Des billets sur l’actualité saisonnière des oiseaux, des observations naturalistes, des données inédites de baguage… vous pouvez également soumettre vos observations et photos.

Sur une tige d’oyat, un gros coléoptère se repose en ce matin d’été avec discrétion et lenteur. Un vrai bijou des dunes : c’est le Hanneton foulon (Polyphylla fullo). Ses élytres – la carapace qui protège les ailes fragiles – sont de couleur chocolat, marbrées de taches blanches du plus bel effet. Comme chez tous les hannetons, les antennes sont un éventail de 7 feuillets plus développés chez le mâle. Si on le saisit – il est vraiment inoffensif ! – on entend des “cris” aigus, comme si on passait un doigt humide sur une vitre : ce n’est que le frottement des derniers segments de son abdomen sur les élytres, comme le font aussi certains Capricornes. 

La larve est le ver blanc bien connu, qui se nourrit dans les dunes des racines d’oyats et de divers débris végétaux. L’adulte, dans sa sobriété, consomme des aiguilles de pins, la nuit, sans aucun impact sur la masse du feuillage des résineux.

C’est lors des longues soirées crépusculaires de début d’été que les mâles vont voleter autour des pins, antennes en éventail à la recherche des femelles posées. Et le lendemain matin, sur les chemins du Parc, quand nous partirons dans les postes d’observation, nous trouverons au sol les deux élytres séparées… restes déchus des amours du Foulon, qui a attiré aussi l’appétit du Faucon hobereau et des chauves-souris. Mais dans 3 ans, après 3 nymphoses, notre grassouillet ver blanc deviendra à son tour, comme pour honorer un calendrier saisonnier bien réglé, un joyau éphémère du solstice d’été !

Texte : Philippe Carruette

Illustrations : Nathanaël Herrmann, Philippe Carruette

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En bref: Plus de 4000 Huîtriers pies en baie, 298 Barges à queue noire, 98 Chevaliers gambettes, 3 Chevaliers sylvains…

Après la floraison des Rhinanthes à feuilles étroites, le jaune est toujours d’actualité sur le Parc. Dans les dunes grises ou blanches bien ensoleillées, le Pavot cornu (Glaucium flavum) s’est épanoui. De la famille des pavots (les Papavéracées) il porte en effet une grosse fleur jaune et des feuilles bleutées aux poils rêches. Après la floraison rapide, va apparaître le fruit, une longue et étroite capsule contenant de nombreuses graines noires. 

Dans le nord de la France, la plante est essentiellement littorale mais a trouvé aussi un milieu chaud et sec original sur… les terrils du Pas-de-Calais ! Mais attention : la fleur, les graines et le latex orangé de cette belle glaucienne sont tous fortement toxiques !

Texte et illustrations : Philippe Carruette

Les oiseaux sont connus pour leurs migrations… et on ne parle que de “ça” en ce moment sur le Parc, avec le retour des migrateurs nordiques dès la fin juin, notamment les limicoles. Mais ils risquent de se faire un peu voler la primeur par des compétiteurs encore plus étonnants, avec ces vents de sud en provenance du Sahara !

En effet, les papillons Belles-Dames (Vanessa cardui) remontent vers le nord. Après des conditions favorables en Afrique, notamment des pluies sur la zone sahélienne, les émergences plus tardives qu’à l’habitude sont légion. Ce sont alors des millions d’individus qui vont traverser le désert, la Méditerranée, et gagner toute l’Europe. Certains arriveront jusqu’en… Islande !

Prodigieux voyage de milliers de kilomètres qui se voit dans la voilure usée des individus clairs et assez petits que vous pouvez observer sur vos lavandes dans les jardins, ou en vol, plein nord, au-dessus des champs et des dunes. En 1996, des papillons marqués en Algérie ont été retrouvés quatre jours plus tard dans le sud de l’Angleterre. Par vent favorable, les insectes peuvent voler à 30 km/heure et parcourir près de 500 kilomètres par jour !

La dernière grande “invasion” dans notre région date de 2009 où près de 20 individus par minute étaient comptés sur le Parc au point de vue, et où des milliers de Belles-Dames étaient observées par Christophe Lebrun (ancien guide du Parc) longeant la départementale à Quend. Après s’être reproduits dans notre région – ils pondent sur les chardons, mauves et orties – ces insectes vont mourir. La génération suivante, plus grande et colorée, pourra remonter plus au nord ou repartir vers le sud pour y hiverner.

Texte : Philippe Carruette

Illustrations : Philippe Carruette, Nathanaël Herrmann

Comme chaque année, des opérations de baguage des poussins et des adultes d’Hirondelles rustiques ont lieu sur le Parc du Marquenterre et dans les environs, chez les particuliers. Les couples nichent sur les bâtiments techniques en arrière du pavillon d’accueil. Toutes les portes en bois sont munies de petites ouvertures permettant maintenant à plusieurs couples de s’installer. Certaines de ces ouvertures ont été réduites, du fait du passage nocturne d’une Chouette hulotte – qui niche avec succès dans les combles du pavillon, et qui prédate les nids et les oiseaux volants !

Les jeunes sont bagués à 11 jours et les adultes au filet. Nous allons aussi baguer des familles dans les villages des environs où cette espèce menacée semble un peu plus nombreuse qu’à l’accoutumée, grâce probablement à un printemps propice. Les adultes nicheurs présentent en effet une adiposité favorable, ce qui était vraiment rare ces dernières années.

Bien peu de jeunes et d’adultes reviennent l’année suivante. Néanmoins, en 2018, un jeune bagué à Canteraine (Rue) trois ans auparavant vint nicher sur le Parc. N’oublions pas que ces messagères de printemps nous reviennent d’Afrique centrale, alors laissons-leur une petite place dans notre environnement…

Texte et illustrations : Philippe Carruette

Sur les pelouses ensoleillées des pannes dunaires, aux abords des chemins sablonneux du Parc, fleurissent depuis quelques semaines de jolies étoiles roses à 5 branches : il s’agit de la Petite-centaurée (Centaurium), plante appartenant à la famille des Gentianacées. Les corolles s’épanouissent en ombelle, au bout d’une tige carrée d’une trentaine de centimètres garnie de quelques feuilles ovales opposées ; si on la regarde de plus près, on remarque les étamines jaunes qui s’enroulent en spirale au cœur de la fleur au parfum discret.

Ce genre regroupe trois espèces au sein de la Réserve naturelle : la Petite-centaurée commune (Centaurium erythraea), sa cousine délicate (Centaurium pulchellum) et enfin la Petite-centaurée du littoral (Centaurium littorale). Cette dernière, endémique nord-atlantique, est exceptionnelle et légalement protégée ; très rare et menacée, elle présente donc une valeur patrimoniale élevée et constitue un excellent indicateur écologique de la dynamique de certaines dunes. 

Petite-centaurée commune

Mais au fait, d’où lui vient son petit nom ? Le terme Centaurée, tout comme son surnom d’herbe à Chiron, renvoie à un épisode mythologique relaté par Pline : Héraclès, héros vénéré des Grecs – mais fort maladroit à ses heures perdues – blessa par mégarde son copain Chiron le Centaure. Afin de soigner son genou, l’être mi-homme mi-cheval se prépara un onguent à base de fleurs de… Centaurées ! Malheureusement, la pommade ne put le guérir, car la flèche qui l’avait atteint était empoisonnée par le sang de l’Hydre de Lerne. La douleur était telle que Chiron supplia les dieux de lui ôter son immortalité… 

Triste histoire… qui nous rappelle cependant que les plantes sont souvent utilisées en pharmacologie. Les Gaulois se servaient ainsi de la Petite-centaurée comme antidote aux morsures de serpents et aux maladies fébriles, d’où son appellation d’herbe à fièvre. Quant aux Romains, ils la surnommaient l’herbe de la bile de terre, en raison de son goût amer, qui stimulerait les sécrétions du foie : si elle n’est pas apte à soigner le poison de l’Hydre de Lerne, elle serait néanmoins un excellent purgatif, en témoignent différentes traces de son usage médicinal à travers les âges.

Petite-centaurée commune

La haute estime dont jouit la Petite-centaurée se retrouve dans un autre de ses sobriquets : l’herbe aux mille florins. L’étymologie est ici originale. En fait, la langue populaire transforma le terme centaurium en centum aurei, c’est-à-dire “cent pièces d’or”. Et la petite fleur rose était tellement appréciée que l’on multiplia par 10 sa valeur. Elle vaut bien cette surenchère !

Enfin, on l’appelle aussi Érythrée – comme le pays – terme vernaculaire signifiant “la rouge”, en raison de la couleur de ses fruits, des petites capsules rougeâtres. 

Parce que les botanistes semblent parfois vouloir nous perdre un peu, une dernière précision : le genre Centaurium est à distinguer du genre Centaurea, qui regroupe différentes plantes de la famille des Astéracées, dont le fameux Bleuet des champs, symbole de la mémoire et de la solidarité envers les anciens combattants, les victimes de guerre, les veuves et les orphelins. Mais ça, c’est une autre histoire…

Texte : Cécile Carbonnier

Illustrations : Romane Sauleau, Cécile Carbonnier 

Tout en cheminant sur les sentiers du Parc du Marquenterre, laissez-vous embarquer pour un voyage unique conduit par un duo hors du commun : un conteur et un guide naturaliste.

L’un connait le Parc comme sa poche et vous en fait découvrir les trésors ; l’autre vous emmène vers des contrées imaginaires dont il vous conte les secrets.

Des histoires d’oiseaux pour petits et grands… Une parenthèse enchantée dans un écrin de nature. Idéal pour une expérience partagée en famille !

Juillet : mardi 23 à 17h et samedi 27 à 20h30

Août : samedi 3 à 20h30 et mardi 6 à 17h

Septembre : mercredis 11 et 25 à 17h

Durée de la visite : 2h30

Sur réservation au 03.22.25.68.99

Tarifs : 22€/Adulte – 14€/Enfant

(Le tarif inclut le billet d’entrée au Parc pour la journée)

Affiche balade contée

Tandis que les derniers jeunes spatulons sont encore au nid, la majorité de leurs aînés ont pris leur envol. Ils se regroupent en des points stratégiques, zones bien dégagées aux eaux peu profondes du Parc.

Le premier envol ne signifie pas l’indépendance de ces jeunes : ceux-ci se feront nourrir encore quelques mois, jusqu’à l’obtention de leur bec d’adulte, véritable outil qui atteindra une taille respectable pour la pêche aux escargots, crustacés et autres petits poissons hantant les marais et les lagunes.

Mais en attendant, « mendier pour survivre » est la devise ! Et de ce fait, tous les moyens sont bons pour quémander le précieux contenu des jabots des adultes. À ce petit jeu le plus insistant sera souvent récompensé : poursuite aérienne, tapotement sur la commissure du bec des parents, harcèlement au sol sous forme de course poursuite, hochement de tête et cris de quémandage… Certains vont même jusqu’à bloquer de leurs ailes l’adulte se dérobant aux avances des petits mendiants !

Même si l’on peut observer les rejetons touiller, fouiller et becqueter dans l’eau, ces comportements de mendicité iront bon train jusqu’aux mois de septembre/octobre, que ce soit en halte migratoire ou encore sur les sites d’hivernage. Ce ne sera que cet hiver que les petits mendiants pourront enfin trouver pitance avec vivacité et dextérité grâce à ce bec exceptionnel donnant ce nom si particulier à l’espèce.

Texte et illustrations : Pierre Aghetti