Comme chaque année, des opérations de baguage des poussins et des adultes d’Hirondelles rustiques ont lieu sur le Parc du Marquenterre et dans les environs, chez les particuliers. Les couples nichent sur les bâtiments techniques en arrière du pavillon d’accueil. Toutes les portes en bois sont munies de petites ouvertures permettant maintenant à plusieurs couples de s’installer. Certaines de ces ouvertures ont été réduites, du fait du passage nocturne d’une Chouette hulotte – qui niche avec succès dans les combles du pavillon, et qui prédate les nids et les oiseaux volants !

Les jeunes sont bagués à 11 jours et les adultes au filet. Nous allons aussi baguer des familles dans les villages des environs où cette espèce menacée semble un peu plus nombreuse qu’à l’accoutumée, grâce probablement à un printemps propice. Les adultes nicheurs présentent en effet une adiposité favorable, ce qui était vraiment rare ces dernières années.

Bien peu de jeunes et d’adultes reviennent l’année suivante. Néanmoins, en 2018, un jeune bagué à Canteraine (Rue) trois ans auparavant vint nicher sur le Parc. N’oublions pas que ces messagères de printemps nous reviennent d’Afrique centrale, alors laissons-leur une petite place dans notre environnement…

Texte et illustrations : Philippe Carruette

Samedi 8 juin, au lever du jour. Les vents se déchaînent depuis la nuit, atteignant certainement plus de 100 kilomètres par heure. La traîne de la tempête Miguel, qui a sévi sur la côte atlantique, est cette fois pour nous. Dès le portail d’entrée du Parc, branches et feuilles recouvrent le chemin routier. C’est la gorge serrée que les équipes du Marquenterre font le premier tour des parcours pour dégager les sentiers des saules tombés. La pluie redouble d’intensité, les arbres craquent.

A la héronnière, aucun adulte de grands échassiers n’est présent, trop de vent pour se tenir statique sur les nids. Plus de 200 spatules sont « tassées » sur le premier plan d’eau en bas du point du vue, alors que des cigognes adultes s’abritent près du poste d’observation. Les poussins, seuls, se massent sur les nids. Les jeunes Aigrettes garzettes, presque volantes, appliquent une remarquable technique de protection : accrochées à une branche le long d’un tronc grâce à leurs doigts, elles se recroquevillent sur elles-mêmes, comme de véritables boules de neige duveteuses. Et elles tiennent ! Sur les parcours, les nids d’Avocettes, mouettes et échasses en bord de berge subissent les vagues du clapot et se recouvrent d’écume ; certains sont submergés.

Entre les postes 11 et 12 la plateforme accueillant un nid de cigogne avec deux poussins n’est plus visible. En accédant au site en fin de matinée, on découvre au sol les jeunes bien vivants, enfouis sous les branches du nid qui s’est écroulé sous la force des rafales. La nuit a dû être longue pour eux !

Ces deux poussins vont être nourris et gardés trois jours, le temps de bien faire les choses. Mardi, tôt le matin, la plateforme est redressée, haubanée, et les cigogneaux retrouvent leur nouveau nid douillet (merci Jérôme pour le foin !) ; poissons et viande sont aussi déposés. Les adultes sont-t-ils encore là ? Le stress leur a-t-il fait quitter les lieux ? A midi, de retour des postes, Margot Tharan, guide au Parc, observe avec joie un des adultes sur le nid, qui « papouille » ses petits ! Ils ne les ont pas oubliés ! Le 22 juin les deux jeunes – dénommés Daurade et Cabillaud – sont bagués par leurs sauveuses. Ils porteront les bagues vertes FHXW et FHXZ.

Nous avons réussi mais c’était loin d’être gagné ! Face au risque de se tromper, d’être discrédité, d’entendre « c’est la nature », « c’était écrit » ou « on te l’avait dit que ça ne marcherait pas »… Décider simplement d’agir sans avoir le doute du choix face à celui de l’immobilisme. La vie est toujours plus forte…

Merci à Amandine, Laëtitia et Cécile, pour avoir ramené les poussins, à Cédric, Francis et Clément pour avoir redonné un nid à ceux qui l’avaient perdu.

Texte : Philippe Carruette

Illustrations : Philippe Carruette, Gaëlle Micheli

Le 27 mai dernier, Pierre, guide naturaliste et photographe au Parc, a pu prendre une série de clichés d’un mâle chanteur de Phragmite des joncs, à proximité de l’observatoire n°12. Sur ordinateur, il a été possible de lire et de reformer le numéro complet de la bague : il s’agit d’un oiseau qui a été bagué au Parc par Adrien, guide et bagueur, dans le même secteur le 18 juillet… 2012 ! A l’époque, l’oiseau était un jeune de l’année.

Les Phragmites des joncs hivernent au sud du Sahara, à plus de 4000 km de la baie de Somme. Cet individu, du haut de ses 10 grammes, a donc effectué 14 trajets entre Europe et Afrique… soit plus de 56 000 km !

Texte : Adrien Leprêtre

Illustrations : Alexander Hiley, Pierre Aghetti

Nous sommes habitués au Parc à croiser le chemin de cigognes nées en Belgique, aux Pays-Bas, en Normandie… Mais la surprise fut grande l’été dernier !

Lors d’une sortie estivale le soir du mercredi 18 juillet 2018, trois Cigognes juvéniles se posent devant notre groupe. Elles sont munies de bagues Darvic blanches BEWM, BEWN, BEWP. Celles-ci sont toutes neuves, et les oiseaux, ailes pendantes, ont l’air bien épuisés. Ces bagues sont françaises et on pense aussitôt aux quelques nids du Pas-de-Calais et du Nord. Or pas du tout ! Les trois oiseaux de la même couvée ont été bagués le 5 juin 2018 poussins, à 7 semaines, par Jean-Claude Barbraud en… Charente Maritime à Hiers-Brouage dans le marais de Brouage, le département français où niche à l’état sauvage le plus grand nombre de Cigognes blanches.

Qu’est-ce qui les a poussés à remonter au Nord, alors qu’à la mi-juillet tous ces juvéniles filent droit vers les Pyrénées et l’Espagne ? Un coup de vent violent ? Du brouillard qui empêche de voir les astres, et donc de s’orienter visuellement ?

Ils ne seront pas revus le lendemain où le beau temps revenu a dû les remettre sur la bonne route, direction le Sud ! Comme quoi les cigognes charentaises ne sont pas… pantouflardes !

Texte : Philippe Carruette

Photo : Valentin Faivre

Les premières séances de baguage ont permis la capture de Fauvettes à tête noire – ou à tête marron, qui est l’apanage des femelles ! C’est un des passereaux les plus bagués de France, avec plus de 50000 individus attrapés, pesés, mesurés.

Elle compte parmi les oiseaux les plus abondants du pays – entre 5 à 10 millions de couples. Rare exception chez les passereaux, ses effectifs sont en augmentation, une caractéristique des espèces généralistes à tendance forestière.

On sait que nombre de nos oiseaux nicheurs vont hiverner dans le sud de l’Espagne, au Portugal et au Maghreb, notamment dans les oliveraies et les orangeraies ; que nombre d’oiseaux du Benelux, de Scandinavie, d’Angleterre traversent notre région. Mais avec les changements climatiques cette espèce modifie vite ses comportements. D’où viennent les oiseaux qui hivernent de plus en plus dans notre région nordique ? Sont-ils locaux, ou bien viennent-ils d’Allemagne ou d’Autriche, comme c’est le cas en Angleterre ? Les données de baguage nous délivreront peut-être ces précieuses informations.

Texte : Philippe Carruette

Illustrations : Alexander Hiley

Au moins trois mâles de Gorgebleues à miroir (Luscinia svecica) chantent sur le Parc le long des sentiers. Perchés en haut des saules, ils se tiennent parfois à deux ou trois mètres des visiteurs en ces jours très fréquentés du Festival de l’Oiseau, dont ils sont une des stars. Les postes de chant constituent un des éléments essentiels dans l’installation du territoire du mâle et dans la formation du couple.

Un des oiseaux chanteurs est bagué. En recoupant les différentes photos prises ces derniers jours (merci à Dominique Delfino et Caroline Keup) le soliste est reconnu ! C’est un mâle bagué par Adrien Leprêtre, guide naturaliste du Parc, au nord du Marquenterre le 8 août 2018. Et on sait, grâce aux données du baguage, que les virtuoses adultes quittent le territoire de nidification relativement tôt pour partir en migration vers l’Afrique du Nord et de l’Ouest (Sénégal, Niger, Mali). La vie des artistes en tournée !

Texte : Philippe Carruette

Illustration : Caroline Keup

Nous vous avons donné récemment des nouvelles de cigogneaux bagués au parc et hivernant en Espagne, dans le Calvados et même dans l’Ain. Mais le Marquenterre attire aussi des “touristes” et même plus si affinités !

Ainsi à la héronnière une nouvelle venue, un mâle, accouplé avec une femelle non baguée, vient d’arriver. Il porte une bague blanche marquée APXA. On lui a passé “l’anneau au tarse” à Bouquelon dans le marais Vernier dans l’Eure le 25 mai 2011. Le 20 septembre 2013 et le 26 août 2017, il était sur la décharge de Zaluga à Saint-Pée-sur-Nivelle.

Et le bagueur n’est autre que Géraud Ranvier, un ancien guide naturaliste du parc. La boucle est bouclée… !

Texte : Philippe Carruette

Illustration : Eric Penet

Chaque jour voit arriver des Mouettes mélanocéphales au poste 1. Grâce aux bagues colorées on connaît, dès leur première nidification sur notre littoral en 1994, leur étonnant comportement d’“oiseau gitan” qui parcourt l’Europe.

Après une observation jusqu’alors inédite, en Norvège, d’un oiseau bagué à la Maison de la Baie, voici pour la première fois et en exclusivité une Allemande sur le Parc ! L’oiseau (bague verte ASRJ) a été bagué poussin le 10 juin 2016 sur les gravières de Rehbach près de Leipzig à l’est de l’Allemagne. Le 20 septembre 2016 elle était déjà en France au Cap Blanc-Nez où elle resta jusqu’au 11 octobre. Le 7 janvier 2017, séjour « thalasso » en Bretagne sur la plage de Plouézec dans les Côtes d’Armor jusqu’au 7 février. Le 26 juin 2018 elle est dans le Dorset sur la réserve de Lodmoor de la Société Royale de Protection des Oiseaux. Un petit tour dans la Manche à Saint-Pair-sur-Mer le 5 juillet, pour un retour à Boulogne-sur-Mer le 11 août 2018. Le 18 mars 2019 nous la croisons au Parc. Vielen Dank !

Les voyages forment la jeunesse… et nous font rêver… d’avoir des ailes !

Texte : Philippe Carruette

Illustrations : Benjamin Blondel, Steve Holliday