Amphibiens en migration

Il pleut, il mouille, c’est la fête à la… Tout le monde connaît la chanson, en témoignent les Rainettes vertes, dont la joyeuse chorale a accompagné les premières pluies d’automne ! En effet, les précipitations, couplées aux températures douces des mois de septembre et octobre, ont relancé l’activité des batraciens. Sur les sentiers du Parc, les visiteurs ont été nombreux à croiser Crapauds communs ou calamites, avançant de leur démarche pataude sous les gouttes bienfaitrices.

Rainette verte (Hyla arborea)

Il est déjà temps pour eux de rejoindre leurs quartiers d’hiver. Si elle est moins spectaculaire et plus diffuse que la migration prénuptiale, la migration automnale des amphibiens demeure cependant bien visible. Rappelons au passage que ces animaux mènent une “double vie”, comme leur nom l’indique (amphi = double ; bios = vie). Rien de moralement blâmable néanmoins : il s’agit plutôt d’une vie entre deux mondes, l’aquatique et le terrestre. Les larves se développent dans l’eau, mais une fois la métamorphose achevée, ces vertébrés poursuivent leur croissance sur terre. Ils ne retourneront en milieu aquatique que pour se reproduire, et toute leur vie sera rythmée par ces allers-retours annuels. 

Crapaud commun (Bufo bufo)

Bêtes à sang froid – on dit qu’ils sont poïkilothermes –  leur température corporelle varie avec celle de leur environnement ; ainsi, quand le temps se fait frisquet, toute activité devient impossible, d’où la nécessité d’hiberner. 

Crapaud calamite (Epidalea calamita)

Pour l’heure, durant les journées pluvieuses, anoures et urodèles ont un seul objectif : atteindre leur zone d’hivernage. On peut ainsi observer de jeunes Grenouilles rousses ou vertes, bondissantes, qui profitent de l’humidité ambiante pour se disperser ; parfois, ce sont les Tritons alpestres et ponctués qui regagnent en rampant une souche protectrice ; enfin, les crapauds quittent leurs gîtes estivaux pour rejoindre une anfractuosité au sol détrempé, située parfois à plus d’un kilomètre. 

Grenouille rousse (Rana temporaria)

Beaucoup de mâles préfèreront passer l’hiver au fond de l’eau, enfouis dans la vase. C’est leur peau, fine et fragile, qui leur permettra de respirer. Ainsi blottis dans leur cachette, ils traverseront la mauvaise saison dans un état de léthargie… et seront les premiers présents sur le site de reproduction, où ils recommenceront à chanter dès que le printemps frémira !

Triton alpestre (Ichthyosaura alpestris)

Texte : Cécile Carbonnier

Illustrations : Benjamin Blondel, Marion Dauvergne, Alexander Hiley, Amaury Peyrot