Le Parc en cette fin de printemps est particulièrement riche au niveau botanique. Les prairies se tapissent du jaune des Rhinantes à feuilles étroites et du rose des Lychnis. Sur la dune, Vipérine, Ophioglosse, Erodium… sont en fleurs, alors qu’apparaissent les premières touches de jaune de l’Onagre bisannuelle. Profitons des orchidées des marais dont la floraison va être rapide. Trois espèces de Dactylorizas sont présentes au bord des chemins, avec leur belle floraison rose violette. Un pied d’Orchis pyramidal se développe mais commence déjà à faner. Son nom est dû à la forme conique de la fleur en début de floraison. Elle attire les pollinisateurs mais comme beaucoup de nos orchidées ne produit pas de nectar.  Au fond du parking ou à l’entrée du parc se sont les Orchis bouc qui se remarquent plus par leur taille que par leur couleur. Verdâtre terne elles se caractérisent aussi par un labelle torsadé jusqu’à 6 centimètres de long. Son odeur forte de bouc n’est pas toujours évidente et varie selon les milieux. 

 

Texte : Philippe Carruette / Illustation : Léa Coftier

L’automne s’accompagne d’un changement de menu chez de nombreux oiseaux. Merles, grives et rouges-gorges diversifient leur régime alimentaire, afin de pallier la raréfaction progressive des insectes et de leurs larves. Sur le Parc du Marquenterre, le choix proposé à la carte demeure varié : baies juteuses et fruits charnus garnissent l’assiette de nos amis à plumes. 

Parmi eux, un mets est particulièrement apprécié : la cenelle de l’Aubépine (Crataegus monogyna). Elle ressemble à une pomme rouge miniature, et renferme un noyau unique. Bien qu’insipide et farineuse, on lui prête de nombreuses vertus médicinales : véritable alliée du cœur, elle renforcerait sa capacité de pompage et calmerait les palpitations. De quoi permettre aux turdidés qui la consomment d’affronter l’hiver bravement !

Arbuste de légendes et de croyances, l’Aubépine doit son nom à la blancheur de son bois et de ses fleurs, qui s’épanouissent en mai, ainsi qu’aux nombreuses épines qui garnissent ses rameaux (alba = blanc, spina = épine). Ces armes défensives sont d’ailleurs estimées des pies-grièches, qui y empalent volontiers leurs proies, avant de les déguster sans autre condiment. Surnommée également “poire d’oiseau” ou “poire de oui-oui”, elle peut aisément atteindre 500 ans. C’est donc un arbre de choix pour garnir une haie, et offrir un restaurant pérenne à l’avifaune sauvage !

Texte et illustrations : Cécile Carbonnier

Pluies diluviennes, vent fripon, feuilles mortes qui tourbillonnent… L’automne est bien là, escortée de son cortège de champignons qui profitent des températures douces pour sortir de terre. Aux abords des chemins du Parc, de petits cylindres blanchâtres ont ainsi fait leur apparition. Il s’agit du Coprin chevelu (Coprinus comatus), dont le chapeau, tel un fourreau, enveloppe le pied long et délicat. On le reconnaît facilement à sa cuticule méchuleuse : la peau mince le recouvrant est garnie de fines écailles, comme autant de petites mèches molles qui lui donnent un aspect échevelé, d’où son épithète capillaire… D’ailleurs, les Anglais le surnomment “lawyer’s wig”, littéralement “perruque d’avocat » ! À mesure qu’il vieillira, il prendra la forme d’une cloche. Ses lamelles, roses d’abord, noirciront peu à peu, jusqu’à se liquéfier totalement lorsqu’il sera parvenu à maturité. Cette “goutte d’encre” sera chargée des spores transportés ensuite par le ruissellement des eaux, et non par le vent. 

Ce champignon aime les sols sableux, riches en azote. Comme tous les êtres saprophytes, il est capable de décomposer la matière organique non vivante afin de se nourrir de certaines des substances résultant de cette dégradation. Véritable professionnel du recyclage, il participe ainsi à la formation de l’humus. L’un de ses substrats préférés ? Le crottin de cheval. Son étymologie ne s’y trompe pas, puisqu’en Grec, copros signifie… ‘’fumier’’ ! À chacun ses goûts. Celui du Coprin, frit ou poêlé, est d’ailleurs légèrement sucré, et certains grands chefs en font un mets d’exception !

Attention toutefois, il faut le cueillir très jeune et frais, et le consommer dans l’heure. Ses propriétés déliquescentes en font un champignon fragile qui se détériore très vite ; dès qu’il noircit, il peut devenir toxique ! D’autre part, il accumule les métaux lourds ; il ne faut pas le récolter sur des zones polluées. Enfin, ne le confondez pas avec son cousin, le Coprin noir d’encre (Coprinopsis atramentaria). Ce dernier est comestible, certes, à condition de ne pas boire une goutte d’alcool pendant 72h ! En effet, la coprine empêche la métabolisation de l’éthanol par le foie ; alors, c’est l’effet Antabuse assuré : rougeurs, nausées, palpitations, confusion mentale, collapsus… Le plus sûr reste donc de le dévorer… des yeux !

Texte et illustrations : Cécile Carbonnier