Parfois rares, souvent drôles, toujours de bon augure : découvrez ici les oiseaux qui nous ont rendu visite

La Cigogne noire (Ciconia nigra) est un grand échassier doté d’un plumage à dominante noire, contrairement à sa cousine la Cigogne blanche. En effet, elle est beaucoup plus discrète. Son ventre est blanc, ses pattes et son bec sont rouges. Les immatures, en revanche, ont le bec et les pattes claires.

Chaque année sur le Parc ornithologique du Marquenterre, ce sont environ dix spécimens de cette espèce qui sont observés entre fin juillet et début septembre en migration postnuptiale, après la nidification. Il s’agit principalement de cigognes immatures qui sont nettement plus influencées par les vents que les adultes qui, eux, connaissent bien leur route. La première observation cette saison a eu lieu le lundi 29 juillet 2024.

La Cigogne noire passe l’hiver en Afrique subsaharienne. Si elle remonte en migration prénuptiale par les Pyrénées, en migration postnuptiale elle préfère longer les côtes.

C’est une espèce essentiellement forestière. En France, les anciennes chênaies de plaines humides sont particulièrement appréciées. Au sud de l’Europe, en Espagne par exemple, les habitats de type rupestre, dotés de cours d’eau au niveau des pentes, sont sélectionnés en priorité.

La femelle pond trois à quatre œufs couvés à tour de rôle pendant 32 à 38 jours. Les juvéniles s’émanciperont entre 65 à 70 jours.

Le régime alimentaire carnivore de la Cigogne noire est très varié, à l’instar de celui de sa cousine la Cigogne blanche : il se compose aussi bien d’amphibiens que de reptiles ou d’arthropodes (des petits animaux aux pattes articulées).

Le réseau national de suivi de la Cigogne noire, coordonné par la Ligue de Protection des Oiseaux et l’Office National des Forêts, a estimé entre 70 et 90 le nombre de couples nicheurs à l’échelle nationale en 2020… ce qui en fait une espèce très rare en France. C’était un formidable moment de pouvoir observer cet individu d’aussi près !

Texte et illustration : Foucauld Bouriez

Ce beau limicole a été observé sur le Parc, et pas n’importe comment : il portait toujours son plumage nuptial (de printemps) ! Un beau dos bariolé de noir, blanc et doré et un dessous entièrement noir avec une large bordure blanche séparant les parties.

Les Pluviers dorés arrivant chez nous, pour une halte, ou pour passer l’hiver, nous viennent de la Sibérie et du Nord de l’Europe. Ils peuvent aller hiverner sur le littoral de la mer du Nord ou vers le pourtour méditerranéen. Normalement, la mue se fait avant cette migration post-nuptiale, durant laquelle ils voyagent en groupes assez importants. Leur plumage d’hiver est plus unifié, brun doré du dos au plastron, avec un ventre blanc.

Pour ce qui est de la nourriture, pendant la période de reproduction le Pluvier doré adopte un régime insectivore, se nourrissant en particulier des coléoptères dont il est un grand fan. Pendant la saison hivernale, les vers de terre seront son régime alimentaire principal, agrémenté de limaces et d’herbes.

Notre limicole fait partie des oiseaux ayant un seul partenaire pour la vie… quel romantique ! Le couple arrive uni sur le site de reproduction, où le mâle défend le territoire ardemment. Il creuse ensuite des petites cuvettes dans le sol, que la femelle va prospecter. Quand un endroit est choisi, une parade est entamée et un accouplement est effectué. Il faut alors attendre trois semaines environ avant la ponte de trois-quatre œufs dans le nid agrandi par les soins de la femelle. Les adultes couvent équitablement pendant une petite trentaine de jours. Les poussins nidifuges – donc capables de se nourrir seuls dès leur naissance – sont emmenés vers les lieux de nourrissage où ils s’emplumeront pendant un mois. Ils seront matures à la reproduction dès l’année suivante !

Le Pluvier doré est chassable et menacé aujourd’hui principalement par la disparition et la modification de son habitat, ainsi que les dérangements pendant sa période de reproduction.

Texte : Raphaële Thilliez / Illustration : Foucauld Bouriez

Le Martin-pêcheur est un très bel oiseau doté de couleurs vives. En effet, son manteau est bleu azur et contraste avec son ventre roux. Il possède un long bec pointu. C’est souvent grâce à son cri plaintif qu’on le repère rasant l’eau telle une flèche. Son vol est rapide grâce à son corps fuselé et ses ailes courtes.

Cet oiseau se nourrit principalement de petits poissons de toutes sortes tels que vairons, rotengles, épinoches… Il agrémente son régime alimentaire d’amphibiens, d’insectes aquatiques, voire de mollusques.  Ses proies sont généralement pêchées à l’affût sur un piquet ou une branche.

On rencontre le martin-pêcheur aussi bien sur les plans d’eau que les cours d’eau. Ils doivent néanmoins être suffisamment poissonneux afin de trouver des proies à sa taille, mais également dotés de berges facilement accessibles pour nicher. Un substrat sablo-limoneux est idéal afin de creuser son terrier du bout du bec durant une à deux semaines.

La période de nidification s’étale de mars à juillet avec deux couvées annuelles. La parade nuptiale comporte de bruyantes poursuites aériennes au ras de l’eau. Elle peut durer plusieurs jours, jusqu’à ce que la femelle trouve le site de nidification parmi ceux proposés par le mâle. Six à sept œufs sont pondus, uniquement la nuit, pendant trois semaines. Les juvéniles quittent le nid à un mois. Une seconde galerie sera creusée pour la seconde couvée.

Le martin-pêcheur possède une aire de distribution relativement vaste, s’étendant sur toute l’Eurasie.

Texte et illustration : Foucauld Bouriez

Pouvant être confondue de loin avec sa voisine la Buse Variable, la Bondrée apivore se distingue par sa silhouette plus légère et svelte. Si elle passe proche de vous, sa tête de pigeon est assez identifiable (grise pour le mâle, marron pour la femelle) ; s’il faut sortir les jumelles, alors regardez ses barres sombres bien marquées à la base des rémiges (plumes de l’aile) et des rectrices (plumes de la queue). L’iris de l’adulte est d’un jaune intense. 

Bien présente sur presque tout le continent européen en période de reproduction, nous l’observons sur le Parc surtout en passage pré et post-nuptial. Les individus ayant niché en Scandinavie ou en Russie partent en direction de l’Afrique subsaharienne en passant par les différents détroits (celui de Gibraltar pouvant être très spectaculaire). Les migrations s’effectuent en majorité en groupe, avec plus de chances de repérer les ascendances thermiques à plusieurs. En période de reproduction, la Bondrée devient territoriale et ne cherche pas la présence de congénères, à part celle de son partenaire. 

Contrairement à d’autres espèces arrivant assez tôt sur les aires de nidification pour préparer et défendre le territoire, le régime alimentaire de la Bondrée apivore l’oblige à arriver assez tard, en mai. En effet, celle-ci a un régime plutôt insectivore, et plus particulièrement apivore – d’où son nom ! – se nourrissant en majorité de couvain d’hyménoptères (les larves en développement, très nutritives) qui sont abondantes en été. Elle peut aller chercher les nids aériens ou cachés dans le sol ; ses pattes sont robustes avec des doigts griffus qui lui permettent de marcher et gratter le sol facilement. Heureusement pour elle, si la saison est mauvaise ou lors de l’intersaison, elle peut se rabattre sur d’autres proies invertébrées (divers arthropodes) voire vertébrées, comme les amphibiens. 

Étant assez fidèle au partenaire, le couple arrive uni sur le site de reproduction. Ils reprennent le nid de l’année précédente si celui-ci a survécu à l’hiver. Une parade nuptiale aérienne est exécutée (il faut maintenir la flamme !) avec le mâle qui, après s’être élevé dans le ciel, agite ses ailes trois ou quatre fois au-dessus de son dos. Dans le nid garni intérieurement de rameaux feuillés – spécifique à ce rapace – la femelle pond en moyenne deux œufs avec quelques jours d’intervalles. C’est elle qui s’occupe majoritairement de la couvaison, qui dure environ 33 à 35 jours. Le nourrissage des jeunes sera effectué par les deux adultes, mais chacun ayant une tâche différente : le mâle amène sa récolte de nids d’hyménoptères, et la femelle en extrait les larves et nymphes qu’elle distribuera aux jeunes. Au bout d’un mois et demi, ceux-ci sont déjà volants, mais ils dépendront encore des parents pour le nourrissage pendant deux à trois mois. 

Comme pour toutes les espèces insectivores, le dérèglement climatique ne peut qu’avoir des conséquences sur la conservation de la Bondrée apivore ; de plus, l’utilisation de masse d’insecticides met en péril sa bonne forme. Étant un migrateur longue distance, tout aléa sur son trajet peut aussi engendrer un déclin de l’espèce. Elle a longtemps été chassée en France, notamment dans le Midi, mais elle est maintenant protégée comme tous les rapaces de France. Néanmoins, sa chasse est toujours autorisée dans certains pays. 

Surveillez le ciel, les belles températures récemment sont parfaites pour les migrations des planeurs comme la Bondrée apivore, donc à vos jumelles et levez la tête !

Texte : Raphaële Thilliez / Illustration : Alexander Hiley

Ce petit limicole de 17 centimètres de haut, reconnaissable à son bec foncé, son dos brun, son ventre blanc et son cercle oculaire jaune vif, tente chaque année une nidification sur le Parc (1 couple en 2022, deux couples en 2023). Cette année nous suivons attentivement un couple sur un des îlots du poste 3, mais surprise ! Nous avons aperçu deux poussins de quelques jours de cette espèce sur un autre îlot, avec d’autres adultes. Ils ont donc niché bien cachés de nos yeux ! 

Le Petit Gravelot est un adepte des berges ou îlots sablonneux pour faire sa nidification, qui s’étend un peu partout en Europe, du nord de l’Afrique jusqu’en Russie. Il retourne sur ses aires d’hivernage qui se trouvent au sud du Sahara en Afrique dès que ses jeunes sont autonomes. La nidification des Petits Gravelots commence généralement en avril. Le mâle, de retour sur le territoire, exécute des vols nuptiaux plaisants à observer, dès qu’une femelle s’approche, poussant de petits cris puis entamant son chant. Posé au sol, il entame la séduction de la femelle penchée vers elle, ailes ouvertes et queue étalée pour l’impressionner. 

Si toute cette parade lui a plu, l’accouplement se produit, et plusieurs sites de nidifications potentiels sont prospectés ensuite ; c’est la femelle qui choisira où s’installer. Quatre œufs sont pondus, et les deux adultes se relaieront pour la couvaison qui durera de 22 à 26 jours. Quand les œufs éclosent, les adultes s’occupent des jeunes pendant trois semaines environ. 

Pour ce qui est de l’alimentation, le Petit Gravelot est insectivore : il chasse à vue des insectes comme les coléoptères et les mouches, et peut aussi se délecter d’araignées, de crustacés et de petits vers. On peut l’observer parfois tapant de la patte le sable pour faire bouger les proies qui y sont cachées. 

Menacée par la dégradation et la perte de ses habitats, la population du Petit Gravelot a diminué d’au moins 25% en 15 ans en Europe. Sur le Parc, le Petit Gravelot était bien plus observé vers la fin des années 70 qu’aujourd’hui (120 observés en 1977, 150 en 1978, et une vingtaine seulement par an ses dernières années).

Texte : Raphaële Thilliez / Illustrations : Alexander Hiley

On a tous la nostalgie de la héronnière du printemps avec près de 200 nids de grands échassiers, dont plus de 90 de Spatule blanche, et les péripéties des cigogneaux sur leur nid massif… Mais cette année, la nature nous fait savourer ce plaisir bien tardivement. À nous de savoir en profiter ! 

Au moins 27 couples de Hérons garde-boeufs ont choisi d’effectuer une deuxième couvée sur les 34 à 38 couples estimés au printemps. C’est le seul héron au monde qui est capable de faire une véritable seconde couvée (et non une couvée de remplacement), notamment dans les régions comme la nôtre où l’espèce est toujours en pleine expansion. D’habitude, ce sont seulement 10 à 15% des couples qui se lancent dans cette aventure, mais cette année la productivité en jeunes à l’envol en première couvée fut a priori extrêmement basse. Les causes sont multiples : pluies et vents au printemps, manque de lumière,  prédation observée régulièrement sur les œufs et poussins par une Corneille noire spécialisée… En ce début août, des jeunes de 2 à 4 semaines sont encore bien visibles, et jusqu’à 70 adultes se nourrissent dans les prairies en cours de fauchage. 

Médaille d’or pour le Héron bihoreau avec trois couples ; le compteur était bloqué à deux depuis longtemps. Un nid donne deux jeunes à l’envol au printemps, et deux autres couples nourrissent des gros poussins en ce moment, issus de couvées de remplacement. Les nids sont bien visibles du poste d’observation public, même si les rares nourrissages en journée et leur activité ne sont guère euphoriques. Les jeunes au plumage de chouette hulotte restent très discrets et peu actifs, adage de l’espèce… 

Au moins 4 couples de Hérons cendrés nourrissent encore de grands jeunes, et la venue de Spatules blanches adultes à la héronnière montre qu’il y a au minimum encore deux nids avec de grands poussins. Enfin, cerise sur le gâteau, l’hybride juvénile Héron cendré/Aigrette garzette se pose encore en haut des pins de la héronnière… ou sur les mares toutes proches, en fin de parcours.

Quant aux Cigognes blanches, pas de rab… Les cigogneaux et une partie des adultes ont profité des beaux thermiques de fin juillet pour filer plein sud. Il va falloir attendre le passage des oiseaux du Benelux pour en revoir en nombre sur nos prairies. Espérons par procuration avoir des (bonnes) nouvelles des oiseaux bagués en juin, comme autant de cartes postales nostalgiques de l’été !

Texte : Philippe Carruette / Illustration : Alexander Hiley

Ce grand limicole, un des plus grands de la famille des chevaliers, est de retour depuis quelques semaines sur le Parc où il fait une escale sur son retour de migration. Reconnaissable à son « grand » gabarit, son plumage grisâtre, ses pattes verdâtres et son bec légèrement retroussé, il est un adepte des milieux humides et côtiers. 

Son nom français nous indique en effet que son chant ressemble de près (ou de loin pour certains) à un aboiement ; son nom anglais peut aider un peu plus pour les plus sceptiques : Greenshank, qui signifie « Tiges vertes » pour la couleur verdâtre de ses pattes.

Plutôt solitaire en-dehors de la période de reproduction, on retrouve des individus isolés parmi les regroupements d’autres chevaliers comme les gambettes en abondance en ce moment chez nous. Il nous revient de la Scandinavie, de la Russie, de la Sibérie ou du nord de l’Ecosse, et part pour ses aires d’hivernages comme les côtes d’Europe occidentale, de Méditerranée ou d’Afrique. Les premiers à  se montrer chez nous sont des adultes à partir de la fin juin, puis les jeunes suivent de la mi-juillet jusqu’à octobre. 

Pour la reproduction chez cette espèce, les deux adultes s’occupent ensemble de la couvaison avec l’alternance du mâle et de la femelle, même si cette dernière reste davantage sur le nid à la fin de la nidification. La couvaison des quatre œufs dure en moyenne de 23 à 26 jours, puis les adultes vont emmener les jeunes au bord de l’eau où ils trouveront leur nourriture en abondance. Ils resteront avec eux une petite trentaine de jours jusqu’à l’émancipation et le nourrissage en autonomie.

Grâce à son long bec légèrement incurvé, le chevalier aboyeur est un carnivore exclusif et chasse  des petites proies telles que des petits invertébrés aquatiques, voire des petits poissons et des petits batraciens de temps à autre dans les eaux peu profondes.

Texte : Raphaële Thilliez / Illustration : Alexander Hiley

Malgré les conditions climatiques catastrophiques ce printemps et la forte prédation, de nombreux oiseaux de diverses espèces ont refait des couvées de secours, dites “de remplacement”, ou se sont installés tardivement à cause de la concurrence. Aussi bien chez les Mouettes rieuses que chez des limicoles – oiseaux se nourrissant dans le limon – comme les Petits gravelots, Huîtriers pie et Avocettes élégantes, mais également les Bihoreaux gris à la héronnière. Ils sont forts ces oiseaux, ne trouvez-vous pas ? Tellement ils luttent contre l’adversité…

Par exemple, jeudi 4 juillet, c’était la surprise au poste 1 avec la naissance tant attendue de ce poussin d’Avocette élégante. Il a éclos à 11h32 précisément. Quelques heures plus tard, le second apparaissait. Puis le lendemain, rebelote avec la découverte du troisième, probablement né dans la nuit, en enfin dans l’après-midi à 14h37, le petit dernier s’est décidé à sortir de sa coquille ! Incroyable, 4 beaux poussins en moins de 48 heures ! Chez l’Avocette, la couvaison commence à l’avant-dernier œuf pondu, c’est-à-dire au troisième. C’est pour cela que le benjamin est né avec un petit décalage par rapport à ses grands frères et sœurs.

Le saviez-vous ? Plusieurs catégories de poussins existent. Par exemple, les poussins d’Avocettes sont nidifuges. Cela signifie qu’ils sont capables de “fuir” le nid dès la naissance et, quelques heures après seulement, de se nourrir comme des grands, voire de nager avec leur pattes semi-palmées… même si elles paraissent trop grandes par rapport au reste du corps ! D’autres poussins sont nidicoles à l’instar des trois petits bihoreaux découverts quelques jours plus tard à la héronnière. Cela signifie qu’ils vont rester collés au nid jusqu’à leur indépendance.

Texte : Foucauld Bouriez / Illustrations : Alexander Hiley, Foucauld Bouriez