Ne vous faites plus de mouron !

Notre jolie trouvaille du jour s’appelle Lysimachia tenella, ou Mouron délicat. Tout un poème. Cette petite plante vivace de la famille des Primulacées, mesurant entre 5 et 12 centimètres, guère plus, apprécie la vie au ras du sol. Ses fines tiges quadrangulaires rampent élégamment sur leur substrat, en épousant sa forme. Elles portent ça et là d’infimes feuilles vert tendre toutes rondes, opposées deux à deux, puis se redressent pour soutenir de charmantes fleurs rose pâle aux nervures plus sombres, en forme de clochette. 

De mœurs modestes, cette pionnière n’est pas une gourmande : au contraire, elle affectionne les milieux détrempés et ouverts, pauvres en nutriments, sur lesquels elle forme de délicats tapis rose tendre en été. 

Longtemps classée sur la liste rouge régionale de la flore vasculaire de Picardie, cette plante discrète donnait de bonnes raisons de se faire du mouron. Mais bonne nouvelle : depuis quelques années, son statut a été révisé par la communauté scientifique. Toutefois, ne nous réjouissons pas trop vite : des menaces pèsent toujours sur cette beauté fragile, qui n’a franchement pas l’esprit de compétition. Ses plus grands périls ? La pollution des eaux, leur eutrophisation et l’embroussaillement de son habitat. Elle demeure donc protégée dans notre région.

Texte : Cécile Carbonnier / Illustrations : Nathanaël Herrmann, Cécile Carbonnier