Ce n’est pas une mouette !
Lors des récentes surprises en matière d’espèces rares au Parc du Marquenterre, l’Élanion blanc (Elanus caeruleus), au grand bonheur des observateurs, a fait son apparition. Cet élégant rapace, blanc et gris comme une mouette, avec le dessous des rémiges (plumes de vol) noir, se distingue par son œil rouge vif et ses pattes jaunes à orangées. Par la taille, il est un peu plus grand qu’un Faucon crécerelle, celui que l’on observe couramment au bord des routes.
Originaire d’Afrique et de la péninsule arabique, il est en expansion en Europe, notamment en raison du changement climatique et de son adaptation aux milieux agricoles. Actuellement, il ne niche que dans la péninsule Ibérique et dans le grand Sud-Ouest de la France, avec près de deux mille couples. Son histoire en Europe : première nidification au Portugal en 1963, puis dans le sud de l’Espagne en 1973. En France, le premier cas de nidification est observé en Aquitaine en 1983, puis dans les Landes en 1990. L’expansion s’accélère à partir de 2005, avec des apparitions en Allemagne, au Danemark… En 2017, un premier cas de nidification est signalé dans l’Avesnois, une belle surprise pour le département du Nord.
Au parc du Marquenterre, trois observations ont été enregistrées : 1 en migration active (en cours de migration) vers le sud le 28 septembre, puis 1 le 28 octobre 2021, et 1 autre le 1er novembre 2024. Les données les plus récentes remontent au 19 septembre 2025, avec l’observation de deux individus.
Des cas de concurrence avec le Faucon crécerelle (Falco tinnunculus) commencent à être observés, car il fréquente les mêmes biotopes : milieux ouverts parsemés de haies bocagères et de bosquets isolés, comme en Brenne (cf. Daniel Gérard, guide en Brenne). Comme le Faucon crécerelle, l’Élanion chasse en vol stationnaire et se nourrit des mêmes proies, notamment de micromammifères, avec une nette préférence pour le Campagnol des champs. Les pullulations de campagnols peuvent l’amener à réaliser jusqu’à quatre pontes, bien que le taux d’échec reste élevé. Plutôt sédentaire, il forme même des dortoirs hivernaux, à l’instar du Héron garde-bœufs.
Texte et photo : Foucauld Bouriez

ouah, la chance !