Un échassier aux allures de Vélociraptor

Le Bihoreau gris est un petit héron de la famille des Ardéidés assez singulier. En effet, il est caractérisé par une silhouette trapue, un cou large et des pattes courtes jaune verdâtre. Son manteau couleur ardoise contraste avec le dessous blanchâtre et les flancs gris. En période de nidification, il est doté d’une jolie aigrette blanche descendant sur la nuque. Le juvénile quant à lui est radicalement différent. Il possède un plumage brunâtre sur le dessus, ponctué de taches blanches semblables à des gouttes d’eau, et un ventre blanchâtre strié de marron.

C’est un oiseau discret, s’activant essentiellement au crépuscule et durant la nuit pour aller se nourrir. Toutefois en période de reproduction, nous pouvons observer le couple faisant des aller-retours lors de la construction du nid et du nourrissage des juvéniles. Mais une fois posé, il reste plus difficile à apercevoir.

Cet oiseau niche au sein des héronnières en compagnie d’autres grands échassiers. Le nid est confectionné dans les branches de grands arbres avec d’épaisses frondaisons lui permettant de se dissimuler facilement. Au parc du Marquenterre, il est construit au cœur de la pinède constituée principalement de pins laricio. N’ayant pas de dimorphisme sexuel entre le mâle et la femelle, les deux partenaires se relaient pour la confection du nid et l’élevage des jeunes. La femelle pond trois à cinq œufs qui seront couvés à tour de rôle par les deux adultes pendant une durée de 24 à 26 jours. Les jeunes partent du nid au bout de quatre semaines.

Le Bihoreau possède un vol régulier avec des battements d’ailes rapides et comparable à celui d’une chouette. Seules ses pattes dépassent. Il émet souvent un croassement comme un “couak” qui lui a valu le surnom de “corbeau de nuit” par le naturaliste Buffon. Il vit près des grandes zones humides comme les marais et les grands étangs. C’est là qu’il se nourrit principalement de poissons, mais aussi d’insectes et de grenouilles. 

Ses apparitions fugaces au milieu de ses voisins bruyants – les Cigognes blanches avec leurs claquements de bec, et les juvéniles affamés d’Aigrette garzette, Hérons cendrés et Spatules blanches – sont toujours une surprise pour les visiteurs !

Texte et illustrations : Foucauld Bouriez