La grive et l’escargot

Tandis que nous cheminons sur le sentier sablonneux du Parc, une bien étrange pierre, émergeant à peine du sol, attire notre attention : brillante et visqueuse, elle est entourée d’un amas de débris de coquilles d’escargots. Des dizaines de gastéropodes semblent s’être littéralement éclatés sur le caillou rond…

Nous n’avons pas à patienter bien longtemps pour découvrir l’auteur de ce forfait : il s’agit de la Grive musicienne. La belle se pose devant son “enclume” préférée, un escargot coincé dans le bec, et se met alors à le frapper vigoureusement contre la pierre ! Saisi par le bord externe de son “armure”, le mollusque ne résistera pas longtemps face à la force de l’oiseau et à l’efficacité redoutable de l’outil proéminent.

La coquille enfin brisée, la grive se saisit du corps nu de l’escargot, et s’en va le frotter dans l’herbe – et non le frotter à l’ail ! – pour ôter les petits grains de sable indigestes. Et hop ! elle avale le délicieux gastéropode… avant de s’en retourner vers la haie de saules qui abrite l’escargotière sauvage.

Ce comportement, observé plus souvent en hiver lorsque les sols sont gelés et les vers inaccessibles, est l’apanage de la grive. Ainsi, lorsque vous trouverez non loin de chez vous une pierre, une racine, une motte de terre sèche jonchées de coquilles d’escargots cassées, vous saurez qu’une musicienne rusée a fait un festin d’hélix… Et ce n’est pas une fable !

Texte : Cécile Carbonnier

Illustrations : Cécile Carbonnier, Pierre Aghetti