Fin juin, la campagne de baguage au nid des poussins de Cigogne blanche bat son plein au Parc. Certains poussins, dans la héronnière par
exemple, ne pourront être bagués pour la sécurité des oiseaux… et du bagueur ! Mais ceux qui sont plus accessibles et surtout moins succeptibles au dérangement, sont bagués systématiquement,
avec l’aide des guides naturalistes.

Les cigogneaux sont pesés et mesurés. Le bagueur  leur pose une bague métal numérotée. Une bague plastique de couleur blanche avec 4 lettres noires est rajoutée à l’autre patte
pour permettre l’identification à distance des individus. Les jeunes sont bagués à 6 ou 7 semaines quand la patte est bien développée et qu’ils commencent à se mettre régulièrement debout sur le
nid.

On sait que la majorité de « nos » jeunes cigognes « picardes » hivernent dans le sud de l’Espagne et du Portugal (région de Faro). D’autres vont au Mali, en Mauritanie ou au
Niger. Pour cela ils longent les côtes françaises ou passent à l’intérieur par la Mayenne, l’Indre et Loire, l’Allier.  Relativement peu de jeunes nés en Picardie reviennent nicher chez nous
après avoir hiverner théoriquement deux ans au sud.

Malgré le printemps froid la nidification reste correcte cette année avec souvent 3 ou 4 jeunes par nid. Le nombre de poussins est totalement tributaire des ressources alimentaires. La base
du régime alimentaire est composée de rongeurs, batraciens et insectes mais tout ce qui circule sur le sol ou dans l’eau à proximité du bec est une proie potentielle.

Tous ces poussins partiront en migration dans trois ou quatre semaines, sans les adultes. Une partie de ces adultes partiront à partir de la mi-août après avoir effectué leur mue. Tous ont
impérativement besoin des courants d’air chaud pour pouvoir utiliser leur économique vol plané.

 

Texte: Philippe Carruette (Responsable pédagogique)

Photos: Alexander Hiley, Céline Verley (Guides Naturalistes)

 


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Rare observation sur le parc de cet étonnant insecte qu’est la courtilière, appelée aussi le grillon-taupe de par ses principales
caractéristiques. Le corps robuste possède une paire de pattes antérieures fouisseuses d’une dimension et d’une puissance exceptionnelles qui font penser à celles de la taupe. Ces véritables
pelles, armées de dents coupantes, sont capables de couper toutes les racines qu’elles trouvent sur leur passage en creusant des galeries. La courtilière affectionne les milieux humides, les
terres légères et sablonneuses et a un mode de vie nocturne ce qui la rend très discrète. En Picardie, la courtilière est très peu observée. 

 

Courtilière Lucie Moral

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Texte et photos: Lucie Moral (Guide Naturaliste)

Cet impressionnant combat entre deux mâles de Grèbes huppés a eu lieu le 27 mai dernier. Nous avons déjà vu des accrochages entre couples de Grèbe huppé mais qui restaient brefs et sous forme de
poursuites, mais jamais un tel pugilat de mâles (plus colorés que les femelles).

Cette année 6 couples sont présents sur le site et la nourriture, du fait du printemps trop longtemps froid, est plus rare. Cela donne une forte agressivité des couples, du retard dans la
construction de nids (2 nids pour l’instant) et probablement une agressivité exacerbée des couples.

Lors de cette confrontation une Foulque est intervenue à point nommé…. pour défendre elle aussi son territoire alimentaire même si les deux espèces ont un régime alimentaire totalement
différent. 

 

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Texte: Philippe Carruette (Responsable pédagogique)

Photos: Jean Bail

Entendu fréquemment mais observé plus difficilement, le Coucou gris arrive dans notre région en avril et repart vers l’Afrique tropicale très
tôt (dès juillet). Pour ceux qui ont la chance de le voir pendant son bref séjour c’est souvent une observation furtive d’un oiseau gris en vol avec une longue queue et ailes pointues, tout comme
un petit rapace. 

Exceptionnellement le Coucou n’est pas gris…mais roux. Chez certaines femelles, la coloration grise est remplacée complètement ou partiellement par une teinte rousse caractéristique (type
« hépatique »).  Les individus de cette « phase » sont notés tous les ans au parc mais rarement capturés en photo !

Gris ou roux, les coucous ont, bien sûr, un mode de reproduction très particulier puisqu’ils pratiquent le « parasitisme ». En effet, en pondant ses œufs dans le nid d’une autre espèce
le coucou fait supporter à l’hôte une grande partie des dépenses énergétiques liées à la reproduction. Parmi les espèces souvent parasités dans notre région on trouve la Rousserolle effarvatte,
le Pipit farlouse, l’Accenteur mouchet… Uniquement les petits passereaux sont parasités avec succès. 

Au cours du printemps le coucou peut arriver à une ponte totale de plus de 20 œufs ! Les œufs ne sont pas proportionnels à la taille de l’adulte et ressemblent souvent à ceux des hôtes. La
femelle de coucou surveille discrètement et profite de l’absence des hôtes pour pondre son œuf rapidement. Mais attention, pas question de laisser la moindre trace de son geste. Afin que les
hôtes ne soupçonnent rien, elle mange ou éjecte un des œufs déjà présents. Le nombre d’œufs total dans le nid reste donc le même…

Le poussin de coucou éclôt en avance sur ceux de l’hôte et, grâce a sa grande taille et sa croissance rapide, il jette les autres œufs ou poussins en dehors du nid pour se favoriser (sa peau ne
supporte aucun contact pendant deux ou trois jours). Les parents le nourrissent alors comme leur propre jeune. Quelque soit la réaction que provoque ce comportement unique, l’on ne peut pas nier
que le coucou est un de nos oiseaux les plus spécialisés.

 

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Texte: Alexander Hiley (Guide naturaliste)

 Photo: Jean-pierre Gennotte

Un couple de Tourterelle turque niche pour la première fois au parc en mai 2013 dans la pinède proche du pavillon d’accueil. Elle n’était
noté avant qu’en migration et nichait au plus près dans le hameau du Bout des Crocs à l’entrée du parc. Originaire d’Asie et du Proche-Orient cette espèce a colonisé toute l’Europe en à peine 50
ans. En France le premier oiseau a été noté dans les Vosges en 1950, et la première nidification remarquée en Champagne en 1952. Elle arrive à Amiens en 1957 et à Abbeville en 1961, gagnant les
villages de la Somme à la fin des années 1960. Commensale de l’Homme on voit que cette espèce petit à petit colonise des milieux de plus en plus naturels.

Un couple d’Ouette d’Egypte, à la grande surprise des guides (un couple n’avait été observé que du 26 février au 23 mars), est vu avec 7
poussins d’un jour le 29 mai. Cette espèce est présente naturellement en Afrique au Sud du Sahara et en Egypte où on la retrouve sur les hiéroglyphes. Elle fut introduite comme oiseau d’ornement
aux Pays Bas, Belgique, Allemagne, Grande Bretagne où maintenant plusieurs milliers de couples nichent.

En 2006 23 couples nichent en France (Alsace, Lorraine, Pas de Calais…) avec une première nidification à Caen en 1985. En 2011 se sont 116 à 152 couples qui se reproduits dont 1 à 3 couples dans
l’Aisne. Elle a niché avec succès près de Rue en 2007 et 2010.

 

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Texte: Philippe Carruette (Responsable pédagogique)

Photos: Jean Bail

Voilà deux images vraiment pas évidentes à saisir sur le parc… La Bouscarle de Cetti est certes photogénique avec son plumage soyeux mais le mannequin n’est pas du genre
« people » ! Pourtant elle est d’origine méditerranéenne. Croisette et Promenade des Anglais elle connaît… du moins il y a quelques années quand le paysage était, disons plus
« sauvage » !

La bouscarle est arrivée dans la Somme dans les années 1960 pour devenir un nicheur régulier dans les années 1970. Les effectifs ont été fluctuants en fonction des vagues de froid pendant 30 ans,
décimant les populations qui ont pu revenir. Mais aujourd’hui malgré les quatre derniers hivers froids la petite « brunette » s’est adaptée au climat picard ! Son observation reste
malaisée car l’oiseau passe le plus clair de son temps au cœur des zones buissonnantes. Toutefois son cri d’alerte entonné par les deux sexes est inoubliable. Un brusque et très sonore
« pipich tipich tipitch » lancé à la va-vite faisant sursauter le promeneur plongé dans une rêverie toute naturelle le long des sentiers… ! Comme le rossignol ou le troglodyte, la
discrétion du plumage doit être compensé … par une voix de ténor !

Au fait, qui était Cetti ?! : Francesco Cetti était un jésuite italien (1726-1778) mathématicien et surtout naturaliste. Il décrit la bouscarle pour la première fois en 1774 dans un ouvrage
sur la faune de Sardaigne, mais l’espèce ne sera nommée officiellement par Jacob Temminck (le bécasseau…) qu’en 1820 ! Quant au joli nom plein de soleil de bouscarle, il vient du provençal
« bouscarlo » désignant un oiseau aimant bosquets et fourrés.

 

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Texte: Philippe Carruette (Responsable pédagogique)

Photos: Alain Bobillier


La Fauvette des jardins porte bien mal son nom. Elle est surtout commune comme nicheuse en forte densité dans les jeunes forêts humides de plaine (chênaies-charmaies) ou les aulnaies d’altitude
au taillis sous futaie important.

Contrairement à son nom vernaculaire en français, anglais, néerlandais ou allemand, elle ne fréquente que très peu les jardins. Un individu probablement encore en migration vers le nord, vu sa
forte adiposité, fut capturé et bagué en soirée dans un jardin de Rue le 14 mai 2013. C’est le deuxième oiseau de cette espèce bagué dans ce jardin. Le premier le fut le 1er juin 2011
en soirée également. La plaque incubatrice (absence de plumes sur le bas-ventre pour permettre à la femelle et au mâle pour cette espèce de couver les œufs avec la peau très vascularisée)
laissait là plus penser à un nicheur local de milieu boisé tout proche.

Grande migratrice transsaharienne, la Fauvette des jardins hiverne en Afrique tropicale et équatoriale. L’espèce n’est vraiment pas évidente à déterminer du fait qu’elle a un plumage
brun-gris très neutre sans aspects marquants.

 

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Photo: Alexander Hiley (Guide Photo naturaliste)

Texte: Philippe Carruette (Responsable pédagigique)