombreux canards sont toujours présents dans les plans d’eau du Parc ; profitons quelques temps encore des Garrots à œil d’or, avant qu’ils ne regagnent la forêt boréale où ils nicheront bien à l’abri… dans un trou d’arbre ! Côté limicoles, on perçoit du mouvement. Les Barges à queue noire changent peu à peu de plumage et se font belles pour rejoindre l’Islande ; chez les Avocettes, c’est le temps des parades nuptiales. Ah, l’amour… Et pour finir, le carnet rose : une petite Foulque macroule a pointé le bout de son bec sur le petit parcours ! Bienvenue à ce premier poussin d’une longue série !
Une spatule unijambiste
Il nous arrive parfois d’observer des oiseaux n’ayant qu’une seule patte. Ce sont souvent des échassiers limicoles comme les Avocettes ou les Barges à queue noire, des passereaux comme les mésanges, mais plus rarement des grands échassiers comme cette Spatule blanche. L’amputation peut être totale et haute, ou partielle, ne concernant que les tarses.
L’oiseau sautille, se repose sur une patte, et parfois se couche, ne pouvant changer de “support”. Il est plus difficile pour lui de se nourrir car son déplacement est très ralenti ; il choisit alors des zones à forte concentration de nourriture, et sa lenteur le fait souvent être seul.
L’oiseau blessé doit tout d’abord survivre à l’amputation en évitant l’infection lors de la nécrose. En eau salée, ce risque reste un peu plus limité. À la héronnière, une Spatule niche depuis de nombreuses années avec une patte totalement raide et non fonctionnelle.
Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Jean Bail
Les arbres ont des oreilles…
Depuis quelques semaines, de drôles de formes gélatineuses en forme d’oreilles poussent dans les sous-bois du Parc. Vous aurez peut-être la chance d’en observer sur des branches mortes ou de vieux arbres.
Mais qu’est-ce que cela peut bien être ? Une nouvelle mutation aurait atteint les arbres du Marquenterre ? Non rien de tout ça. Il s’agit d’un champignon plus qu’intriguant.
L’Oreille-de-Judas, c’est son nom, est un champignon à la texture cartilagineuse et élastique, qui deviendra de plus en plus dur en vieillissant. Son sporophore – ‘’le chapeau’’ – ressemble énormément à… une oreille, vous l’aurez compris.
N’ayez pas peur de le toucher, cela en amusera plus d’un ! Il s’agit d’un champignon totalement inoffensif pour l’homme ; cuit il peut être consommé sans souci (néanmoins attention, cru il peut présenter une très légère toxicité).
Dans la casserole, vous aurez la surprise d’avoir à faire à un champignon sauteur ! Une pression se crée lors de la cuisson, ce qui peut le faire sauter comme un pop-corn.
Légèrement parasite de certains arbres tel le sureau ou le frêne, il est surtout un saprophyte, c’est-à-dire qu’il se nourrit de bois mort et participe donc à sa décomposition.
Contrairement à la grande majorité des champignons qui vont faire sortir leur sporophore en automne, saison tant attendue des cueilleurs, notre intrigante Oreille-de-Judas poussera toute l’année, l’hiver sera la meilleure période pour l’observer.
Texte et illustrations : Théo Le Barbanchon
Les pilets orange
Dès le 10 janvier, avec l’extrême douceur des températures, les premiers Canards pilets venant du sud et remontant vers le nord-est de l’Europe sont observés sur le Parc dans les prairies inondées. On les reconnaît facilement, notamment les mâles, à leur poitrine orangée. Cette couleur vient de l’oxyde de fer des terres d’hivernage comme la latérite d’Afrique de l’Ouest ou du bassin méditerranéen. Collé sur les plumes, ce « maquillage » va se diluer au contact des eaux douces des haltes migratoires.
Nous ne remarquons pas d’oiseaux portant ces teintes flamboyantes surprenantes lors de l’hivernage, en décembre notamment ; de telles observations n’ont lieu que lors des migrations actives. Attention, dans certaines régions où ces oxydes sont présents – comme en Camargue – les oiseaux peuvent avoir cette coloration. On peut retrouver aussi cet aspect, mais en plus délavé, sur certains bassins de décantation argileux.
Les dates de retour sont de plus en plus précoces : 10 février 2019, 1er février 2021, 31 janvier 2014, 15 janvier 2022…
Notons que nous pouvons observer cette teinte orangée, mais de manière moins évidente, chez d’autres espèces comme la Sarcelle d’été, et dans une moindre mesure le Canard souchet ou la Sarcelle d’hiver qui hivernent en moins grand nombre en Afrique de l’Ouest.
Texte : Philippe Carruette / Illustration : Jean Bail
La héronnière se réactive
Une journée ensoleillée sans vent favorise le retour des grands échassiers à la héronnière. Dès le 4 février, avec la douceur des températures, quelques Hérons cendrés étaient sur les nids. Ce sont les mâles âgés qui arrivent les premiers sur leur « donjon », paradant gorge ébouriffée et crête dressée au moindre survole d’un oiseau.
Le 3 janvier, alors que le thermomètre affiche 15°C (!), deux mâles célibataires de Cigognes blanches bougent quelques branches sur leur nid. Un mois plus tard, 11 oiseaux sont observés, seuls ou à deux. Les bagues permettent de voir que certains couples ne sont guère fidèles (AERY est désormais avec AFFG pour les derniers potins…).
Ce ne sera vraiment qu’à partir de mi-mars et surtout à la fin du mois que nous verrons arriver les autres habitants des lieux : Spatules blanches et Aigrettes garzettes, Hérons garde-bœufs et en dernier nous l’espérons les deux couples de Bihoreaux gris. Quant aux Grandes aigrettes, deux couples se réinstallent dans la saulaie visible de loin depuis le poste 10.
Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Jean Bail
Grèbes à cou noir, le retour
Les voici de retour pour une nouvelle saison riche en rencontres naturalistes sur le Parc du Marquenterre : les trois premiers Grèbes à cou noir ont été observés le 15 février, avec deux individus en mue et un oiseau encore en total plumage d’hiver.
Ce petit oiseau n’hiverne jamais en totalité sur le Parc, les derniers individus séjournant au plus tard jusqu’en novembre ou début décembre. Le retour de cette superbe espèce a lieu de plus en plus tôt : deux individus étaient observés sur le site le 12 février 2022 ; en 2021, la première mention datait du 26 février ; tandis que les années antérieures, les dates de retour avaient lieu généralement début mars.
Les oiseaux choisissent d’hiverner surtout en mer, notamment le long des côtes de Bretagne, aussi bien en Manche qu’en Atlantique, et jusque dans le golfe de Gascogne. À l’inverse du Grèbe huppé, dans notre région les observations de cette espèce en mer ou dans les estuaires restent peu fréquentes.
Espérons que cette année encore, le Grèbe à cou noir niche en nombre sur le site, comme ce fut le cas en 2022, avec 22 couples… et de nombreux poussins ! La proximité d’une forte colonie de mouettes et la nidification des couples en groupe important sont indispensables au succès de la reproduction.
Texte : Philippe Carruette / Illustration : Alexander Hiley
Harle piette… Une tradition d’hivernage bien ancrée
Depuis quelques jours un maximum de 8 femelles et 1 mâles de Harles piettes sont présents sur le parc (poste 6, là où il y a le café et le chocolat !). Les mâles ne sont jamais très fréquents sur le site, ces derniers étant plus casaniers et descendent moins vers le sud que les jeunes et les femelles.
Je me souviens enfant d’un article sur l’oiseau dans le Courrier de la Nature en 1977, la revue de la société Nationale de Protection de le Nature. Il était présenté dans cette revue comme l’oiseau des glaces qui venant de la lointaine Russie ou de la à peine plus proche Finlande, n’atteignant notre région que lors des vagues de froid les plus sévères. Pour moi avec les photos des superbes mâles à la livrée blanc pur liserée de lignes noirs comme une calligraphie, il devient l’oiseau mythique que je n’aurais jamais l’occasion de croiser du regard dans la nature…
Aujourd’hui les Harles piettes sont observés chaque année sur le parc quelque soit la dureté de l’hiver et même lors des hivers les plus doux comme ces trois dernières années. Les oiseaux ont su mémoriser ce site d’hivernage favorable à l’inverse d’autres espèces comme les Cygnes chanteurs ou les Harles bièvres. On parle de tradition d’hivernage que l’on retrouve encore sur le parc chez les Garrots à œil d’or et le Cygne de Bewick .
Photo: Alexander Hiley
Des nouvelles de « ATCT »
Et non ce n’est pas un groupe de Rock qui a sévi lors de l’ouverture du parc il y a 50 ans ! Mais une Mouette mélanocéphale qui a été bagué ATCT comme mâle âgé de trois ans sur la gravière de Löbnitz près de Leipzig en Saxe allemande le 14 mai 2018. Le 12 et 13 juin 2018 il est déjà à Lion sur Mer dans le Calvados, il est fort probable qu’il n’a pas niché. Aucune nouvelle de lui en 2019. Le 24 mars on l’observe chez nos amis du Parc du Zwin en Flandres belges pour faire un tour dans la Manche à Saint Pair sur Mer le 11 juin 2020. Le 29 juin 2020 il reste une journée au Parc du Marquenterre. Ces dates laissent à penser que ce ne fut pas une année de reproduction marquée de succès pour ATCT. En 2021 il est retour au Marquenterre le 15 mars jusqu’au 22 mars mais il n’y trouve pas à priori de partenaires à son goût. Pas de nouvelles de nouveau pour l’année 2022. Le 29 janvier 2023 le voilà retrouvé en hivernage…à Petit Port sur l’île anglo-normande de Jersey photographié sur un rocher par Romano Da Costa. On est bien loin des paysages de l’est de l’Allemagne ! Un vrai globe trotter notre ATCT dont on ne sait encore bien peu de choses de sa vie de Mouette mélanocéphale !
Merci à Ulrich Knief bagueur et ornithologue allemande qui nous a envoyé cette information.