Un Phalarope au Parc !

Le Phalarope à bec étroit est un petit échassier nichant en Scandinavie et en Russie, avec quelques rares couples en Ecosse, partant en migration en haute mer pour ensuite traverser l’Europe par les terres en direction de la mer Noire et de la mer Caspienne, et hiverner en groupe le long des côtes du  Golfe persique (Mer d’Oman, golfe arabique…) et dans l’Océan indien… Un sacré et étrange périple migratoire en boucle ! Un exploit, finalement, pour un limicole du genre minus, puisqu’il ne dépasse pas 25 à 50 grammes ; à titre de comparaison, un Moineau domestique pèse 30 grammes ! Les Chevaliers guignettes qui passent à côté de lui paraissent presque obèses (mille excuses Solène…).

Il a la particularité rare que le mâle est moins coloré que la femelle, puisque celle-ci parade et est polyandre, laissant à monsieur le soin de s’occuper seul de la couvée et de l’élevage rapide des poussins. 

Un juvénile est observé sur le Parc depuis le 26 août 2022, profitant, avec les niveaux d’eau bas et la chaleur, de la manne d’insectes en surface au poste 9, en compagnie des Barges à queue noire, des Bécassines des marais et des chevaliers de toutes espèces. Attention, en bon pélagique, il n’est présent qu’à marée haute ! 

Notre globe-trotteur  a aussi une autre particularité, celle de nager activement en rond comme une toupie en provoquant des tourbillons pour faire remonter les micro-invertébrés en surface. Il a tout pour être parfait, efficace et moderne !

Observé sur le Parc tous les ans et demi de 1973 à 1993, ce phalarope est présent quasiment chaque année de 1994 à 2022. Comme au niveau national, la majorité des données concerne la migration postnuptiale. Mais les observations de printemps augmentent aussi (8) s’étalant du 28 avril (en 1986) à la mi-juin. Avec le réchauffement climatique, les périodes de forts vents augmentent, obligeant les oiseaux à fréquenter de plus en plus le site comme zone refuge. En France, on dénombre chaque année une cinquantaine de données de ce joli petit limicole. Ce qui fait du Parc du Marquenterre un des lieux les plus réguliers pour son observation !  

Texte : Philippe Carruette / Illustration : Cécile Carbonnier