Où l’on gazouille, piaille et babille sur la vie de nos chers oiseaux

Le Geai des chênes n’est pas très abondant sur le Parc. On le connaît surtout lors de ses passages et haltes migratoires cycliques en fin d’été. Des milliers d’oiseaux peuvent ainsi venir de l’Europe de l’est, à la suite d’une bonne saison de reproduction en Baltique combinée  brutalement à une faible productivité alimentaire. Cela provoque chez ces populations nombreuses une fuite massive vers le sud-ouest de l’Europe, appelée irruption ; elle concerne surtout de jeunes oiseaux. On se souvient de ce phénomène sur le Parc en 1996, en 2012 et, dans une moindre mesure, en 2021 : des milliers d’oiseaux ont alors survolé notre littoral sans pour autant y hiverner, faute de nourriture.

À l’inverse, seul un couple de Geai niche sur le Parc, et parfois un second au fond des parkings. Vous rencontrerez cet oiseau surtout à la héronnière, où il passe en ce moment en vol, transportant des brindilles pour le nid. Il est aussi régulièrement posé sur une grosse aubépine ou au sol, à la recherche de tout ce qui « fait ventre », ce corvidé étant omnivore. Sa faible densité comme nicheur est probablement due au boisement modeste du lieu, et à la quasi absence de vieilles futaies de chênes et de hêtres sur le littoral, dont l’oiseau consomme les glands et les faînes. Il est de plus discret et plutôt silencieux en période de reproduction, lors de laquelle seule la femelle couve.  

Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Jean Bail 

Après la Panure, la Lusciniole, le Vespertilion, tous à moustaches (si, si toutes ces espèces existent !) en avril voit arriver pour un temps au Parc les Cigognes blanches à moustaches ! Ces grands échassiers sont fidèles au nid qu’ils ont construit, et avant de penser à fonder une famille, il faut restaurer le logement. Pensez donc, tout l’hiver inoccupé, les coups de vent l’ont mis à mal, surtout ces dernières années où les tempêtes sont plus violentes. 

La base du nid est constituée de branches mortes ramassées au sol, souvent sous la héronnière ou à proximité, mais certains oiseaux vont les chercher parfois bien plus loin. Le fond du nid est garni de grosses touffes d’herbes sèches et de mousses. C’est là que l’on voit la cigogne avec le bec chargé au maximum !  Mais ces matériaux, pourtant légers, sont lourds pour cet oiseau très peu musclé bien plus adapté au vol plané qu’au vol battu demandant des muscles puissants. Toutefois le nid reste rudimentaire et des plus simples ; il ne sera guère douillet pour les poussins à venir qui seront finalement sur de la terre battue par le tassement. C’est surtout le mâle qui amène les matériaux, mais les deux participent à toutes les tâches de la nidification, avec des proportions variables selon les individus.

La première ponte pour un nid à la héronnière a été notée le 18 mars cette année, quelques jours plus tôt qu’à l’accoutumée (généralement vers le 20 ou 21 mars). De nouveaux couples arrivent toujours, surtout des mâles pour l’instant (notamment un oiseau belge, deux jeunes oiseaux non bagués) et deux nids sont encore occupés par des oiseaux célibataires.

Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Jean Bail

Quelles sont les nouvelles fraiches en provenance du Marquenterre ? Les oiseaux nicheurs s’installent-ils en nombre ? Où en est la colonie de laridés ? Et la héronnière ? Les limicoles migrateurs sont-ils au rendez-vous ? Reste-t-il quelques hivernants sur les plans d’eau ? Pour le savoir, consultez le dernier comptage réalisé sur le Parc !

-> Comptage du 22 avril 2023 

L’Autour des palombes n’est guère commun au Parc. Depuis 1973, on note 22 observations, la première ayant eu lieu en 1983. La quasi totalité des données concerne des oiseaux en migration :

  • Migration prénuptiale : 5 en mars et 2 en avril.
  • Migration post-nuptiale : 4 en août et en septembre, 5 en octobre dont un mâle photographié en migration active, 1 en novembre. 
  • Hivernage : 2 observations anciennes en janvier.

Les données semblent se multiplier récemment, avec une femelle volant en compagnie de deux Éperviers le 13 avril 2022, et un mâle probable le 1er mars 2021 toujours autour de la pinède. 

Cette femelle observée et photographiée par Didier Plouchard le 11 avril a mis un peu la panique à la héronnière ! Est-ce le même oiseau qui tournait au-dessus du point de vue le 8 avril avec un mâle d’Épervier ? Il faudra être vigilant dans les semaines à venir, les 3000 hectares de massif dunaire boisé avec de nombreuses clairières étant un milieu idéal pour la nidification d’un couple. 

La densité moyenne en France dans les habitats favorables est d’un couple pour 2500 hectares ! On dénombre 10 000 couples sur le territoire national, un nombre plutôt en augmentation.

Texte : Philippe Carruette / Illustration : Didier Plouchard

Enfin ! Ce lundi 10 avril, le premier Coucou gris a été entendu sur le Parc ! Toujours très régulier (comme une horloge), il s’est manifesté deux jours seulement avant l’année dernière (12 avril). L’oiseau nous est familier, notamment pour son chant particulier, mais le connaissez-vous vraiment ?

Un nom typique

Est-il vraiment nécessaire d’expliciter le sens du nom Coucou ? Car ceux qui l’ont déjà entendu sauront retrouver en ce terme l’imitation de son chant. L’adjectif « gris » se comprend aussi assez facilement au vu de son plumage.

En latin, on l’appelle Cuculus canorus. Le premier terme (prononcer « coucoulous ») se rapporte lui aussi à son chant. On peut noter que c’est de ce mot que dérive le mot « cocu », en référence au comportement « trompeur » de l’oiseau (mais nous y reviendrons). En latin, Cuculus peut aussi signifier « imbécile » et « fainéant ». Peut-être y a-t-il là aussi un lien avec ses mœurs particulières ?

Le terme canorus signifie sonore, mélodieux. Décidément, son chant marque vraiment les esprits !

Différentes formes

Le Coucou gris est… gris. Evidemment, me direz-vous. Mais, comme souvent avec les oiseaux, ce n’est pas si simple ! Il existe en fait deux formes différentes. La forme grise « classique » et une autre moins courante, dite « hépatique ». Ce mot se rapporte au foie (comme l’hépatite, maladie du foie), et fait référence à la couleur particulière que peuvent arborer certains individus. Cette comparaison reste légèrement exagérée. Le foie est rouge sombre alors qu’un Coucou dit hépatique est roux. Il s’agit d’une variation de plumage qui se retrouve surtout chez les femelles.

Un grand migrateur

Les premiers Coucous arrivent généralement début avril. Cela marque le début d’une (trop) courte période de quelques mois où leur chant résonnera dans nos campagnes. Mais dès août, les adultes s’en vont. Se nourrissant d’insectes, ils auraient bien du mal à se nourrir chez nous une fois l’hiver arrivé. Ils partent donc rejoindre des contrées plus hospitalières : les forêts tropicales d’Afrique.

Suite aux changements climatiques, on a pu noter un léger décalage dans les dates d’arrivée en Europe : on l’observe en moyenne 5 jours plus tôt que dans les années 60. Certains passereaux* au long cours (rousserolles, phragmites…) ont une date plus précoce d’environ 6 jours. Pour comparaison, les passereaux à migration plus courte (rouge-gorge, bergeronnettes…) ont vu leurs dates d’arrivée avancées d’environ 2 semaines !

Une reproduction particulière

Le Coucou gris et son cousin le Coucou geai sont les seuls oiseaux européens parasites. C’est-à-dire qu’ils pondent dans le nid d’une autre espèce. La femelle de Coucou gris cherche dans une grande zone les nids de différents passereaux en construction. Puis elle les surveille en attendant que l’hôte commence la phase de ponte. Sitôt que les parents s’absentent, la femelle Coucou va rapidement se poser sur le nid, enlever un œuf (pour éviter que les parents ne se rendent compte qu’il y en a un en trop) puis pondre le sien à la place. Si l’endroit est trop petit, elle peut déposer son œuf au sol puis le transporter dans son bec jusqu’au nid. De cette manière, elle peut pondre une douzaine d’œufs en quelques jours. Une femelle parasitera plutôt les nids de l’espèce qui l’a élevée.

Le poussin de Coucou naît après 12 jours de couvaison, souvent avant les poussins de l’hôte. Durant ses 4 premiers jours de vie, il éjecte du nid les autres œufs et poussins jusqu’à ce qu’il reste seul. Les parents adoptifs se concentreront alors sur lui pour le nourrir pendant environ 3 semaines, y compris quelques jours après avoir quitté le nid. Durant cette dernière phase, ses appels insistants et sa gorge colorée peuvent aussi attirer d’autres oiseaux. Un même poussin peut alors être nourri par plusieurs couples de différentes espèces.

Plus de 50 espèces peuvent être parasitées par le Coucou gris comme le rouge-gorge et même le troglodyte ! Cependant, suite aux décalages de dates de migration, certains oiseaux tendent à être de plus en plus parasités. C’est le cas de migrateurs au long cours tels que les rousserolles et phragmites. Comme les espèces migrant peu ou pas commencent leur reproduction plus tôt, le Coucou arrive trop tard pour en profiter. Il se rabat donc sur les oiseaux arrivant presque en même temps que lui. Ainsi, on constate un parasitisme 2,5 fois plus élevé sur la Rousserolle effarvatte que dans les années 1960.

*Le Coucou gris n’appartient pas à l’ordre des Passeriformes (communément appelé passereaux) mais à l’ordre des Cuculiformes. Ces ordres restent néanmoins assez proches sur différents plans. Les Coucous dépendent d’ailleurs de passereaux pour se reproduire.

Texte : Quentin Libert / Illustration : Estelle Porres

Le printemps s’installe peu à peu dans les dunes du Marquenterre et, avec lui, la migration prénuptiale s’accélère ! Les premiers chants de Coucou gris et de Rossignol égaient nos oreilles, tandis que dans la héronnière, Spatules blanches et Aigrettes garzettes s’affairent au bricolage de leur nid. Côté marais, les Grèbes à cou noir s’installent gaillardement aux abords de la colonie de Mouettes rieuses et mélanocéphales, de plus en plus… bruyante. Les Barges à queue noire qui stationnent depuis plusieurs semaines dans le secteur sont chaque jour plus rutilantes ; elles auront bientôt « revêtu » entièrement leur plumage nuptial, et seront fin prêtes pour rejoindre l’Islande où elles nicheront. D’autres limicoles se joignent à la fête : Courlis corlieux, Chevaliers arlequins et aboyeurs, Echasses blanches… Quelle joie de les retrouver ! Pour en savoir plus, voici le dernier comptage effectué sur la Réserve : Comptage du 18 avril 2023.  

En ce début de saison des amours, nous avons eu la joie d’entendre une Mésange noire chanter ! Plus encore, un individu a été observé prospectant des nichoirs. Il s’agit de très bons indices d’une reproduction. Or, cela n’avait pas été observé depuis 1994 sur le Parc !

La Mésange noire est un oiseau appréciant les forêts de conifères. Son installation près de la héronnière et du point de vue, au cœur de la pinède, n’est donc pas surprenante. En France, on la retrouve surtout dans les massifs montagneux, où ces boisements sont courants. Son habitat est cependant en régression, ce qui entraîne une diminution des couples nicheurs.

Cette espèce n’est pas si commune durant la période de reproduction sur le territoire national. On estime en effet entre 500 000 et 800 000 le nombre de couples nicheurs, contre 4 à 8 millions chez la Mésange charbonnière, à titre de comparaison. La Mésange noire est nettement plus fréquente pendant la mauvaise saison. En effet, les populations nicheuses importantes dans le nord de l’Europe peuvent descendre chez nous lors des hivers rigoureux ou pauvres en graines de conifères, dont elles se nourrissent. Cela donne lieu, certaines années, à d’impressionnantes irruptions lors desquelles on peut observer un grand nombre d’individus.

Texte : Quentin Libert / Illustrations : Alexander Hiley

En ce weekend pascal, les oiseaux font leur show au Parc du Marquenterre, à l’image de ces fiers Tadornes qui roulent les mécaniques pour séduire leur belle ! La « chasse » aux œufs a débuté pour de nombreux couples qui les couvent assidument. Signalons d’ailleurs l’heureuse naissance de deux poussins de Foulques macroules, qui font la joie de leurs parents… et des visiteurs attendris. Les premières Echasses blanches sont de retour, tandis que Canards pilets et Sarcelles d’hiver nous quittent peu à peu. Pour tout savoir de ces changements printaniers, consultez le dernier comptage : Comptage du 7 avril 2023.