Place aux jeunes

Juillet marque le début de l’émancipation des juvéniles – les ados ! – pour nombre d’espèces d’oiseaux. 

Les jeunes Cigognes blanches, après avoir musclé leurs ailes en faisant des séances de trampoline sur leur nid, commencent à prendre leur envol (le premier à la héronnière le 4 juillet). Ils reviennent chaque soir sur le nid ; et puis un matin de mi-juillet plus personne ! En “bande de jeunes” ou seuls, ils prennent le départ pour la migration en direction de l’Espagne ou de l’Afrique de l’ouest, profitant des courants d’air chaud de l’été pour pratiquer le vol plané. Les cigognes sont en effet très peu musclées, le vol battu les fatigue très vite. Les parents partiront en août ou septembre après avoir mué des plumes – avoir des « pneus » neufs est quand même plus prudent pour un si long voyage !

Les juvéniles de Spatules blanches – vous pouvez inventer le mot spatulon ! – ont plus de chance, ils vont en majorité voyager avec leurs parents en grands groupes solidaires. Véritables Tanguy à l’air benêt, ils continuent inlassablement à harceler leurs parents pour avoir la becquée et cela souvent tout au long des haltes migratoires, voire sur les lieux d’hivernage ! 

Quant aux jeunes Tadornes de Belon, ils bénéficient de la sécurité du regroupement en crèche sous la surveillance de quelques adultes, les autres parents remontant en vol en formation en Allemagne pour muer en Mer des Wadden et nous revenir tout neufs en baie de Somme en septembre-octobre. 

Chez les deuxièmes couvées de Canard colvert, ou pour les nichées de canards plongeurs (Fuligules milouins et morillons) la femelle est seule pour s’occuper d’une famille souvent nombreuse et très dynamique.

Mais que nos jeunes locaux ne se plaignent pas. Au nord de l’Europe, dans la toundra de Scandinavie ou de Russie, les parents de petits échassiers comme les bécasseaux, chevaliers, pluviers… laissent seuls leurs poussins encore non volants pour partir, déjà, vers le sud de l’Europe et l’Afrique. On voit arriver les premiers juvéniles de Chevaliers gambettes – pas toujours faciles à déterminer ! Les jours commencent à diminuer, la reproduction est terminée… Une nouvelle saison de migration est déjà en train de se vivre et de se raconter !

Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Gaëlle Micheli, Pierre Aghetti