Un vent de Phalarope 2 !

Mardi 16 septembre, le vent continue de souffler, sans néanmoins atteindre l’intensité de la veille. Le Phalarope à bec large est toujours strictement à la même place, entre deux roselières au pied du poste 4, roulant sur le flot de vagues comme un jouet aquatique mécanique. Mais un nouveau est arrivé sur le début du parcours, bien en évidence au bord du chemin sans aucune crainte des visiteurs. Cette fois c’est un Phalarope à bec étroit !

Ce petit échassier niche en Scandinavie et en Russie, avec quelques rares couples en Ecosse. Puis il part en migration en haute mer, pour finalement traverser l’Europe par les terres en direction de la mer Noire et de la mer Caspienne, et aller hiverner en groupe le long des côtes du  Golfe persique (Mer d’Oman, golfe arabique…) et dans l’Océan indien… Un sacré et étrange périple migratoire en boucle ! Quant à ceux qui nichent en Islande, ils traversent l’océan atlantique puis longent les côtes américaines, pour filer hiverner au large du Pérou ! Un exploit finalement pour un limicole du genre minus – 25 à 50 grammes, un Moineau domestique pèse 30 grammes ! Les Chevaliers guignettes qui passent à côté de lui paraissent presque  obèses, et les Bergeronnettes grises se sentent valorisées  !

Comme tous les membres de sa famille, il a aussi la particularité rare que le mâle est moins coloré que la femelle, puisque celle-ci parade et est polyandre, laissant à monsieur le soin de s’occuper seul de la couvée et de l’élevage rapide des poussins. Attention, en bon pélagique, il n’est présent qu’à marée haute et quand il y a un bon coup de vent !  

Notre globe-trotteur  a aussi une autre particularité, celle de nager activement en rond comme une toupie, en provoquant des tourbillons pour faire remonter les micro invertébrés en surface ; c’est un hyperactif ! Il a tout finalement pour être parfait, efficace et moderne !

Observé sur le Parc tous les ans et demi de 1973 à 1993, ce phalarope est vu quasiment chaque année depuis 1994. Comme au niveau national, la majorité des données concerne la migration postnuptiale. Mais les observations de printemps augmentent aussi (8) s’étalant du 28 avril (en 1986) à la mi-juin. Avec le réchauffement climatique, les périodes de forts vents augmentent, obligeant les oiseaux à fréquenter de plus en plus le site comme zone refuge. Le Parc du Marquenterre est devenu un des lieux les plus réguliers en France – où seulement une cinquantaine d’oiseaux sont observés par an ! – pour ce petit limicole. Deux phalaropes d’espèces différentes la même journée, ce n’est vraiment pas fréquent… mais on avait vraiment un temps de phalarope !

Texte : Philippe Carruette / Illustration : Philippe Poiré 

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