Voilà un insecte coléoptère facile à reconnaître : le Clyte bélier  (Clytus arietis). Ses élytres jaunes et noires, qui protègent les ailes cachées en-dessous, sont bien visibles, le faisant ressembler à une guêpe. Ce déguisement est un bon moyen de dissuader les prédateurs, alors qu’il est totalement inoffensif : en un mot, un s’agit de paraître « méchant » quand on est un vrai « gentil » ! Le Clyte bélier se nourrit en effet sur les fleurs de pollen et de nectar, et ne tient pas en place, exactement comme son (top) modèle – à la taille de guêpe – carnivore, agitant ses antennes pour faire encore plus vrai ! On ne fait jamais à moitié son rôle d’imposteur ! 

L’adulte est visible de mai à août. Les larves se développent dans le bois mort durant deux ans. Il est commun en France. Un individu était présent sur le Parc le 6 juin 2021, un autre le 14 juin ; cette espèce avait déjà été mentionnée en 2019 par Romane Sauleau, guide naturaliste du littoral, dans son inventaire dans le cadre de son rapport universitaire sur les Cérambycidés

Texte : Philippe Carruette / Illustration : Cécile Carbonnier

Les premières nichées d’Hirondelles rustiques commencent à bien grandir. C’est le moment idéal pour baguer au nid ces grands poussins, pas trop petits car la patte serait encore trop courte, et surtout pas trop grands car les jeunes pourraient quitter prématurément le nid ! Quatre couples nichent dans les ateliers du Parc dont les portes sont munies d’ouvertures conçues à leur intention par l’équipe d’entretien : merci Francis et Cédric ! Plus rarement, elles peuvent s’installer à l’extérieur, sous le porche du pavillon d’accueil, ou parfois même dans les postes d’observation. Les adultes sont bagués rapidement au filet, uniquement au moment du nourrissage. On leur laisse bien entendu toute tranquillité pendant la couvaison et lors de leur arrivée sur le Parc, en mars, après un bien long voyage. 

Généralement, seuls 20 à 30% des individus sont retrouvés d’une année sur l’autre. Quand on connaît la fidélité des oiseaux adultes à leur site de nidification, cela laisse supposer la forte perte en migration et sur les sites d’hivernage d’Afrique centrale. Quant aux jeunes, ils ont tendance, en très grande majorité, à ne pas revenir sur leur lieu de naissance, colonisant ainsi de nouveaux secteurs, ce qui facilite le brassage des populations. Des Hirondelles rustiques seront également baguées dans les fermes et chez les particuliers aux alentours du Parc, dans le cadre du programme du CRBPO (Centre de recherches sur la biologie des populations d’oiseaux) du Muséum de Paris. Si vous trouvez un oiseau mort bagué, n’oubliez pas de renvoyer l’information – libellé complet de la bague, lieu, espèce présumée, date, cause de mortalité… – à bagues@mnhn.fr. Bien trop de bagues trouvées par des personnes sont perdues, nous privant d’importantes et précieuses informations naturalistes !

Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Alexander Hiley, Philippe Carruette

À l’entrée du Parc, sur les pelouses dunaires rases – dunes grises intérieures – on peut rencontrer une bien étrange plante : l’Orobanche du gaillet (Orobanche caryophyllacea). Elle a l’aspect d’une tige morte aux couleurs marron miel, du fait que ses feuilles sont réduites à des écailles triangulaires. Et elle n’est jamais verte, puisque que comme toutes les orobanches, c’est une plante qui ne synthétise pas la chlorophylle. 

Elle a en effet perdu son autotrophie, c’est-à-dire la capacité de puiser ses éléments nutritifs dans son seul milieu naturel, et doit se développer aux dépens d’une autre plante hôte. Les petites graines d’orobanche sont très nombreuses et émettent après la germination une pousse à l’aspect de racine, qui se fixe rapidement sur celle des Gaillets – souvent croisettes ou jaunes dans les dunes – pour prélever les indispensables éléments nutritifs.

Pour se faire néanmoins “pardonner” son côté parasite, elle émet un doux parfum d’œillet ou de clou de girofle, selon les nez ! Du fait de son habitat spécialisé, elle reste localisée sur le Parc et en Picardie. Profitons de cette éphémère “magicienne profiteuse” car elle va vite disparaître, sa floraison ne dure qu’une quinzaine de jours.

Texte et illustration : Philippe Carruette

Le Paon-du-jour (Aglais io), voilà un des papillons diurnes les plus communs de notre région. Il est aisément identifiable à sa couleur orangée avec ses ocelles sur les ailes, qui rappellent celles des plumes de la queue du paon, l’oiseau cette fois-ci ! À l’inverse, leur revers brun fait penser à une feuille morte, facilitant son mimétisme au repos. 

Peu exigeant, il butine une grande variété de mets sucrés : nectar trouvé sur les chatons de saules ou sur les pissenlits, sève des arbres ou, comme son cousin le Vulcain, fruits blettes. Les œufs, au nombre de plusieurs centaines, sont pondus au revers des feuilles d’ortie ou de houblon sauvage, et éclosent au bout de deux à trois semaines. La chenille est moins connue. À son stade définitif, elle est noire brillante ornée de points blancs avec des rangées de soies éperonnées – mais non urticantes – lui donnant une allure de fil barbelé en perpétuel mouvement.

Le Paon-du-jour hiverne à l’état adulte pour les individus de la deuxième génération estivale. C’est bien lui que vous voyez à l’automne tenter de rentrer dans vos dépendances ou même dans votre maison pour trouver un lieu d’hivernage tempéré. C’est lui aussi qui, avec le papillon Citron, sera un des premiers de sortie, parfois dès fin février.

Pensez à laisser quelques touffes d’ortie dans votre jardin pour le Paon, et pas que : en soupe ou en quiche avec des lardons, c’est aussi sympa pour nous ! Il est certes encore commun mais des cantons suisses ont décrété sa protection au vu de sa baisse drastique…

Texte : Philippe Carruette / Illustration : Benjamin Blondel