A un mètre du sol, dans un petit trou soigneusement creusé dans un saule tout près du chemin niche un joli petit oiseau…. familier pour certains mais bien plus rare pour d’autres !

Chez nous, comme dans la plupart des régions de France, la Mésange huppée se laisse observer assez facilement dans les bois, forêts ou même dans les jardins. Elle a une préférence pour les conifères où elle recherche activement les petits insectes ou araignées, souvent en compagnie d’autres petits passereaux sylvestres tels que grimpereaux, roitelets ou d’autres mésanges. Peu craintive, souvent loquace et ornée d’une huppe caractéristique, elle égaie en déambulations sur les branches de pins du  Parc ou ailleurs.

Chez nos voisins  britanniques par contre, la Mésange huppée est loin d’être monnaie courante (ni en Euros ni en livres sterling !), car elle est confinée aux très anciennes forêts de résineux dans un petit coin des « Highlands », au nord de l’Ecosse. Avec un simple « channel » en séparation,  il est donc beaucoup plus facile alors pour les birdwatchers anglais de faire connaissance avec ce charmant petit oiseau ici plutôt qu’ailleurs.

La Mésange huppée fait partie d’un trio d’espèces particulièrement recherchées par nos amis britanniques si passionnés d’ornithologie. Avec la Gorgebleue et le Pic noir, elle confirme sa place dans les  « best of » du Parc, ceux qui sont rares ou même complètement absentes de la Grande Bretagne. Alors, envie de vous faire payer une bière ? (excellentes et bien différentes de nos « espèces » locales) alors il faut les emmener observer une de ces trois spécialités de chez nous ! Mais attention, ne parlez que des oiseaux, le Brexit n’est vraiment pas leur tasse de thé
!

Grâce à une image de Thomas Pesquet publiée sur les réseaux sociaux la semaine dernière, la superposition d’une vue plus ancienne (2012) illustre l’impressionnante dynamique de l’estuaire ! Ces mouvements de la baie ont un impact direct sur la distribution spatiale des oiseaux (entre-autres) sur le territoire mais aussi spécifiquement sur le Parc du Marquenterre.

 

Superposition de 2 images (Pléiades 2012-Thomas Pesquet 2017 ESA) :

Voir une autre superposition d’image (le parc 1982-2013)

Présent depuis le 4 mars 2017, le Grèbe esclavon souvent observé au poste 6, revêt son plumage nuptial. Son œil rouge (comme le Grèbe à cou noir ) se voit prolongé d’une dense aigrette orangée du plus bel effet sur la tête noir et le cou roux. La marque blanche à l’extrémité du bec devient bien visible sur le bec sombre et droit.  Il est le plus « gros » (400 grammes) des trois petits grèbes.

Cette espèce niche en Scandinavie, Russie et bords de la Baltique avec quelques petites populations isolées en Islande et en Écosse. Il est peu abondant en hivernage en France avec 300 à 500 individus principalement sur le littoral Manche-Atlantique, et reste peu fréquent en Picardie tant sur le littoral qu’à l’intérieur des terres. Le Grèbe esclavon avait déjà été observé en plumage nuptial à une date tardive sur le parc du 17 au 24 mai 2007.

Photographies du Grèbe esclavon en plumage nuptial ci-dessus et internuptial (25 mars) ci-dessous. Merci Fred Denis pour ces images !

[TELECHARGER] le comptage du 26 avril 2017

En bref: 96 Avocettes élégantes, 7 Petits Gravelots, 62 Fuligules morillons, toujours 1 Grèbe esclavon…

Avril voit revenir dans les prairies du parc les Courlis corlieux. Ils ont passé l’hiver dans les mangroves de Guinée-Bissau ou de Casamance.  Ils vont remonter nicher dans les tourbières d’Écosse ou dans la toundra et les landes d’altitude scandinaves. Choc des paysages, des biotopes, en un temps ultra record !

Tout comme les Barges rousses, il est vrai que ces oiseaux sont capables de faire Sénégal-Picardie en une trentaine d’heures,  volant de jour comme de nuit ! Son cri en vol est moins fluté que son grand cousin le Courlis cendré et ressemble à une sorte de rire saccadé et roulé « hi hu huhuhu hu ». Leurs haltes migratoires sont souvent de bien courtes durées, juste pour grappiller quelques invertébrés dans nos prairies ou celles des polders allemands ou hollandais.

Cette espèce en Europe de l’Ouest est intimement liée aux zones de prairies pour ses haltes migratoires. La régression nette de l’élevage extensif sur nos côtes et marais arrières-littoraux a fait fortement baissé ses stationnements.

Photo: Kevin Wimez

Sur les pentes sablonneuses exposées au soleil, une intense activité se déroule. De petites abeilles patrouillent au ras du sol et si vous les suivez attentivement, vous en verrez certaines s’enfouir dans le sable. Mais que font-elles ? Ce sont des abeilles solitaires du genre Colletes (Colletes cunicularius). D’une taille relativement grande, elles sont facilement reconnaissables (13-15 mm) surtout parce qu’elles apparaissent bien plus tôt que de nombreuses espèces, dès le mois de mars.

Ainsi ces abeilles creusent leur terrier dans le sol sablonneux. Elles y déposeront dans quelques temps un œuf tout au fond de cette profonde galerie. Avec cet œuf sera également déposée une abondante provision de nectar et de pollen, tout cela en prévision de la future larve à nourrir.

Mais en compagnie de ces abeilles solitaires besogneuses, peut-être remarquerez-vous un autre hyménoptère (insecte dit à « taille de guêpe »), très reconnaissable par son abdomen rouge. C’est aussi une abeille solitaire mais de celle qu’on appelle « abeille-coucou ». En effet cette espèce, la Sphécode à labre blanc (Sphecodes albilabris) parasite spécifiquement notre abeille Colletes cunicularius. Cette intruse va pénétrer dans le terrier, dévorer l’œuf pondu et pondre le sien à la place. La future larve y trouvera la « table mise », nourriture qui était à l’origine prévue pour la larve de Colletes.

Si vous découvrez l’existence des abeilles solitaires, sachez qu’en plus ce sont les plus nombreuses ! 90% de nos abeilles sauvages sont des abeilles solitaires !

Photos: Vincent Caron