Pourquoi ma photo ne ressemble pas à ce que je vois ?

La lumière est rasante. Une avocette vient de se poser sur le marais. Je suis en position allongée, bien camouflé. Elle s’approche d’une autre… En contre-jour les moucherons apparaissent comme de petites étoiles scintillantes. Superbe ambiance, instant magique, elles s’immobilisent, tous les ingrédients sont là pour une photo parfaite… « clic clac » !

Déchargement des photos sur mon ordi… Grosse déception en visionnant les images !! Elles semblent « plates », sans ambiance… mais que s’est-il passé ?

Un capteur unique

L’odeur de la menthe fraiche froissée, les crapauds calamites qui chantent, la sensation de bien-être seul en pleine nature, l’humidité qui traverse le pantalon… autant d’éléments externes qui vont faire de ce moment un moment unique ! Transmettre tout cela sur une photo figée ? Impossible ! Nous possédons une multitude de capteurs : olfactifs, visuels, auditifs, sensitifs, gustatifs… l’appareil n’en possède qu’un seul ! Nous sommes donc influencés par ces informations extérieures lors de la prise de vue.

L’appareil photo est borgne

Nous avons une vision stéréoscopique, l’appareil photo n’a « qu’un œil », appelé le capteur. La photo est « aplatie » mais peut préserver une apparence de relief en jouant sur la profondeur de champ (flou en arrière-plan par exemple).

Une plage lumineuse largement diminuée

L’Homme perçoit une plage de lumière de 24 sur une échelle de 40. Quarante représenterait par exemple le soleil, zéro le noir absolu. Les appareils photo semi-pro obtiennent une plage de… 12 sur 40, seulement ! Concrètement ? Lorsque les lumières sont contrastées (contre-jour…), impossible de mettre en valeur les zones sombres et claires. Il faudra choisir ! D’où la photo ratée ou non représentatives de ce que l’on voit !

Petite astuce du photographe : le mode HDR (ou haute valeur dynamique) permet d’étendre la plage de lumière en fusionnant plusieurs images. Mais pour la photo animalière c’est plus compliqué… : « avocettes, ne bougez plus ! C’est pour la photo ! »

Un champ de vision très frustrant

Le champ de vision humain est de 180° avec une perception de 60°. Un objectif de grossissement équivalent (35 à 50 mm) a un champ de 40° ! Un peu comme si vous portiez des œillères ! D’où le grand-angle pour faire une photo d’intérieur par exemple… : avec un 12 mm on obtient un angle de 113° !

En bref, on est loin d’atteindre la performance des « capteurs humains » !

Tout cela sans parler de notre autofocus permanent, du système de nettoyage et d’étanchéité (pas en option), de la perception des couleurs, des 25 images/seconde etc…
Et en même temps, à quoi servirait la photo si elle reproduisait l’identique, une photocopieuse ?

La mission de l’art n’est pas de copier la nature, mais de l’exprimer ! Tu n’es pas un vil copiste, mais un poète. Balzac

Malgré toutes ces contraintes, il existe de nombreuses règles ou astuces pour donner vie aux images. Nous les abordons notamment lors des stages photo.