Un Fuligule à tête noire sur le Parc

Lundi 19 février 2024, une nouvelle espèce de canard a été vue sur le Parc du Marquenterre. Il s’agit d’un mâle de Fuligule à tête noire (Aythya affinis) originaire d’Amérique du Nord. Cette espèce n’avait jamais été observée sur le site depuis sa création en 1973. Sa première mention en France ne date que de 1993, du fait du développement des connaissances ornithologiques.

Depuis, une trentaine d’observations ont eu lieu en France d’octobre à avril. Il est vrai que ce petit canard plongeur n’est pas très aisé à déterminer. Avec son dos clair, pas de confusion possible avec son cousin européen le Fuligule morillon qui niche et, surtout, hiverne dans notre région. On peut en revanche le confondre avec le Fuligule milouinan, canard plongeur nicheur en Scandinavie et en Russie et hivernant en très petit nombre sur les côtes françaises. Les différences sont très subtiles, avec une tête à reflets violets plus oblongue, avec une ébauche de petite houppe, et une pointe noire de petite taille au bout du bec chez le Fuligule à tête noire.

Il niche en Alaska et à l’ouest des Etats-Unis sur les lacs forestiers des Rocheuses, et hiverne au sud des USA jusqu’au Vénézuela et en Colombie. Il est relativement commun, avec une population estimée à 7 millions d’individus. Comme notre Fuligule morillon européen il se nourrit en plongée de mollusques, crustacés, mais avec une part plus importante de végétaux. 

L’automne 2023, avec ces multiples dépressions, tempêtes et coups de vents d’ouest, a été favorable à l’observation d’oiseaux américains en Europe, déportés à travers l’Atlantique lors de leurs déplacements migratoires. De petits groupes ont même été vus en Irlande et en Angleterre et les observations se sont multipliées en Bretagne et sur la côte atlantique ces six derniers mois. Un Fuligule à tête noire avait aussi été observé dans la Somme depuis quelques mois en vallée de la Bresle.

Que vont devenir ces oiseaux américains ? Pour la majeure partie d’entre eux, il est bien peu probable qu’ils retournent sur le continent américain. Peut-être vont-ils suivre les Fuligules milouinans et morillons dans leurs migrations, et s’hybrider avec eux sur les zones de reproduction ? 

Texte : Philippe Carruette / Illustration : Alexander Hiley