Tenthrède ninja

Détrompez-vous, il ne s’agit pas ici d’une posture fondamentale en yoga. Cela se rapproche plutôt du comportement défensif d’un ninja. Mais à défaut de ninja dans le Parc, nous nous concentrerons sur la fausse chenille de la Tenthrède du bouleau (Nematus septentrionalis)…

Mais pourquoi “fausse chenille” ? Une chenille est une chenille, non ? Eh bien tout dépendra de son devenir, de sa transformation. Car une fausse chenille ne devient pas papillon, tandis qu’une vraie, oui.

Avant d’essayer de démêler le vrai du faux, revoyons les bases : les chenilles sont des insectes et les insectes ont 3 paires de pattes. Sur ce point, rien à redire. Mais n’avez-vous jamais eu cette réflexion, en observant une chenille, qu’elle avait finalement plein de pattes pour avancer ? Et que si on les compte toutes, il y en a bien plus que 6 ? Exactement comme Absolem ! Vous savez, cette chenille bleue dans Alice aux pays des merveilles. Fumant son narguilé, elle a de quoi nous mettre sur la mauvaise voie ! Qu’il s’agisse d’une vraie ou d’une fausse chenille, toutes ont bel et bien ces 3 paires de pattes propres aux insectes, dites “vraies pattes”, et situées à l’avant du corps, près de la tête. Et les ventouses restantes sont en réalité de “fausses pattes” servant uniquement à s’accrocher au support.

Vraies pattes, fausses pattes, fausses chenilles, vraies chenilles… Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, n’est-ce pas ? Les vraies chenilles ont donc 3 paires de pattes sur le devant, moins de 6 paires de fausses pattes, les ventouses, et deviennent des papillons. Les fausses chenilles ont également 3 paires de pattes mais à la différence des autres, elles possèdent de 6 à 9 paires de fausses pattes et ne deviennent pas papillons. Mais elles deviennent quoi alors ? Des tenthrèdes !

Ces insectes, également appelés mouches à scie, se nourrissent, pour la plupart, de pollen et ne sont pas très appréciés des jardiniers. À cause de leurs larves justement ! Ces dernières sont grégaires et vivent en colonie. On peut les retrouver par douzaine sur une même branche, voire sur le pourtour d’une seule et même feuille. Une espèce ne s’alimente que d’une seule variété de plantes. C’est pourquoi ces hyménoptères portent le nom de l’hôte qu’elles parasitent : Tenthrède du bouleau, Tenthrède de l’osier, Tenthrède du pin, du cerisier, du rosier etc. Peu nombreuses, les larves provoquent peu de dégâts et le plus souvent d’ordre esthétique ; mais en plus grand nombre, elles peuvent rapidement défeuiller une plante.

Si les fausses chenilles sont dérangées ou si elles se sentent menacées durant leur interminable repas, elles vont s’arc-bouter, leurs vraies pattes bien accrochées à la tige, et leur postérieur relevé dans les airs, tel un ninja. Si elles sont voraces et peuvent mettre en danger les plantes qu’elles consomment, la nature étant bien faite, elles seront à leur tour mangées par les oiseaux. Ils trouveront en ces insectes une bonne source de nourriture.

Texte et illustrations : Eugénie Liberelle