La période de nidification chez les oiseaux au Parc du Marquenterre s’est enfin décidée à débuter. En effet, du retard est constaté cette année, dû peut-être aux températures fraîches de ce début de printemps.
Comme chaque année, ce sont les Cygnes tuberculés, les Foulques macroules, les Hérons cendrés et les Cigognes blanches qui ouvrent le bal. Néanmoins, un couple de Grèbes castagneux a construit un nid incognito au pied du poste 9, fidèle à cet emplacement pratique, puisque protégé par les branches d’Argousiers.
Saviez-vous que cet oiseau à la morphologie si particulière n’appartient pas à la famille des Anatidés – autrement dit canards, oies et cygnes – mais à celle des Podicipédidés ? Les pattes des grèbes étant situées très à l’arrière du corps, on le surnomme parfois “Pattes-au-cul” ! D’un point de vue étymologique, « castagneux » vient du latin en référence à sa tête couleur châtaigne.
Le Grèbe castagneux construit une belle nacelle flottante composée presque exclusivement d’algues. 4 à 6 œufs sont pondus généralement entre avril et septembre ; notre couple, qui a déjà pondu deux œufs, est donc plutôt précoce ! Ceux-ci seront couvés pendant 20 à 25 jours à tour de rôle. Ces pontes sont précédées de magnifiques parades face à face, chacun avec une algue dans le bec.
Une fois les juvéniles nés, ils seront transportés sur le dos d’un des parents pendant que l’autre partenaire les ravitaillera en petits poissons n’excédant pas 10-15 cm pendant une dizaine de jours ; âge à partir duquel les poussins sauront nager. Mais ils resteront dépendant des deux adultes pendant environ deux mois.
Texte : Foucauld Bouriez / Illustrations : Alexander Hiley, Foucauld Bouriez
D’où viennent les Avocettes nicheuses sur le Parc ?
On sait grâce aux opérations de baguage sur les colonies nicheuses européennes que l’Avocette élégante est une espèce à fort comportement philopatrique : chaque année, quel que soit le résultat de la reproduction, les oiseaux reviennent sur leur site de nidification.
Il faut dire que les milieux pionniers favorables à l’espèce sont très limités ; 70% des colonies d’Avocettes françaises sont sur des sites protégés avec des milieux plus ou moins gérés par l’Homme. Il faut vraiment que les échecs lors de la couvaison ou de l’élevage des poussins se multiplient – prédation, submersion des nids, stress alimentaire… – durant de nombreuses années pour que la colonie disparaisse totalement.
Heureusement (la nature est bien faite !) les adultes ont une longévité forte atteignant jusqu’à plus de 25 ans. De plus, ils peuvent faire une couvée de remplacement quand la première est détruite au stade de l’incubation.
Grâce au baguage couleur des poussins sur certaines colonies, on sait que de nombreux oiseaux adultes remontent précocément en été (dispersion postnuptiale) depuis les colonies de Loire-Atlantique. Un oiseau bagué poussin le 20 juin 2008 à Saint Molf tente ainsi de nicher sur le parc le 8 juillet 2012 !
À une autre extrémité dont le centre est le Parc, des oiseaux nicheurs sont originaires des Pays-Bas. Un oiseau bagué poussin à Wommeles (Groningen) niche au Marquenterre le 2 juin 2021. Un mâle bagué poussin le 7 juin 2019 à Lihoijen au sud d’Utrecht et nicheur en 2022 aux Pays-Bas, se reproduit au Parc en 2024 et 2025.
Le baguage couleur permet aussi de savoir que des oiseaux nicheurs au Parc vont hiverner en Espagne en Andalousie à Veta de Palma.
Texte : Philippe Carruette / Illustration : Alexander Hiley