Il est arrivé en rase-motte sur l’îlot du poste 6, revêtu de son manteau brun et de son bedon blanc à bretelles : un Chevalier guignette bagué l’année dernière àFarsund, commune lovée dans un fjord du sud-ouest de la Norvège, le long de la mer du Nord, a fait escale quelques heures seulement au Parc du Marquenterre, profitant des niveaux d’eau bas pour glaner deci delà quelques insectes sur les berges. Farsund… Un nom qui sonne comme une promesse d’évasion, far signifiant “voyage” en norvégien, et sund, “détroit”.
Quel plaisir de retrouver son petit hochement de queue caractéristique, et ses courses-poursuites trépidantes : car ce limicole si mignon est un vrai solitaire, qui chasse tout intrus de son espèce osant s’approcher de son garde-manger !
Ce petit individu, que nous nommerons R-a/Yf(NAV) – un sobriquet un peu barbare, mais qui correspond tout simplement aux codes et couleurs de ses bagues – n’est pas resté bien longtemps : juste de quoi recharger les batteries, et hop ! Le voici reparti.
Venu probablement de Scandinavie où, espérons-le, il a élevé une joyeuse nichée au printemps, il rejoindra dans une poignée de semaines quelque point d’eau d’Afrique subsaharienne. Souhaitons que là-bas, un observateur chanceux scrutera attentivement ses jolies pattes, et qu’il nous donnera de ses nouvelles ; pour que nous aussi, nous voyagions à travers lui…
On vous a souvent parlé des Mouettes mélanocéphales et de leurs voyages de globe-trotteuses. Cette année, elles n’ont pas niché au Parc, probablement à cause du manque d’individus sur la classe d’âge 2022 (grippe aviaire) et de la forte prédation sur la colonie l’année dernière. La reproduction ne fut pas reluisante non plus sur les grandes colonies belges et au nord des Pays-Bas, avec la prédation par le renard et des pluies violentes en juin. Cela a fait descendre de nombreux adultes encore en couple, qui se sont arrêtés quelques instants au Marquenterre, avant de continuer vers la Bretagne, la côte atlantique ou… ailleurs ! Cela fut l’occasion de noter quelques bagues et de voyager avec elles…
Bague blanche 3200 : Baguée adulte le 13 mai 2018 sur la colonie du port d’Anvers (usine Total) en Belgique, c’est une adepte de l’estivage ou de l’hivernage en Angleterre dès sa prime jeunesse. Et elle choisit l’île de Wight (le Deauville britannique !) dès le 8 novembre 2018. Elle revient sur la colonie d’Anvers dès le 3 mars 2019. Elle est en Angleterre sur Wight du 14 au 31 juillet et le 25 septembre sur le port de Pagham dans le West Sussex. Elle revient le 2 mars 2021 à Anvers (ponctualité belge !) et elle réveillonne à Portland dans le Dorset du 24 décembre 2021 au 6 janvier 2022, puis retour sur l’île de Wight du 18 juillet au 17 novembre. En 2023, elle est sur la colonie de Beveren du 21 au 27 mars puis sur la colonie de Terneuzen aux Pays-Bas du 10 avril au 15 avril. Hivernage en janvier 2025 sur Wight. Elle est nicheuse sur Terneuzen jusqu’au 10 juin, et le 14 juin 2025 elle est Marquenterre en couple, laissant supposer un échec de reproduction.
Bague blanche 3841 : Bagué poussin le 9 juin 2018, également à l’usine Total à Anvers. Escapade anglaise aussi pour lui sur la superbe réserve RSPB de Mismere dans le Suffolk les 28 et 29 mai 2019. Le 29 octobre 2019, il est sur l’île d’Oléron en Charente-maritime. Hivernage en Espagne le 3 février 2020 en Galice à la Corogne. Du 26 juillet au 11 août 2020, de nouveau un court séjour outre Manche à Folkestone dans le Kent. Hivernage à Gijon dans les Asturies espagnoles le 6 février 2021, le 19 mars 2021 il passe en France à Ciboure dans les Pyrénées-Atlantiques. Le 29 novembre 2021, retour à Gijon. En 2022, un seul contact toujours à Gijon. Puis il disparaît des longues-vues jusqu’au 12 au 16 mars 2025, où il est observé sur la colonie de Blois dans le Loire-et-Cher. Il est noté au Parc du Marquenterre le 14 juin 2025 ; là aussi cela laisse penser à un échec de reproduction.
Bague blanche 3JJL alias JiJi : Bagué lui aussi à Anvers adulte le 14 mai 2015. Il hiverne dès sa première année dans le Finistère (Plovan, île de Molène, Le Conquet, Douarnenez…) et en 2016 où il arrive dès le 29 juillet. En 2017, il est le 31 janvier à Ploumoguer (Finistère) et le 8 avril il revient à Anvers pour nicher. Il retrouve le Finistère à Plouénan dès le 30 juillet 2017 pour hiverner (Saint Nic,) comme en 2019 (Ploumoguer, Le Conquet). Petite et courte escapade anglaise le 11 avril au port de Langstone. En 2020, même halte en Angleterre sur l’île de Wight le 17 mars et le 09 juillet sur la plage de Zeebruges, laissant supposer que l’oiseau a peut-être niché en Belgique. Et le traditionnel hivernage breton à partir du 9 juillet jusqu’au 1er février 2021 au Conquet. Le 26 février, il est au port de Langstone dans le Hampshire. Ce passage par l’Angleterre laisse supposer un trajet direct au-dessus de la Manche depuis la Bretagne, avant de regagner ensuite peut-être les colonies belges ou hollandaises en vol ouest est par le détroit ? Le 24 août 2021, nouveau passage par l’Angleterre au port de Chichester dans le West Sussex, et hivernage à Saint Nic dans le Finistère. Hivernage au Conquet en 2022 et toujours la même stratégie migratoire : le 8 mars 2022 il est au port de Langstone, puis hivernage au Conquet jusqu’au janvier 2023 où le séjour anglais est un peu plus long, du 27 mars au 3 avril 2023 au port de Langstone, pour un retour dans le Finistère à partir du 19 octobre 2023. Une seule donnée en 2024, le 6 novembre à Saint Nic (Finistère) tout comme en 2025 où il est au Parc du Marquenterre le 13 juin, dans la vague d’oiseaux qui arrive en lien avec les échecs sur les colonies du Benelux.
Texte : Philippe Carruette / Illustration : Alexander Hiley
https://www.marquenterrenature.fr/wp-content/uploads/2022/03/Mouette-melanocephale-Alexander-Hiley-scaled.jpg16812560Cécile Carbonnierhttps://www.marquenterrenature.fr/wp-content/uploads/2023/08/LOGO_RN_Blanc.pngCécile Carbonnier2025-08-11 09:09:002025-08-07 09:28:45Si on voyageait avec les mouettes…
Il est des oiseaux que l’on prend bien du plaisir à revoir. Pas en tant qu’espèce rare et exceptionnelle, mais en tant qu’individu. Un peu comme une vieille connaissance que l’on ne voit qu’une fois par an, lors d’une fête de famille ou d’une réunion de club… naturaliste, bien entendu.
Grâce à son cortège de bagues couleur RW-LO (bagues rouge et blanche à la patte gauche et vert pistache et orange à la patte droite, bague métal Muséum sur le tarse) on reconnaît bien “notre” Barge à queue noire, grande habituée du Parc en migration postnuptiale. C’est un superbe mâle bagué adulte sur son site de reproduction, dans le comté de Arnessysla à Grimsnes, au sud de l’Islande, le 13 juillet 2011 ; lieu grandiose de chutes d’eau, volcans et landes au sud-est de Reykjavik…
Chaque année, sans aucune exception, elle revient au Parc du Marquenterre en migration postnuptiale. Elle est contactée généralement en juillet (le 11 en 2022, le 12 en 2017 et 2023, le 19 en 2014, le 25 en 2021, le 27 en 2016, le 29 en 2020), en août (le 3 en 2018, le 10 en 2019, le 20 en 2011, le 18 en 2013, le 30 en 2015), voire septembre (2 septembre 2012). En 2024, nous la retrouvons pour la première fois le 8 juillet, date la plus précoce de retour : a-t-il échoué dans sa reproduction ? Mais cette précocité se retrouve d’ailleurs ces toutes dernières années : conséquence des changements climatiques qui font migrer l’oiseau plus tôt pour la nidification ?
Son séjour estival sur le parc se prolonge jusqu’à la fin de l’automne, montrant la qualité nutritionnelle du lieu pour l’espèce. Elle nous quitte au plus tard le 26 novembre 2011 et le 17 novembre 2013, mais le plus souvent début octobre.
On ignore totalement où elle passe l’hiver, sauf dans deux cas : le 31 décembre 2015 elle est présente sur le Parc, et le 9 janvier 2023 dans la baie du Mont-Saint-Michel dans la Manche.
En migration pré-nuptiale, l’oiseau est observé uniquement aux Pays-Bas, surtout dans la région d’Ouderkerk (Noord Holland). Ce trajet est le plus fréquenté en matière de haltes migratoires avant de gagner l’Angleterre, l’Ecosse puis l’Islande. Il arrive aux Pays-Bas au plus tôt le 1er février 2023, et repart au plus tard le 8 avril 2023, soit deux mois de halte nourricière indispensable pour gagner le site de reproduction en pleine forme.
On constate que plus cet oiseau arrive tôt aux Pays-Bas, plus il repart tard. Les dates de retour de printemps en Islande sont peu nombreuses, mais montrent tout de même une grande régularité : 21 avril 2012, 15 avril 2018 et 2019, 14 avril 2022. 2013 fait exception avec un contact le 5 juin, mais cette année-là, le printemps fut particulièrement froid et pluvieux dans toute l’Europe !
Au-delà de tout l’intérêt scientifique remarquable du baguage, il y a aussi ce fort côté émotionnel de connaître et reconnaître un individu, et de partager ce plaisir des yeux humains avec tant d’autres Européens qui partagent cette passion du vivant migrateur, par delà les frontières ; enfin, il nous offre une image de l’Islande que je ne connaîtrai sûrement jamais. Alors à bientôt LO, ici ou ailleurs !
*Clin d’œil au grand Jacques Brel avec sa chanson « Mathide » parue en 1964.
Texte : Philippe Carruette / Illustration : Alexander Hiley
https://www.marquenterrenature.fr/wp-content/uploads/2025/07/Barge-a-queue-noire-Alexander-Hiley-scaled.jpg14822000Cécile Carbonnierhttps://www.marquenterrenature.fr/wp-content/uploads/2023/08/LOGO_RN_Blanc.pngCécile Carbonnier2025-08-01 09:09:002025-08-07 09:25:46Hello, comme Mathilde, est revenue !
Fin juin, la campagne de baguage au nid des poussins de Cigogne blanche bat son plein en Picardie et dans le Pas-de-Calais, le Nord et la Seine-Maritime. Un programme personnel dirigé par Christophe Hildebrand a été obtenu auprès du Muséum de Paris pour continuer à baguer ces grands échassiers qui ne le sont plus ailleurs en France. La population du Nord de la France est en pleine expansion, et mérite encore d’être suivie dans son évolution et ses déplacements, tant pour les juvéniles que pour les adultes. La majorité des nids concernés sont sur des plateformes construites par l’homme pour pouvoir accéder aux poussins et les baguer, comme le font chaque année les guides naturalistes du Parc du Marquenterre, depuis près de 50 ans.
Une petite partie de la centaine de nids connus dans notre région des Hauts-de-France est visitée par les naturalistes bagueurs régionaux. Certains poussins dont les nids sont inaccessibles, trop hauts, dans des arbres morts ou situés dans des héronnières ne peuvent être bagués pour la sécurité des oiseaux… et du bagueur ! Les cigogneaux sont pesés, mesurés. Le bagueur leur pose une bague métal numérotée gravée du Centre de recherches sur la biologie des populations d’oiseaux. Une bague plastique de couleur verte avec 4 lettres blanche est rajoutée à l’autre patte pour permettre l’identification à distance des individus.
Les jeunes sont bagués à 6 ou 7 semaines, quand la patte est bien développée et qu’ils commencent à se mettre régulièrement debout sur le nid. Quatre plumes sont récoltées pour permettre d’effectuer des analyses ADN. On ignore s’ il y a une réelle différence de sites d’hivernage entre jeunes mâles et jeunes femelles, et s’ il y a une colonisation des sites différente entre mâle et femelle. On sait par contre que la majorité de « nos » jeunes cigognes « picardes » hivernent dans le sud de l’Espagne et du Portugal (région de Faro). Récemment, un jeune bagué en 2023 à Boismont a été contacté au Maroc à Kenitra. D’autres vont plus rarement jusqu’au au Mali, en Mauritanie ou au Niger. Pour cela, ils longent les côtes françaises ou passent à l’intérieur des terres par la Mayenne, l’Indre et Loire, Les Deux Sèvres, l’Allier.
Relativement peu de jeunes nés en Picardie reviennent nicher chez nous après avoir hiverné théoriquement deux ans plus au sud. Toutefois, de plus en plus de jeunes retournent au bout d’un an seulement en Europe. Est-ce le fait d’une détérioration des sites d’hivernage plus méridionaux ? À l’inverse, des jeunes nés et bagués en Picardie nichent maintenant en Belgique, aux Pays-Bas, en Vendée, en Loire-Atlantique et même à Colmar en Alsace !
Les nouveaux nicheurs des Hauts-de-France viennent aussi bien de Belgique et des Pays-Bas, que de Loire-Atlantique. La disparition des centres d’enfouissement, source de nourriture facile, fait que les oiseaux hivernent maintenant en moins grand nombre sur la côte picarde. Grâce aux bagues, on sait que les oiseaux se sont reportés sur les décharges du Calvados, d’Espagne autour de Madrid ou beaucoup plus près, sur celles de Dannes ou d’Avesne dans le Pas-de-Calais.
La mortalité, notamment chez les juvéniles, peu expérimentés, reste néanmoins toujours très forte, entre électrocution, sécheresses sahéliennes et multiples autres causes. Avec le printemps doux, la nidification reste correcte cette année mais la sécheresse semble avoir fortement impacté la nidification en Alsace, en Belgique sur des milieux plus anthropisés et banalisés.
Le nombre de poussins est totalement tributaire des ressources en nourriture. La base du régime alimentaire est composée de rongeurs, batraciens et insectes, mais tout ce qui circule sur le sol ou dans l’eau à proximité du bec est une proie potentielle. Tout comme pour le Héron cendré, les cigognes se nourrissent beaucoup dans les prairies, hauts lieux de la biodiversité, qui ne peuvent être maintenues que par la présence des agriculteurs éleveurs.
Tous ces poussins partiront en migration dans quelques jours, sans les adultes, généralement après le 20 juillet. Une partie de ces adultes partira à partir de la mi-août, après avoir effectué la mue. Tous ont impérativement besoin des courants d’air chaud pour pouvoir utiliser leur économique vol plané.
La Cigogne blanche revient de très loin. En 1979, il ne restait plus que 11 couples dans toute la France dont 9 en Alsace. Entre réintroductions, poses de plateforme de nidification, extension des populations espagnoles, hivernage de plus en plus important en Europe, les effectifs se sont progressivement bien étoffés, atteignant maintenant plus de 3200 couples. Les régions phares pour l’espèce sont la Charente-Maritime, les Landes, La Manche, et bien entendu… l’Alsace !
L’espèce a toujours niché en Picardie, certes en petit nombre, mais un nid était connu en 1837 au Crotoy. En 1944, les troupes allemandes en retraite ont mitraillé un nid à Becquerel près de Rue. Liée à la présence humaine, notamment aux prairies de fauche et d’élevage, la Cigogne blanche sauvage reste le garant de milieux ruraux diversifiés et à la biodiversité importante. Point de tradition de nidification sur le toit des maisons dans notre région où les couples installent leur gros nid en branchages surtout sur de gros arbres morts, en marais ou en pinède sur le littoral. Au Parc du Marquenterre, l’essentiel des nids est dans la forêt de pins. L’extension des effectifs continue, avec de nouveaux couples en vallée de l’Oise et dans le nord l’Aisne, et dans l’est de la Somme jusqu’à Amiens, avec un nid récent près de Conty.
https://www.marquenterrenature.fr/wp-content/uploads/2025/06/Baguage-cigogneaux-juin-2025.jpeg20001500Cécile Carbonnierhttps://www.marquenterrenature.fr/wp-content/uploads/2023/08/LOGO_RN_Blanc.pngCécile Carbonnier2025-07-21 09:09:002025-06-30 13:52:28À l’écoute de la nature
De 2010 à 2017, des opérations de baguage de poussins de Mouettes mélanocéphales et de Mouettes rieuses ont eu lieu sur les colonies du Parc et de la Maison de la baie de Somme (programme du Centre de Recherches sur le Baguage des Populations d’Oiseaux – Muséum Paris). Et des oiseaux porteurs de ces bagues couleur vertes nous apportent toujours de précieuses informations !
Durant 5 jours, Jean Roger Perrot et Alain le Dreff ont effectué une opération de contrôle des bagues à la longue-vue sur la grande colonie du polder de Sebastopol à Noirmoutiers (Vendée). 252 bagues ont été lues dont 218 oiseaux bagués en France… et deux “Picardes” dont nous n’avions plus de nouvelles depuis bien longtemps !
Bague verte RE60 : Baguée à la Maison de la Baie de Somme le 24 juin 2014, elle est notée les 21 et 22 avril 2025 sur la colonie de Noirmoutiers. Elle n’avait donné lieu à aucun contrôle depuis plus de 10 ans, ce qui est étonnant vue la pression de lecture de bagues sur cette espèce “populaire”. Elle a su se faire bien discrète, probablement sur des lieux à faibles densités d’observateurs.
Bague verte RR4U : Baguée poussin à la Maison de la Baie de Somme le 28 juin 2016., elle est notée le 17 septembre 2016 à Lampaul Ploudalnézeau (Finistère) et le 19 avril 2025 à Noirmoutiers.
Un oiseau bagué poussin le 23 juin 2018 au polder Sébastopol, a été observé au Parc du Marquenterre le 18 avril 2022 ; il est le 26 avril 2022 sur la colonie de Blois sur la Loire et retour à Noirmoutiers le 29 avril 2022 et le 19 avril 2025.
La colonie de Mouette rieuse étant faible (maximum de 242 couples au poste 1 pour l’instant), il est peu probable que des Mouettes mélanocéphales nichent cette année sur le Parc. On sait dès son arrivée en Europe de l’ouest depuis l’Ukraine que encore aujourd’hui seules les grandes colonies de Mouettes rieuses – plus de 300 couples – sont attractives pour l’installation de cette espèce. Espérons que lors des dispersions post-nuptiales, nous ayons des stationnements pour contrôler des oiseaux bagués et vous (nous) raconter de belles histoires…
Merci à Jean Roger Perrot, Alain Le Dreff et à tous les observateurs de cette passionnante espèce de jouer le facteur de la Poste, apportant les nouvelles de cette incroyable globe-trotteuse ailée !
Texte : Philippe Carruette / Illustration : Alexander Hiley
On sait grâce aux opérations de baguage sur les colonies nicheuses européennes que l’Avocette élégante est une espèce à fort comportement philopatrique : chaque année, quel que soit le résultat de la reproduction, les oiseaux reviennent sur leur site de nidification.
Il faut dire que les milieux pionniers favorables à l’espèce sont très limités ; 70% des colonies d’Avocettes françaises sont sur des sites protégés avec des milieux plus ou moins gérés par l’Homme. Il faut vraiment que les échecs lors de la couvaison ou de l’élevage des poussins se multiplient – prédation, submersion des nids, stress alimentaire… – durant de nombreuses années pour que la colonie disparaisse totalement.
Heureusement (la nature est bien faite !) les adultes ont une longévité forte atteignant jusqu’à plus de 25 ans. De plus, ils peuvent faire une couvée de remplacement quand la première est détruite au stade de l’incubation.
Grâce au baguage couleur des poussins sur certaines colonies, on sait que de nombreux oiseaux adultes remontent précocément en été (dispersion postnuptiale) depuis les colonies de Loire-Atlantique. Un oiseau bagué poussin le 20 juin 2008 à Saint Molf tente ainsi de nicher sur le parc le 8 juillet 2012 !
À une autre extrémité dont le centre est le Parc, des oiseaux nicheurs sont originaires des Pays-Bas. Un oiseau bagué poussin à Wommeles (Groningen) niche au Marquenterre le 2 juin 2021. Un mâle bagué poussin le 7 juin 2019 à Lihoijen au sud d’Utrecht et nicheur en 2022 aux Pays-Bas, se reproduit au Parc en 2024 et 2025.
Le baguage couleur permet aussi de savoir que des oiseaux nicheurs au Parc vont hiverner en Espagne en Andalousie à Veta de Palma.
Texte : Philippe Carruette / Illustration : Alexander Hiley
https://www.marquenterrenature.fr/wp-content/uploads/2025/05/Avocette-elegante-Alexander-Hiley-scaled.jpg17072560Cécile Carbonnierhttps://www.marquenterrenature.fr/wp-content/uploads/2023/08/LOGO_RN_Blanc.pngCécile Carbonnier2025-05-19 09:09:002025-06-05 13:59:52D’où viennent les Avocettes nicheuses sur le Parc ?
Depuis le 24 février, de nombreuses Cigognes blanches sont revenues sur le Parc. Avec la fermeture du centre d’enfouissement de Boismont, peu d’individus hivernent en permanence sur le site. Ceux qui fréquentaient en nombre ce lieu de nourriture facile se sont reportés sur le centre de Dannes dans le Pas-de-Calais, celui de Valembray dans le Calvados, ou les grandes décharges espagnoles autour de Madrid.
Des oiseaux peuvent revenir de migration jusque début mai. On remarque que ce sont souvent des mâles ayant des difficultés à trouver un partenaire, les femelles ayant plutôt tendance à s’éloigner de leur lieu de naissance. Cela produit des conflits réguliers, parfois violents, pour s’emparer de nid déjà occupés. Quelques oiseaux bagués furent contrôlés durant ce retour. On ne bague plus de cigogneaux en France, mais nous continuons à le faire dans le cadre d’un programme régional Hauts-de-France accepté par le Centre de Recherches sur le Baguage des Oiseaux (Muséum de Paris) du fait que la population du nord de France est encore en pleine expansion.
FMIY baguée le 12/06/2023 sur la plateforme après le poste 11 : c’est un mâle célibataire noté à la héronnière les 30/03/2025 et le 08/04/2025.
FHXA baguée le 31/05/2017 à Merlimont (62) : le 08/10/2024 ce mâle est à Valembray (Calvados) ; il revient sur le Parc le 24/02/2025 et le 31/03/2025 il niche à la héronnière.
BRZS baguée à Groffliers le 09/07/13 : elle est à Valembray le 07/01/2025 ; le 01/04/2025 elle est notée au Parc.
FMIC baguée le 30/05/2019 à Merlimont (62) : le 21/01/2022 elle hiverne dans le Calvados à Notre Dame d’Estrées ; elle est le 31/03/25 au Parc.
FMIM bagué au Parc le 21/06/2022 (plateforme du poste 11) : elle est le 01/03/2025 au Parc.
AERY – la doyenne ! – baguée à Saint Victor d’Ymonville (Seine-maritime) en 2005 : elle niche depuis 2007 à la héronnière, elle a connu au moins trois mâles différents sur trois nids différents dont AFFG bagué le 21/06/2005 au Parc.
FMIW baguée au Parc le 12/06/2023 : elle est le 05/03/2025 à Trignac en Loire Atlantique.
FMIT baguée à Boismont le 10/06/2023 : elle est notée sur le centre d’enfouissement de Dannes (62) le 09/08/2023 et le 20/06/2024 sur le marais communal de Lairoux en Vendée.
Et puis il y a des nouvelles plus lointaines comme FMIX que nous avons bagué le 10/06/2023 à Boismont qui hiverne du 16/01/2024 au 20/03/2024 à Kenitra sur la côte marocaine au nord de Rabat. C’est notre premier contrôle marocain. Elle a été revue au Parc le 17/04/2024…
Texte : Philippe Carruette / Illustration : Alexander Hiley
Le baguage des espèces communes, notamment à la mangeoire, peut paraître inutile. “On connaît déjà tout, bien entendu, sur ces espèces que l’on voit tous les jours dans son jardin !” “Ce sont toujours les mêmes, qui ne méritent pas (plus) un regard !” Combien de fois avons-nous entendu ces propos lors de nos visites…
Et pourtant, bien des Mésanges bleues nous viennent de très loin lors de phénomènes d’irruptions ; le Pouillot véloce hiverne de plus en plus chez nous ; la Tourterelle turque passe en migration à l’automne au-dessus du point de vue ; et les Troglodytes mignons de novembre peuvent venir… de Suède ou de Finlande !
Ainsi une Mésange charbonnière baguée comme femelle d’un an le 23 octobre 2021 est contrôlée par un bagueur balte le 20 mars 2025 à Klaipeda sur la côte lituanienne, soit à 1442 kilomètres en ligne droite ! Déjà une belle longévité.
Le biologiste hollandais Kluijver a montré que 87% des individus de cette espèce n’atteignent pas l’âge d’un an et que par la suite 49% des adultes meurent chaque année. Ce constat est le même dans un jardin de Rue où 53% des adultes ne sont pas recontactés chaque année, et les mâles semblent avoir une espérance de vie plus importante que les femelles (cela change d’une autre espèce…) ! Le record en Europe pour la Mésange charbonnière est tout de même de 15 ans et 5 mois, et de 11 ans et 3 mois pour un oiseau « français ». C’est chez les populations baltes et russes que la population est la plus migratrice, effectuant notamment des irruptions lors des périodes de disette et de fortes densités d’effectifs.
Plus modestement – on ne peut pas payer des vacances en Baltique à tout le monde – un mâle d’un an de Fauvette à tête noire bagué au fond des parkings le 8 septembre 2023 est contrôlé le 29 avril 2024 à Bois de Lessines (Bos del Sinne en picard puisque l’on est dans cette zone linguistique) dans dans le Hainaut belge entre Roubaix et Bruxelles.
Alors prenons le temps d’observer toutes les espèces : chaque individu est différent, les comportements ne sont pas uniquement innés, loin de là, et nous avons encore tant à apprendre !
Texte : Philippe Carruette / Illustration : Alexander Hiley
https://www.marquenterrenature.fr/wp-content/uploads/2025/04/Mesange-charbonniere-Alexander-Hiley-2022-scaled.jpg25601742Cécile Carbonnierhttps://www.marquenterrenature.fr/wp-content/uploads/2023/08/LOGO_RN_Blanc.pngCécile Carbonnier2025-04-28 09:09:002025-04-11 14:13:11Il était une fois, une Mésange charbonnière…
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