Tapi dans les fleurs blanches d’une Eupatoire, un redoutable prédateur attend patiemment sa proie… Syrphes et abeilles, prenez garde, car la Thomise variable (Misumena vatia) est en chasse ! 

Cette petite araignée à l’abdomen tout arrondi, à peine plus grande qu’un grain de riz, aime se poster à l’affût sur les plantes mellifères surplombant la végétation environnante. Pas besoin de tisser de toile. Les insectes gourmands, attirés par les puits de nectar, se font prendre au piège : à peine se posent-ils sur la fleur, promesse de festin sucré, que notre arachnide sort de sa torpeur ! En un éclair, elle se précipite sur une mouche crédule, l’agrippe entre ses deux longues pattes antérieures, et l’envenime. Puis elle retourne dans sa cachette mortelle, se déplaçant latéralement comme une étrille… Il faut dire qu’avec sa paire de “pinces” et sa démarche de travers, la thomise porte bien son surnom d’araignée-crabe

Mais pourquoi diable les butineurs ne l’ont-ils pas repérée ? Sûrement parce qu’elle est douée d’une capacité de camouflage imparable : l’homochromie. Elle change de couleur en fonction de son terrain de chasse ! Ainsi, sur la corolle d’une achillée, la thomise devient toute blanche, tandis que sur un solidage, sa livrée se teinte en jaune. Cette formidable transformation – qui prend tout de même plusieurs heures – est due à la sécrétion puis au transfert d’un pigment liquide dans la couche externe du corps. À vrai dire, cette faculté lui servirait davantage à se cacher de prédateurs éventuels, qu’à tromper ses proies capables de capter les ultraviolets… Quoi qu’il en soit, la belle immaculée n’aura pas échappé à notre regard comblé ! 

Texte et illustrations : Cécile Carbonnier 

L’après midi du 21 septembre, nous avons eu droit à un spectacle incroyable d’une trentaine de minutes sur le parc : la visite du balbuzard pécheur !

Ce rapace diurne est, comme son nom l’indique, piscivore et se nourrit uniquement de poisson d’eau douce ou de mer. Il est assez caractéristique avec ses longues ailes étroites et coudées, son dessous blanc pur et son bandeau noir sur l’œil.

L’individu surgit au dessus de la digue de front de mer pour venir pécher sur le plan d’eau du poste 1, réalimenté en eau (et en casse croûte) durant les dernières grandes marées.

Sa précision de pèche est impressionnante, une technique inégalée.

Il a d’abord repéré sa cible en survolant le plan d’eau à une bonne quinzaine de mètres de haut. Une fois le poisson accessible à la surface, il a plongé les serres en première ligne, les ailes repliées, la tête en avant et PLOUF : c’était l’affaire de quelques secondes.

Il immerge uniquement les pattes au moment de la capture, puis transporte son repas sur un perchoir. Ici, il avait choisi un poteau de clôture, toujours visible à la longue vue, nous n’en avons pas perdu une écaille ! Il a répété la scène une seconde fois, avant de repartir vers la baie.

C’est à partir du mois d’août que nous pouvons le voir régulièrement pécher en baie derrière la digue ou plus rarement sur les plans d’eau du parc ! Nous ouvrons l’œil ! Ce migrateur arrive tout droit des pays nordiques comme la Norvège ou l’Ecosse, mais selon les individus bagués déjà observés, ils viendraient plus souvent du nord-est de l’Allemagne !

Cette année nous en avons observé 3 en même temps sur le parc et jusqu’à 6 en baie de Somme !

 

Texte : Léa Coftier / Illustrations : Eugénie Liberelle et Léa Coftier