Le voyage des Belles-Dames

Les oiseaux sont connus pour leurs migrations… et on ne parle que de “ça” en ce moment sur le Parc, avec le retour des migrateurs nordiques dès la fin juin, notamment les limicoles. Mais ils risquent de se faire un peu voler la primeur par des compétiteurs encore plus étonnants, avec ces vents de sud en provenance du Sahara !

En effet, les papillons Belles-Dames (Vanessa cardui) remontent vers le nord. Après des conditions favorables en Afrique, notamment des pluies sur la zone sahélienne, les émergences plus tardives qu’à l’habitude sont légion. Ce sont alors des millions d’individus qui vont traverser le désert, la Méditerranée, et gagner toute l’Europe. Certains arriveront jusqu’en… Islande !

Prodigieux voyage de milliers de kilomètres qui se voit dans la voilure usée des individus clairs et assez petits que vous pouvez observer sur vos lavandes dans les jardins, ou en vol, plein nord, au-dessus des champs et des dunes. En 1996, des papillons marqués en Algérie ont été retrouvés quatre jours plus tard dans le sud de l’Angleterre. Par vent favorable, les insectes peuvent voler à 30 km/heure et parcourir près de 500 kilomètres par jour !

La dernière grande “invasion” dans notre région date de 2009 où près de 20 individus par minute étaient comptés sur le Parc au point de vue, et où des milliers de Belles-Dames étaient observées par Christophe Lebrun (ancien guide du Parc) longeant la départementale à Quend. Après s’être reproduits dans notre région – ils pondent sur les chardons, mauves et orties – ces insectes vont mourir. La génération suivante, plus grande et colorée, pourra remonter plus au nord ou repartir vers le sud pour y hiverner.

Texte : Philippe Carruette

Illustrations : Philippe Carruette, Nathanaël Herrmann