Où l’on gazouille, piaille et babille sur la vie de nos chers oiseaux

C’est toujours un plaisir d’avoir des nouvelles des Cigognes blanches que nous baguons poussins au Parc ou dans les proches environs… surtout quand elles sont vivantes !  

  • Bague verte FMIA CK14651 : Bagué sur la réserve biologique de Merlimont (Pas-de-Calais) le 30 mai 2019. Observé du 24 avril au 29 mai 2022 à Langon au sud de Rennes en Ille-et-Vilaine (35). L’espèce reste encore assez rare en Bretagne. À cette date et à l’âge de 3 ans, cet oiseau peut être un nicheur potentiel.
  • Bague verte FMIB CK14652 : Bagué le 30 mai 2019 à Merlimont (62). Noté le 17 avril 2022 à Sallertaine en Vendée.
  • Bague verte FBIB CK11125 : Bagué le 16 juin 2015 au Parc (nid du point de vue). Noté le 19 mars 2022 à Châteauneuf (Vendée). Depuis juillet 2016 où elle était sur le centre d’enfouissement de Boismont (80), elle n’avait jamais été revue.
  • Bague blanche AFFA. Baguée au Parc le 11 juin 2004. Une habituée du lieu à l’automne et en début de printemps, mais elle est bien loin d’être observée tous les ans ! Elle est revue pour la première fois le 1er décembre 2007 en Gironde au Parc du Teich.  Aucune observation d’elle en suite avant… 2015 ! Et pas d’observation en 2016 et 2017. En 2018 elle a hiverné au centre d’enfouissement de Valembray (Calvados). Des observations en mai 2022 au Parc laissent à penser qu’elle doit nicher sur le secteur. Elle est notée dans les prairies du Parc le 13 mars 2023. Il y a encore bien des mystères à percer sur cet oiseau de près de 19 ans !  

À noter que François Méranger du Syndicat Mixte Baie de Somme a observé une Cigogne blanche baguée jaune 1984 en basse vallée de la Somme près d’Abbeville le 18 février 2023. Elle a été baguée le 12 juin 2019 à Muizen, au zoo de Plackendael (Belgique) où un programme de reproduction d’oiseaux sauvages est mis en place.  

Texte : Philippe Carruette / Illustration : Jean Bail

Le 23 mars une première Hirondelle rustique est observée à Canteraine près de Rue en fin d’après-midi. Aussitôt, elle rentre dans « son » atelier où elle a niché l’année dernière. C’est un mâle porteur d’une bague ; il n‘a pas oublié son logement des années précédentes. Il a pourtant traversé une grande partie du continent africain, en provenance du Congo ou de Centrafrique. Il en a ainsi vu des paysages, des villes, des déserts et des forêts équatoriales… pour retrouver une simple maison de la campagne picarde ! Il sera rejoint par un second oiseau le 25 mars.

Le même jour, deux oiseaux sont observés au Parc du Marquenterre, trois en baie de Somme et un à Larronville, hameau de Rue également. On voit qu’un premier passage d’« éclaireuses » a atteint le nord de la France malgré le mauvais temps qu’elles ne peuvent pas prévoir au gré de leurs déplacements diurnes, seules ou en groupe lâche. Chaque soir, elles doivent se poser en dortoir, le plus souvent dans des roselières, ou alors des arbres, des édifices, le plus à l’abri possible du vent et des intempéries. 

Les nicheurs dans les ateliers de travail derrière le pavillon d’accueil arrivent généralement plus tard (le 2 avril 2022, le 29 mars 2021, 8 avril 2020, et 23 mars 2019). Globalement, les premières Hirondelles rustiques reviennent sur notre littoral 10 jours plus tôt qu’il y a 30 ans. Dans l’ordre, les dates les plus précoces sur le Parc sont le 10 mars 1993, 11 mars 2009, 12 mars 1990 et 2017, et 13 mars 2015.

Texte et illustration : Philippe Carruette

Un Busard des roseaux immature survole la roselière de son vol chaloupé. Arrivé au-dessus des prairies inondées du poste 7, il provoque le décollage général des Barges à queue noire et des canards. Son objectif est simple : repérer un oiseau affaibli qui ne peut s’envoler.

Le rapace décèlera rapidement la moindre faiblesse, ce qui orientera sa prédation vers cette proie plus facile. Seul espoir pour elle : aller à l’eau, où le rapace aura plus de mal à la capturer. Grâce au vol plané ne nécessitant que de rares battements d’ailes, le busard utilise peu d’énergie, ce qui est bien utile puisque ces survols sont réguliers… et les captures bien peu fréquentes !

Dès que l’oiseau de proie s’est éloigné, l’ensemble des « décollés » se repose quasiment au même endroit. En compensation du stress, tous se mettent à faire une ébauche de toilette ; chez d’autres espèces, comme les Avocettes élégantes nicheuses locales, on observe aussi une recrudescence des accouplements après les moments de tension. 

 

Mais si c’est un dérangement humain,  l’attitude est bien différente. ! Les oiseaux prennent de l’altitude et quittent le lieu pour d’autres plans d’eau… ou définitivement s’ils sont arrivés récemment en halte migratoire !

Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Jean Bail

 

Vous l’attendiez avec impatience, le nouveau comptage est arrivé ! Pour le consulter, c’est ici :

-> Comptage du 25 mars 2023

Malgré les journées venteuses, les grands échassiers continuent de garnir la héronnière : cigognes et spatules bricolent leurs nids hauts perchés dans les pins, tandis que les Hérons cendrés couvent assidûment leurs œufs. De nombreux canards sont toujours présents dans les plans d’eau du Parc ; profitons quelques temps encore des Garrots à œil d’or, avant qu’ils ne regagnent la forêt boréale où ils nicheront bien à l’abri… dans un trou d’arbre ! Côté limicoles, on perçoit du mouvement. Les Barges à queue noire changent peu à peu de plumage et se font belles pour rejoindre l’Islande ; chez les Avocettes, c’est le temps des parades nuptiales. Ah, l’amour… Et pour finir, le carnet rose : une petite Foulque macroule a pointé le bout de son bec sur le petit parcours ! Bienvenue à ce premier poussin d’une longue série !

Il nous arrive parfois d’observer des oiseaux n’ayant qu’une seule patte. Ce sont souvent des échassiers limicoles comme les Avocettes ou les Barges à queue noire, des passereaux comme les mésanges, mais plus rarement des grands échassiers comme cette Spatule blanche. L’amputation peut être totale et haute, ou partielle, ne concernant que les tarses. 

L’oiseau sautille, se repose sur une patte, et parfois se couche, ne pouvant changer de “support”. Il est plus difficile pour lui de se nourrir car son déplacement est très ralenti ; il choisit alors des zones à forte concentration de nourriture, et sa lenteur le fait souvent être seul

L’oiseau blessé doit tout d’abord survivre à l’amputation en évitant l’infection lors de la nécrose. En eau salée, ce risque reste un peu plus limité. À la héronnière, une Spatule niche depuis de nombreuses années avec une patte totalement raide et non fonctionnelle. 

Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Jean Bail

 

Voici le premier comptage de ce printemps 2023 sur la Réserve naturelle de la baie de Somme ! Les oiseaux investissent de plus en plus les plans d’eau du Parc du Marquenterre, et la héronnière se garnit doucement mais sûrement, malgré les coups de vent successifs qui donnent le tournis aux grands échassiers nichant haut dans les pins. Les canards hivernants nous quittent peu à peu, et filent droit vers la Scandinavie ou la Sibérie pour s’y reproduire. Côté limicoles, les choses bougent, avec notamment l’arrivée des premiers Gravelots à collier interrompus. Souhaitons à tout ce petit monde beaucoup de succès dans leurs amours… et leur nichée !

Comptage du 20 mars 2023

Dès le 10 janvier, avec l’extrême douceur des températures, les premiers Canards pilets venant du sud et remontant vers le nord-est de l’Europe sont observés sur le Parc dans les prairies inondées. On les reconnaît facilement, notamment les mâles, à leur poitrine orangée. Cette couleur vient de l’oxyde de fer des terres d’hivernage comme la latérite d’Afrique de l’Ouest ou du bassin méditerranéen. Collé sur les plumes, ce « maquillage » va se diluer au contact des eaux douces des haltes migratoires. 

Nous ne remarquons pas d’oiseaux portant ces teintes flamboyantes surprenantes lors de l’hivernage, en décembre notamment ; de telles observations n’ont lieu que lors des migrations actives. Attention, dans certaines régions où ces oxydes sont présents – comme en Camargue – les oiseaux peuvent avoir cette coloration. On peut retrouver aussi cet aspect, mais en plus délavé, sur certains bassins de décantation argileux.  

Les dates de retour sont de plus en plus précoces : 10 février 2019, 1er février 2021, 31 janvier 2014, 15 janvier 2022…

Notons que nous pouvons observer cette teinte orangée, mais de manière moins évidente, chez d’autres espèces comme la Sarcelle d’été, et dans une moindre mesure le Canard souchet ou la Sarcelle d’hiver qui hivernent en moins grand nombre en Afrique de l’Ouest.   

Texte : Philippe Carruette / Illustration : Jean Bail

Une journée ensoleillée sans vent favorise le retour des grands échassiers à la héronnière. Dès le 4 février, avec la douceur des températures, quelques Hérons cendrés étaient sur les nids. Ce sont les mâles âgés qui arrivent les premiers sur leur « donjon », paradant gorge ébouriffée et crête dressée au moindre survole d’un oiseau. 

Le 3 janvier, alors que le thermomètre affiche 15°C (!), deux mâles célibataires de Cigognes blanches bougent quelques branches sur leur nid. Un mois plus tard, 11 oiseaux sont observés, seuls ou à deux. Les bagues permettent de voir que certains couples ne sont guère fidèles (AERY est désormais avec AFFG pour les derniers potins…).  

 

Ce ne sera vraiment qu’à partir de mi-mars et surtout à la fin du mois que nous verrons arriver les autres habitants des lieux : Spatules blanches et Aigrettes garzettes, Hérons garde-bœufs  et en dernier nous l’espérons les deux couples de Bihoreaux gris. Quant aux Grandes aigrettes, deux couples se réinstallent dans la saulaie visible de loin depuis le poste 10.

Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Jean Bail