En France, le passage prénuptial de la Cigogne noire a lieu de la deuxième décade de mars aux premiers jours de juin. Ce grand oiseau évite le littoral pour traverser les Pyrénées et la France en son centre, avant de rejoindre ses sites de reproduction du nord-est. Cela explique les rares observations effectuées au printemps sur le Parc par rapport à la migration postnuptiale, où elle est assez régulière avec une majorité de juvéniles entre mi-juillet et octobre.
De 1973 à 1998, une seule observation fut effectuée : un adulte survolant le Parc et la baie à faible altitude le 28 mai 1990. De 1999 à 2015, nous comptabilisons seulement 3 données : un adulte le 9 mai 1999, un le 23 avril 2011, et un le 6 mai 2012. Quant aux deux données du 23 juin 2016 et du 13 juin 2021, elles peuvent correspondre à un déplacement tardif comme une migration précoce vers le sud d’oiseaux non nicheurs.
2022 nous gâte avec deux données,du fait probablement de la constance des vents d’est pouvant faire dévier vers l’ouest des oiseaux en pleine migration : un adulte le 20 avril et un immature le 8 mai (Bernard Goujoux). Les couples nicheurs les plus proches sont dans l’Aisne et dans les Ardennes belges.
Merci à Bernard Gaujoux de Charente-Maritime pour l’envoi de la photo de cet immature, de passage le 8 mai au-dessus du Parc.
Texte : Philippe Carruette / Illustration : Bernard Gaujoux
Le 30 avril dernier, une femelle de Canard colvert vaque à ses occupations avec ses 9 canetons de deux jours. La matinée est fraîche et les insectes sont encore rares à la surface de l’eau. Un caneton s’éloigne de la tribu, à la poursuite d’un moucheron récalcitrant. Le petit mouvement précité sur l’eau attire l’attention d’une Cigogne blanche en pêche dans l’eau. Voilà pour elle une occasion rare et soudaine d’une proie facile et inconsciente du danger ! Mais cela est sans compter sur l’intervention redoutablement efficace de la femelle colvert. Alors que la cigogne a de l’eau jusqu’à hauteur des pattes, elle lui fonce dessus plusieurs fois, en contact direct, jusqu’à lui “voler dans les plumes” de la poitrine !
Au point de vue, une visiteuse, Laëtitia Heimen, a pu faire une série de photos du déroulement de la scène montrant bien la lutte acharnée de la cane pour défendre ce caneton isolé. Le grand échassier s’est résolu à continuer à chercher sa pitance… sur les prairies. Cela n’a pas empêché, quelques instants plus tard, de voir passer la tribu colverts à proximité de cette même cigogne, mais celle-ci cette fois n’est guère venue s’y frotter !
La Cigogne blanche est carnivore, se nourrissant de toutes les proies qu’elle peut aisément attraper au sol ou dans l’eau. Les captures régulières de poussins (mouettes dans les colonies, foulques…) sont l’objet de très rares individus spécialisés qui orientent intensément leur prédation sur ce type de proie.
En 50 ans, deux individus mâles ont été décelés sur le Parc, ce comportement pouvant, pour les deux, être potentiellement expliqué. Pour l’un, il était le seul à nourrir sa nichée ; la femelle, bien qu’en parfaite santé, ne participait pas ou peu au nourrissage, profitant même de la nourriture régurgitée au poussin par le mâle. Quant au second, il était issu d’un centre hollandais de reproduction en captivité. Face à ce type d’hyper prédation individuelle très efficace et particulièrement maîtrisée et rodée, la cane n’aurait sûrement rien pu faire…
On peut retrouver de multiples exemples individuels de ce type de comportement chez potentiellement toutes les espèces capturant des proies, des plus petites jusqu’aux grands fauves : Foulque macroule habituellement largement herbivore attaquant des nids d’Avocette élégante pour manger les œufs ; Corneilles noires se regroupant pour prédater dans la héronnière de jeunes Hérons cendrés ; Chouette effraie orientant prioritairement sa prédation sur des chiroptères, ou même petits poissons dans une pisciculture… Et à chaque fois il y a une explication rationnelle : ainsi le mâle de Foulque avait une taille et une masse aberrantes (bagué puis relâché, il pesait 900 grammes !) et nichait sur un plan d’eau pauvre en herbiers ; les invertébrés étaient particulièrement rares cette année-là dans le cas des Corneilles noires… On se rappelle de l’histoire de ces deux lions à Tsavo au Kenya qui tuèrent au moins 35 ouvriers africains et indiens d’un chantier ferroviaire en 10 mois en 1898.
En aucun cas il ne faut donc généraliser à l’espèce ces comportements orientés liés à des individus, des circonstances exceptionnelles ou un handicap. La prédation reste une affaire d’opportunités et les proies ont imaginé bien des moyens d’y échapper. Ainsi, toutes les cigognes ne mangent pas systématiquement les canetons, comme tous les lions ne mangent pas des humains… même s’ils le peuvent !
Merci à Laëtitia Heimen pour son efficace “capture” en images et sa gentille proposition de partage de cette scène qui s’est déroulée sous nos yeux depuis le point de vue.
Texte : Philippe Carruette / Illustration : Laëtitia Heimen, Eric Penet, Alexander Hiley
Déroulons notre fil rouge “Cigogne blanche », avec en préambule des nouvelles de l’individu le plus connu de Picardie : 6E661, bagué poussin aux Pays-Bas à De Lutte dans la région d’Overijssel le 27 avril 2020. En octobre 2021, cette cigogne est observée sur le parking d’Auchan à Dury, près d’Amiens. Des personnes la nourrissent de poissons, mais aussi de chips et de pain… Pour des raisons de sécurité, elle est finalement capturée et envoyée au centre de soins de Calais. Aucun traumatisme ni blessure ne sont décelés. Faisant le trajet cette fois en voiture, elle est relâchée par la LPO de Saint-Omer sur le Parc du Marquenterre le 21 octobre. Elle se nourrit parfaitement sur les prairies toute l’après-midi. Le 22 octobre en fin de journée, elle est aperçue par un beau soleil sur la jetée du Crotoy, au milieu des vacanciers, espérant être nourrie. Sur cette photographie, nous la voyons au repos au milieu de la route à Arleux-en-Gohelle. Fidèle à elle-même, elle n’est guère farouche tant que les humains restent bienveillants. Le 24 octobre, elle est de nouveau sur le parking d’Auchan, puis elle passera une partie de l’hiver sur un autre parking, celui de la clinique Pauchet à Amiens, avant de rejoindre une station service.
La consigne est passée : il ne faut surtout pas la nourrir, car l’oiseau est souvent observé dans les champs des environs, en train de capturer de petites proies en parfaite autonomie. Le 22 mars 2022, elle est observée à Douvrin près de Lens. Serait-elle sur le chemin du retour vers les Pays-Bas ? Cet oiseau n’est pas totalement imprégné – l’imprégnation consistant pour un animal à considérer l’Homme comme un congénère, ce qui conduit généralement à son incapacité irrémédiable à survivre dans la nature. En effet, il sait parfaitement se nourrir seul mais adopte un comportement opportuniste vis-à-vis de personnes « bienveillantes » qui lui apportent de la nourriture. Dans le cas contraire, il quitte le lieu et cherche d’autres secteurs où la quête de la nourriture est simplifiée.
Breaking news !
P6281, baguée poussin au Parc le 16 juin 2003, a été observée le 15 mai 2007 en période de nidification à Rossum, aux Pays-Bas. En septembre 2014 et 2016, elle est à Tudela en Espagne, et le 21 janvier 2019 à Madrid. Le 18 août 2021, elle est dans le Brabant néerlandais à Elzenburg. Elle est observée de nouveau le 23 mars 2022 à Rossum à l’est des Pays-Bas, dans la région du Gueldre. Cela va lui faire bientôt 19 ans !
Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Alexander Hiley, Jean-Luc Lemoine
Les Grèbes à cou noir ont une obsession : se retrouver ensemble pour nicher. C’est un gage de réussite de la reproduction, depuis la persuasion à couver jusqu’au succès de l’envol des jeunes. Certes, il y a quelques légers accrochages entre les individus, mais la territorialité reste beaucoup plus pacifique que chez le Grèbe huppé. Le Grèbe castagneux, quant à lui, adopte un comportement intermédiaire, puisqu’il peut nicher en colonies, mais beaucoup plus lâches, avec des distances importantes de tolérance entre les couples et de plus fréquentes « castagnes ».
Depuis le poste n°2, nous apercevons souvent une dizaine de Grèbes à cou noir vaquer ensemble à leurs occupations ; quatre nids ont d’ailleurs été construits à quelques mètres les uns des autres. C’est un oiseau qui cherche aussi la sécurité des colonies de mouettes, car les laridés peuvent éloigner les prédateurs ailés comme les rapaces ou la Corneille noire. Les Fuligules milouins et morillons apprécient également cette bruyante présence.
Longtemps le Grèbe à cou noir a niché de manière isolée sur les plans d’eau du Parc, mais le taux de réussite des couvées et nichées s’avérait très faible. Etre ensemble est gage d’avenir pour lui : une belle leçon de solidarité !
Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Jean Bail
Après la Panure à moustaches et le Vespertilion à moustaches (si, si ça existe !), le Parc du Marquenterre est heureux de vous présenter en ce mois d’avril les Cigognes blanches à moustaches ! Ces grands échassiers sont fidèles au nid qu’ils ont construit ; mais avant de penser à fonder une famille, il faut restaurer le logement ! Pensez donc, tout l’hiver inoccupé, coups de vent et tempêtes l’ont mis à mal – au moins trois nids sont tombés à la héronnière avec la tempête Eunice.
La base du nid est constituée de branches mortes ramassées au sol, souvent sous la héronnière ou à proximité, mais certains oiseaux vont les chercher parfois bien plus loin. Le fond du nid est garni de grosses touffes d’herbes sèches et de mousses. C’est là que l’on voit l’oiseau avec le bec chargé au maximum de ce matériau léger… jusqu’à en perdre les trois quart en plein vol, surtout lorsqu’il y a du vent ! Mais le nid reste rudimentaire et ne sera guère douillet pour les poussins à venir. C’est surtout le mâle qui amène les matériaux, souvent repris par la femelle qui les dispose, elle, toujours avec minutie et à leur juste place, bien entendu… ! (Toute ressemblance avec une espèce existante…)
La première ponte pour un nid à la héronnière a été notée le 24 mars cette année, quelques jours plus tard qu’à l’accoutumée (généralement vers le 20-21 mars).
Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Jean Bail
https://www.marquenterrenature.fr/wp-content/uploads/2022/03/Cigogne-blanche-Jean-Bail-3.jpg8851280Cécile Carbonnierhttps://www.marquenterrenature.fr/wp-content/uploads/2023/08/LOGO_RN_Blanc.pngCécile Carbonnier2022-04-08 09:09:002023-09-21 15:05:56L’époque des Cigognes à moustaches
Vendredi 18 mars au matin, nous avons eu l’agréable surprise d’observer 9 Échasses blanches dans les prairies inondées du Parc, où cet oiseau niche régulièrement depuis 1989 ! Elles arrivent d’Afrique de l’Ouest. En effet, même dans le sud de la France, les données hivernales restent bien peu nombreuses.
On peut vraiment dire qu’elles sont loin d’être en retard, puisque l’observation la plus précoce de retour de migration prénuptiale enregistrée jusqu’alors sur le Parc depuis sa création en 1973 était le 27 mars 2017. On se croirait sur la côte atlantique ou méditerranéenne ! Les vents de sud-est de ces derniers jours ont sûrement été favorables pour « pousser » ces oiseaux. Autre originalité de ce retour hâtif : habituellement, les premiers individus arrivés sont des mâles isolés, et non des groupes.
Au fil de ces dernières années, les retours se font de plus en plus tôt : 30 mars 2016, 28 mars 2019, 29 mars 2021… alors qu’avant la plupart des oiseaux arrivaient au cours de la première quinzaine d’avril. Notons également l’observation remarquable, ce 15 mars, d’un individu sur la réserve ornithologique de Grand-Laviers, donnée la plus précoce de Picardie.
Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Alexander Hiley
Pour changer un peu, voici une petite devinette : mais qu’est-il arrivé à cette jolie Mésange bleue, capturée lors d’une séance de baguage dimanche 13 mars, avec son “museau” tout jaune ?
…
Est-ce une jeune mésange fraîchement sortie du nid, et dont la tête serait encore teintée de soufre ?
Non, il s’agit bien d’une adulte. Les juvéniles perdent d’ailleurs cette coloration dès la fin de l’été, lors de leur première mue.
…
Est-ce dû à un changement hormonal lié à la reproduction ?
Non plus !
…
Alors aux pigments présents dans l’alimentation ? Un peu comme les caroténoïdes ingérés par le Flamant rose sont responsables de sa couleur ?
Non !
…
À du maquillage ?!
D’une certaine façon…
…
En réalité, cette mésange raffole d’insectes cachés dans la végétation, notamment les saules, dont la floraison précède la feuillaison. À force de farfouiller avec gourmandise dans les fleurs en quête de petites proies, elle badigeonne sa face de pollen. Résultat : sa bouille devient toute jaune !
Texte : Philippe Carruette, Cécile Carbonnier / Illustration : Philippe Carruette
Cette année, malgré l’hiver doux, les mangeoires à passereaux dans les jardins ont été très fréquentées. Du fait de l’importante migration irruptive de cet automne, les Mésanges bleues et les Mésanges noires ont pu être très nombreuses. Tous ces petits convives sont originaires surtout du nord-est de l’Europe (pays des bords de la Baltique, République tchèque…).
Ces allées et venues frénétiques pour récupérer inlassablement une graine de tournesol suscitent beaucoup d’intérêt, et pas seulement chez les observateurs humains… L’Épervier trouve là une manne régulière de petites proies. Dès qu’il est repéré par un passereau, des cris courts et suraigus retentissent et plus un mouvement n’a lieu, après un envol général. Certains restent totalement immobiles, aplatis sur une branche, tremblotant de stress. Ils savent que l’oiseau tue bien plus facilement en vol. Finalement, vous trouverez peut-être au sol un tas de plumes, la plumée, le rapace « déshabillant » le dessous du corps de sa proie dans un endroit tranquille avant de déguster les parties musculaires. Le mâle d’Épervier se reconnaît aux parties roussâtres de l’avant du corps ; la femelle, bien plus grande, peut capturer une Tourterelle turque voire un Pigeon ramier.
Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Jean Bail, Philippe Carruette
https://www.marquenterrenature.fr/wp-content/uploads/2022/03/Epervier-Jean-Bail.jpg8561280Cécile Carbonnierhttps://www.marquenterrenature.fr/wp-content/uploads/2023/08/LOGO_RN_Blanc.pngCécile Carbonnier2022-03-28 09:09:002023-09-21 15:06:26Chaîne alimentaire à la mangeoire
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