Point de sortie en ce moment sur le Parc sans rencontrer un Faisan de Colchide en train de défendre son territoire ou de se “promener” avec quelques poules – s’il est un coq dominant – au plumage bien plus discret. Familier des champs et des lisières de bois, visible surtout à l’automne, on oublie alors de le regarder, le considérant comme un oiseau “banal”. Pourtant en tant qu’espèce introduite, son histoire est bien plus longue que beaucoup d’autres… même s’il y a des chances qu’il provienne d’un relâcher d’élevage tout récent.

À l’origine le Faisan de Colchide – la Colchide est une région d’Arménie à l’est de la Mer Noire – niche naturellement du Caucase à la Corée, en passant par le Japon et la Chine. Les 52 espèces de faisans sont en effet tous asiatiques. Il fut introduit en France, en Italie et en Allemagne dès l’époque romaine comme oiseau d’ornement… et “invité” de marque aux fameuses orgies ! Mais c’est vraiment à partir du Moyen Âge et de la Renaissance qu’il s’est répandu en Europe.

Sa grande plasticité écologique lui a permis de coloniser tout le continent hormis les zones d’altitude et l’Europe du Nord et méridionale. Il sait tout aussi bien s’adapter aux milieux forestiers, qu’au bocage ou aux zones humides. Les adultes se nourrissent essentiellement de végétaux, mais on les a déjà vu capturer des batraciens comme le Crapaud commun.

Les dunes et marais du Marquenterre semblent parfaitement lui convenir et plusieurs couples nichent chaque année naturellement sur le Parc. C’est une des rares espèces que l’on peut considérer comme vraiment sédentaire.

Texte : Philippe Carruette

Illustrations : Alexander Hiley, Philippe Carruette

Au détour d’un regard entre les postes 1 et 2, on distingue des sortes de bogues sur les branches d’un églantier. Cet amas de tissu est bel et bien fabriqué par cet arbuste, tel un bouclier pour se protéger d’un petit hyménoptère, le Cynips du rosier (Diplolepis rosae) à la couleur noirâtre.

La femelle pond sur les bourgeons de la plante hôte, véritable pompe à sève. Les larves se développent dans une galle ou bédégar – « souffle de rose » en persan – décorée par des fils végétaux collants et chevelus lui valant aussi le nom de « barbe de Saint-Pierre ». Les larves se muent ensuite en nymphe, et c’est au printemps suivant qu’elles vont perforer le bois qui s’est formé, afin de sortir sous forme de petites abeilles.

À noter que cette espèce se reproduit par parthénogenèse, stratégie qui repose sur le développement d’individus issus de gamètes non fertilisés ; donc pas besoin de fécondation ! L’effet parasitaire de cet insecte est assez faible et n’entrave pas complètement la croissance de l’églantier.

Texte et illustrations : Florent Creignou

Tous les matins, en passant sur le sentier près de la héronnière, une Rainette arboricole a pris l’habitude de se reposer sur la tige d’une ronce morte. L’après-midi, avec la chaleur revenue, elle y est absente, vaquant à ses occupations alimentaires d’amphibien dans la végétation riche en invertébrés. Lors de nos sorties guidées en soirée, on la retrouve de nouveau reprenant son bain de soleil. 

Un point de repère pris sur la ronce montre qu’elle est fidèle à son emplacement au centimètre près, et cela depuis plusieurs semaines ! La mémoire est un élément essentiel à la survie des espèces : elle enregistre les “bons plans” tout comme les mauvaises expériences… quand elles daignent laisser la vie sauve ! Le choix d’un site d’hivernage, ou de reproduction, d’un lieu de gagnage, d’un emplacement de repos ou de halte migratoire n’est donc pas dû au hasard, et est appelé à se perpétuer parfois pour de nombreuses années. N’oublions pas que c’est une nécessité vitale de ne pas se tromper, d’analyser et de corriger ses erreurs. 

Et même (voire surtout !) pour une “simple” grenouille, ce repos solaire est indispensable, comme pour tout batracien qui est tributaire de la chaleur ambiante pour réguler sa propre température, conditionnant ainsi son activité. Ce moment n’est donc pas anodin et elle ne doit pas être dérangée par une approche trop brusque ou trop intrusive ! Profitons donc de ce bijou vert avec grande bienveillance.

Texte : Philippe Carruette

Illustrations : Alexander Hiley

TELECHARGER le comptage du 05 août  2019

En bref: plus de 6,000 Huîtriers pies sur les reposoirs du Parc, 1470 Courlis cendrés, 275 Spatules blanches, 109 Chevaliers gambettes….

Une série de contrôles de bagues vertes récentes qui nous fait bien plaisir, tant on sait combien certaines années la mortalité est forte chez les jeunes cigognes en migration !  

Six oiseaux ont été contrôlés par Jean-Michel Sauvage – merci ! – sur la cimenterie de Dannes (Pas-de-Calais) les 29 et 30 juin 2019, dans un groupe de 45 oiseaux.

  • FDMV bagué le 28/06/2018 sur le Parc.
  • FDMY bagué le 09/06/18 à Noyelles-sur-mer ; le 22 janvier dernier, l’oiseau était à Olmeda en banlieue de Madrid !
  • FHXA bagué le 31/05/2017 à Merlimont (62) ; le 27 février dernier, il était à Courcoury en Charente-Maritime dans un groupe de 144 individus.
  • FHXP bagué le 30/06/18 dans la héronnière du Parc.
  • FDMR bagué le 11/07/2017 dans le Domaine du Marquenterre.
  • FHXT bagué le 23/06/2018 sur le nid du point de vue du Parc.

On constate que de plus en plus de jeunes, au lieu de rester traditionnellement sur le lieu d’hivernage durant leur deuxième année, remontent sur les lieux potentiels de nidification alors qu’ils n’ont pas atteint leur maturité sexuelle.

Texte : Philippe Carruette

Illustrations : Alexander Hiley, Margot Tharan

Sur une tige d’oyat, un gros coléoptère se repose en ce matin d’été avec discrétion et lenteur. Un vrai bijou des dunes : c’est le Hanneton foulon (Polyphylla fullo). Ses élytres – la carapace qui protège les ailes fragiles – sont de couleur chocolat, marbrées de taches blanches du plus bel effet. Comme chez tous les hannetons, les antennes sont un éventail de 7 feuillets plus développés chez le mâle. Si on le saisit – il est vraiment inoffensif ! – on entend des “cris” aigus, comme si on passait un doigt humide sur une vitre : ce n’est que le frottement des derniers segments de son abdomen sur les élytres, comme le font aussi certains Capricornes. 

La larve est le ver blanc bien connu, qui se nourrit dans les dunes des racines d’oyats et de divers débris végétaux. L’adulte, dans sa sobriété, consomme des aiguilles de pins, la nuit, sans aucun impact sur la masse du feuillage des résineux.

C’est lors des longues soirées crépusculaires de début d’été que les mâles vont voleter autour des pins, antennes en éventail à la recherche des femelles posées. Et le lendemain matin, sur les chemins du Parc, quand nous partirons dans les postes d’observation, nous trouverons au sol les deux élytres séparées… restes déchus des amours du Foulon, qui a attiré aussi l’appétit du Faucon hobereau et des chauves-souris. Mais dans 3 ans, après 3 nymphoses, notre grassouillet ver blanc deviendra à son tour, comme pour honorer un calendrier saisonnier bien réglé, un joyau éphémère du solstice d’été !

Texte : Philippe Carruette

Illustrations : Nathanaël Herrmann, Philippe Carruette

TELECHARGER le comptage du 31 juillet 2019

En bref: Plus de 4000 Huîtriers pies en baie, 298 Barges à queue noire, 98 Chevaliers gambettes, 3 Chevaliers sylvains…

Après la floraison des Rhinanthes à feuilles étroites, le jaune est toujours d’actualité sur le Parc. Dans les dunes grises ou blanches bien ensoleillées, le Pavot cornu (Glaucium flavum) s’est épanoui. De la famille des pavots (les Papavéracées) il porte en effet une grosse fleur jaune et des feuilles bleutées aux poils rêches. Après la floraison rapide, va apparaître le fruit, une longue et étroite capsule contenant de nombreuses graines noires. 

Dans le nord de la France, la plante est essentiellement littorale mais a trouvé aussi un milieu chaud et sec original sur… les terrils du Pas-de-Calais ! Mais attention : la fleur, les graines et le latex orangé de cette belle glaucienne sont tous fortement toxiques !

Texte et illustrations : Philippe Carruette