Les premières séances de baguage ont permis la capture de Fauvettes à tête noire – ou à tête marron, qui est l’apanage des femelles ! C’est un des passereaux les plus bagués de France, avec plus de 50000 individus attrapés, pesés, mesurés.

Elle compte parmi les oiseaux les plus abondants du pays – entre 5 à 10 millions de couples. Rare exception chez les passereaux, ses effectifs sont en augmentation, une caractéristique des espèces généralistes à tendance forestière.

On sait que nombre de nos oiseaux nicheurs vont hiverner dans le sud de l’Espagne, au Portugal et au Maghreb, notamment dans les oliveraies et les orangeraies ; que nombre d’oiseaux du Benelux, de Scandinavie, d’Angleterre traversent notre région. Mais avec les changements climatiques cette espèce modifie vite ses comportements. D’où viennent les oiseaux qui hivernent de plus en plus dans notre région nordique ? Sont-ils locaux, ou bien viennent-ils d’Allemagne ou d’Autriche, comme c’est le cas en Angleterre ? Les données de baguage nous délivreront peut-être ces précieuses informations.

Texte : Philippe Carruette

Illustrations : Alexander Hiley

Au printemps il n’y a guère de plantes à fleurs pour donner des couleurs à la végétation où domine le vert. Il faudra attendre le début de l’été pour une grande diversité floristique colorée. L’Alliaire officinale (Alliaria petiolata) fait pourtant exception. Commune, c’est le long des sentiers du Parc riches en matières organiques qu’on la remarque.

C’est une plante de la famille des Brassicacées (comme nos choux et autres navets !) pourvue de petites fleurs blanches en forme de croix, avec 4 pétales, 4 sépales et 6 étamines. Ses feuilles rondes et larges ressemblent quelque peu à l’ortie. Mais quand on les froisse bien entre les doigts, elles sentent un peu l’ail ! Les jeunes feuilles riches en vitamines C peuvent d’ailleurs être mélangées à la salade pour donner ce léger goût aillé – qui à l’avantage ne pas persister dans la bouche !…

Les graines noires, bien rangées dans leur longue silique, peuvent remplacer notre moutarde pour réaliser, justement, ce condiment. Il semble qu’il y a 4000 ans, au vu des fouilles archéologiques, elles étaient déjà utilisées. Appliquées en cataplasme, les feuilles ont aussi des vertus désinfectantes.

Plutôt discrète ici, elle est devenue une peste végétale aux Etats-Unis après son introduction, faute de concurrents en début de saison de développement. En tout cas chez nous les papillons de la famille des Piérides l’apprécient beaucoup !

Texte et illustration : Philippe Carruette

Durant le Festival de l’Oiseau, nous avons accueillis plus de 15 000 visiteurs humains sur le Parc en provenance de toute la France, et même de toute l’Europe… Et ce fut de même pour les oiseaux ! On attend notamment des nouvelles d’un mâle de Cigogne blanche bagué en Allemagne et observé dans la héronnière.

Après une femelle de Mouette mélanocéphale venue de Saxe (bague verte ASRJ) qui va sûrement nicher sur le parc, une autre italienne (bague bleue) dont on attend le “pedigree”, le 21 avril 2019 un oiseau originaire de Hongrie (bague rouge) est observé. Cette mouette a été baguée poussin le 17 juin 2016 au nord de la ville de Szeged (170 000 habitants) à 1432 kilomètres du Marquenterre.

Cette région est située au sud de la Hongrie près de la frontière serbe. L’oiseau provient précisément sur le lac Feher, haut lieu de l’ornithologie hongroise, notamment pour le stationnement des anatidés et des Grues cendrées. Depuis 2006 c’est la cinquième Mouette mélanocéphale hongroise observée sur le Parc.

Cette voyageuse nous fait vraiment découvrir du pays et des hommes ; merci à Domjan Andras qui l’a baguée et nous a envoyé son “chemin de vie”…

Texte : Philippe Carruette

Illustrations : Philippe Carruette, Alexander Hiley

Avec ces dernières chaleurs quasi estivales, nous retrouvons avec plaisir le chant du Grillon champêtre (Gryllus campestris). Les mâles grillons se tiennent devant leur trou, dans les dunes bien orientées plein sud. Un seul but : attirer le maximum de « grillonnes ».

Mais attention ! Chanter à découvert présente des risques. Sur la vaste pelouse dunaire au pied de la héronnière, on voit souvent un ou deux Hérons garde-bœufs (Bubulcus ibis) en chasse. La photo judicieusement prise de Armelle Guillo nous révèle que ce jour, la proie principale était notre petit musicien charmeur ! Le héron reste à l’affût, immobile, son cou oscillant comme un serpent prêt à frapper dès la sortie imprudente de l’insecte chanteur…

Heureusement qu’aux moindres bruit, vibration ou ombre le grillon sait filer dans son trou… mais la sérénade amoureuse est si tentante !

Texte : Philippe Carruette

Illustrations : Armelle Guillo

TELECHARGER le comptage du 6 mai 2019

En bref: de beaux stationnements de limicoles migrateurs en baie, 565 Mouettes rieuses, 260 Mouettes mélanocéphales, 8 Grèbes à cou noir… 

En ces périodes chaudes, prêtez bien attention aux jeunes feuilles d’aulnes naissantes, elles renferment des trésors… De jolis petits coléoptères bleu nuit brillant y circulent en nombre. C’est la Galéruque de l’Aulne (Agelastica alni).

Habituellement de sortie en mai, elle est bien en avance cette année, et se régale des feuilles tendres mais amères de l’Aulne glutineux (Alnus glutinosa) que tous les herbivores délaissent habituellement. Voraces, elles transforment le feuillage en dentelles, ne laissant que les nervures.

D’ici quelques semaines, du jaune va apparaître sur l’abdomen des femelles, très distendu par les œufs (50 à 70 “par personne“) pondus au verso des feuilles les protégeant des prédateurs, des pluies violentes ou du soleil brûlant. Une à deux semaines plus tard vont naître des larves grisâtres puis noires qui vont rester en groupe pour manger avec grand appétit… des feuilles d’aulnes ! Après une croissance de 3 à 4 semaines, elles se nymphoseront au sol pour devenir adultes.

Que les amis des aulnes comme les tarins se rassurent, l’arbre, même s’il ne vit pas vieux, est bien résistant. Et mort et creux, il sera apprécié de la Mésange huppée ou des pics, pour les plus gros, qui y feront leur nid…

Texte et illustration : Philippe Carruette

Les chaudes températures du mois d’avril ont baigné le Parc dans une atmosphère estivale : à la héronnière, les visiteurs ont pu profiter du spectacle des Cigognes et Spatules blanches en train de couver, bec ouvert, afin d’évacuer le trop-plein de chaleur.

Alors que les grands échassiers semblent quelque peu sonnés par le feu du soleil, trois Hérons cendrés viennent se poser au pied des pins, sur la pelouse dunaire, et adoptent une curieuse posture : “assis” sur leurs tarses, haletant, ils écartent les bras, et déploient leurs ailes, croisant la pointe des régimes devant eux. Ils resteront là de longues minutes, immobiles, dans cette sorte de “position du lotus”.

Auraient-ils décidé de s’accorder une pause méditative en cette période intense de nidification ?… En réalité, il s’agit d’une attitude bien répandue chez les ardéidés, mais aussi – sous des postures variées – chez les rapaces, les pics, certains passereaux et, bien sûr, chez les vacanciers : le bain de soleil !

Si ce comportement sert à emmagasiner de la chaleur et de l’énergie, participant ainsi à la thermorégulation, il n’a cependant pas encore révélé tous ses secrets. En effet, on lui attribue d’autres fonctions essentielles à la bonne santé de nos amis à plumes : il aiderait notamment à la production de vitamine D, nécessaire à l’absorption du calcium. D’autre part, il permettrait de lutter contre les parasites, surtout lorsqu’il est combiné à une autre technique de yogi : le bain de… fourmis ! On rencontre cette pratique appelée formicage chez le geai, par exemple, qui se jette ailes déployées dans une fourmilière et profite de l’acide formique sécrété par les insectes affolés pour protéger ses plumes et le débarrasser de ses tiques.

A l’avenir, lorsque vous croiserez un oiseau étalant son plumage au soleil, tantôt à plat ventre, tantôt sur une patte, les yeux écarquillés comme s’il était en extase, pensez à une chaise-longue… et méditez !

Texte et illustrations : Cécile Carbonnier

Au détour des chemins, les buissons sont annonciateurs du retour des papillons. Ces insectes de l’ordre des lépidoptères regroupent les “papillons de jour” (rhopalocères) et les “papillons de nuit” (hétérocères). Les diurnes se repèrent facilement grâce à leurs couleurs souvent chatoyantes qui attirent le regard, contrairement à leurs cousins nocturnes qui sont bien plus discrets et peu actifs avant le crépuscule…

Il n’est cependant pas rare d’observer des chenilles de cette population nocturne en plein jour. En ce moment, celle du Cul-brun (Euproctis chrysorrhoea) est facilement visible sur le parc, dans les haies d’argousiers ou dans les bosquets. Cette espèce est connue pour faire des nids soyeux à l’extrémité des branches qui peuvent contenir plusieurs centaines de chenilles. Longues de 3 à 4 cm, de couleur brune avec deux lignes discontinues orangées sur le dos et deux lignes latérales de couleur blanche, elles sont très velues. Bien qu’elles soient moins irritantes que les chenilles processionnaires du pin avec lesquelles certains visiteurs les confondent parfois, il est toutefois fortement déconseillé de les toucher, pour éviter d’intenses démangeaisons et des éruptions cutanées gênantes. Il faut dire que les minuscules poils urticants sont un moyen de défense fort efficace pour ces proies tentantes !

D’ici les mois de mai-juin, les chenilles se transformeront en chrysalides avant de devenir des papillons de couleur blanche possédant une particularité : une touffe de soies brun-roux à l’extrémité de l’abdomen – d’où le nom de cul-brun. La reproduction aura lieu en été et les pontes, recouvertes des poils bruns de la femelle et déposées sous les feuilles, donneront naissance à des larves trois semaines plus tard. Dès l’automne celles-ci s’acquitteront de leur tâche de construction de nids soyeux, protection indispensable contre les intempéries, avant la période d’hivernation…

Texte et illustration : Julie Falampin