Hello, comme Mathilde, est revenue !

Il est des oiseaux que l’on prend bien du plaisir à revoir. Pas en tant qu’espèce rare et exceptionnelle, mais en tant qu’individu. Un peu comme une vieille connaissance que l’on ne voit qu’une fois par an, lors d’une fête de famille ou d’une réunion de club… naturaliste, bien entendu. 

Grâce à son cortège de bagues couleur RW-LO (bagues rouge et blanche à la patte gauche et vert pistache et orange à la patte droite, bague métal Muséum sur le tarse) on reconnaît bien “notre” Barge à queue noire, grande habituée du Parc en migration postnuptiale. C’est un superbe mâle bagué adulte sur son site de reproduction, dans le comté de Arnessysla à Grimsnes, au sud de l’Islande, le 13 juillet 2011 ; lieu grandiose de chutes d’eau, volcans et landes au sud-est de Reykjavik…  

Chaque année, sans aucune exception, elle revient au Parc du Marquenterre en migration postnuptiale. Elle est contactée généralement en juillet (le 11 en 2022, le 12 en 2017 et 2023, le 19 en 2014, le 25 en 2021, le 27 en 2016, le 29 en 2020), en août (le 3 en 2018, le 10 en 2019, le 20 en 2011, le 18 en 2013, le 30 en 2015),  voire septembre (2 septembre 2012). En 2024, nous la retrouvons pour la première fois le 8 juillet, date la plus précoce de retour : a-t-il échoué dans sa reproduction ? Mais cette précocité se retrouve d’ailleurs ces toutes dernières années : conséquence des changements climatiques qui font migrer l’oiseau plus tôt pour la nidification ? 

Son séjour estival sur le parc se prolonge jusqu’à la fin de l’automne, montrant la qualité nutritionnelle du lieu pour l’espèce. Elle nous quitte au plus tard le 26 novembre 2011 et le 17 novembre 2013, mais le plus souvent début octobre.

On ignore totalement où elle passe l’hiver, sauf dans deux cas : le 31 décembre 2015 elle est présente sur le Parc, et le 9 janvier 2023 dans la baie du Mont-Saint-Michel dans la Manche.

En migration pré-nuptiale, l’oiseau est observé uniquement aux Pays-Bas, surtout dans la région d’Ouderkerk (Noord Holland). Ce trajet est le plus fréquenté en matière de haltes migratoires avant de gagner l’Angleterre, l’Ecosse puis l’Islande. Il arrive aux Pays-Bas au plus tôt le 1er février 2023, et repart au plus tard le 8 avril 2023, soit deux mois de halte nourricière indispensable pour gagner le site de reproduction en pleine forme. 

On constate que plus cet oiseau arrive tôt aux Pays-Bas, plus il repart tard. Les dates de retour de printemps en Islande sont peu nombreuses, mais montrent tout de même une grande régularité : 21 avril 2012, 15 avril 2018 et 2019, 14 avril 2022. 2013 fait exception avec un contact le 5 juin, mais cette année-là, le printemps fut particulièrement froid et pluvieux dans toute l’Europe ! 

Au-delà de tout l’intérêt scientifique remarquable du baguage, il y a aussi ce fort côté émotionnel de connaître et reconnaître un individu, et de partager ce plaisir des yeux humains avec tant d’autres Européens qui partagent cette passion du vivant migrateur, par delà les frontières ; enfin, il nous offre une image de l’Islande que je ne connaîtrai sûrement jamais. Alors à bientôt LO, ici ou ailleurs ! 

 *Clin d’œil au grand Jacques Brel avec sa chanson « Mathide » parue en 1964.

Texte : Philippe Carruette / Illustration : Alexander Hiley

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