Depuis quelques jours au poste 1, le matin uniquement pour l’instant, sont revenues bien des Mouettes mélanocéphales en superbe plumage nuptial mettant en valeur le tour de l’oeil blanc et le bec rouge sang. L’année dernière 147 couples ont niché au cœur de la colonie de Mouettes rieuses. On sait que ces oiseaux, à l’origine venus d’Ukraine, ont besoin au départ de fortes colonies de leurs cousines rieuses – dans la théorie plus de 300 couples – pour s’installer à leur tour.

Cette espèce est extrêmement bien suivie dans son évolution et sa colonisation de l’Ouest du continent grâce au baguage couleur effectué dans toute l’Europe. Depuis 2014 nous baguons ainsi l’importante colonie de la Maison de la Baie à Lanchères. Du fait des effectifs impressionnants de poussins, de nombreux collègues des Hauts-de-France sont mobilisés lors de cette opération.

Depuis janvier, déjà une vingtaine de bagues françaises et belges ont été lues sur le Parc. Elles représentent toutes une mine de renseignements sur la vie de cet oiseau… qui a vraiment la “bougeotte” ! Des exemples concrets retracent deux tranches de vie :

  • HJ14 rouge baguée poussin le 17 juin 2012 à Szeged Feherto, en Hongrie. Elle est vue le 3 juin 2013 sur l’île de Noirmoutier, attirée par la colonie du polder Sébastopol. De fin juillet à août 2013 elle remonte à Boulogne-sur-Mer. Le 14 octobre elle est à Wissant et le 24 février 2014 de nouveau à Boulogne. En avril et mai 2014 elle est présente sur l’imposante colonie d’Anvers où on lui remplace sa bague abîmée : elle devient 3HNT blanche. Le 4 juillet elle revient à Boulogne. Pour l’année 2015 elle est de nouveau à Boulogne et Wissant d’août à octobre. Le 14 juin 2016 on la voit à Saint-Pol-du-Léon (Finistère) pour revenir en été dans ses sites habituels du Pas-de-Calais. En 2017 elle est au Parc le 30 mars, à la Maison de la Baie le 6 avril et de retour en été sur Boulogne avant d’hiverner à Calais. Les 5 et 6 mars elle est de nouveau au Parc.
  • RN2E verte est baguée poussin le 24 juin 2014 à la Maison de la Baie. Elle est observée dans le Finistère le 16 juin 2015 à Henvic et dans les Côtes-d’Armor à Plouha le 17 novembre 2015. En 2016, toujours la Bretagne à l’Abbaye de Beauport, site du Conservatoire du Littoral dans les Côtes d’Armor ; le 21 avril elle est sur Noirmoutier et le 29 juillet sur le littoral du Pays-de-Galles à Aberystwyth. Elle revient à la Maison de la Baie le 26 mars 2017 pour être retrouvée cette fois en Cornouailles britannique sur l’estuaire de la Camel. Pas de nouvelles en 2018, mais le 9 mars elle est au Parc du Marquenterre !

Une autre, RL31 baguée poussin en juin 2016, a hiverné à El Jadida au Maroc ; une autre à Pontevedra en Espagne ; quant à RE36, on l’a repérée à Ciboure dans les Pyrénées Altlantiques

Alors quand vous regarderez ces belles Mouettes mélanocéphales et que les guides vous montreront leurs bagues… pensez à un catalogue d’agences de voyages, à un sac à dos ailé… et rêvez !

Texte : Philippe Carruette

Illustrations : Benjamin Blondel, Philippe Carruette

Elena del Val, ornithologue espagnole, vient de nous envoyer des nouvelles de « nos » cigogneaux bagués par l’équipe du Parc. Elles ont été observées au sud de Madrid sur les décharges del Pinto et de Porcal où de nombreuses cigognes se réunissent en halte migratoire ou hivernage.

  • BSEY bagué sur le nid du point de vue le 13 juin 2012. Observé à Madrid le 10 septembre 2018
  • FDMY bagué le 09/06/18 à Noyelles sur Mer. Observé à Madrid le 3 octobre et le 3 novembre 2018
  • FHXE Bagué le 21 juin 2018 dans le Domaine du Marquenterre. Noté à Madrid le 20/08/18

Photo: Maëlle Hello (Guide Naturaliste)

Durant le mois d’octobre la migration des passereaux bas son plein. Mais ils ne sont pas les seuls a passer ! Ces derniers temps de nouvelles bagues sont observées chaque jours dans les groupes de Spatules blanches. Preuve que la migration n’est pas terminée pour cette espèce, beaucoup d’entre elles sont encore loin de l’arrivée… La plupart des spatules iront en effet hiverner dans l’ouest de l’Afrique.

Ce qu’on peut remarquer également sont les différentes provenances des oiseaux. La majorité des migratrices faisant halte en Baie de Somme nous proviennent des Pays Bas, mais nous avons également remarqué quelques bagues allemandes et récemment des bagues danoises. Ces oiseaux provenant d’un peu plus loin mettent peut être plus de temps a nous parvenir ?

Texte : Clément Parissot – Photos : Louis Marie Préaux, Clément Parissot.

Que se soit au fond du poste 6 ou sur les parkings du Parc, le nombre de Fauvettes à tête noire baguées est toujours aussi important. La grande majorité sont des juvéniles montrant qu’à l’inverse de nombreux passereaux cette année, leur reproduction fut plutôt satisfaisante. Les mâles sont aussi majoritaires mais cela est probablement un biais dû à l’utilisation de la repasse du chant territorial sur le site de baguage au lever du jour. Malgré cet effort important de baguage aucun oiseau étranger ou français n’a été contrôlé et quasiment pas d’auto-contrôle montrant bien que les oiseaux ne sont que de passage et que la halte migratoire en journée est de très courte durée sur notre site. Elles y trouvent néanmoins cette année une abondance de mûres riches en sucre bien venu pour reprendre des réserves de graisse. Espérons que durant leur voyage vers le sud elles seront de nouveau contrôlées pour nous apporter une mine d’informations ! Si nombre de Fauvettes à tête noire hivernent au sud de l’Espagne et du Portugal, de plus en plus gagnent l’Angleterre ou restent dans notre région profitant des ressources alimentaires providentielles des mangeoires à tournesol.

Texte : Philippe Carruette – Photo : Marie le Bègue.

Le premier Pouillot à grands sourcils est noté en soirée au Parc le 24 septembre dans le petit parcours. Ce petit passereau n’était guère connu auparavant dans notre région. Il est originaire de Sibérie et sa population semble se développer lentement vers le nord ouest de la Russie. L’espèce est notée pour la première fois en Picardie le 22 septembre 1993 au Hable d’Ault. Avec le développement de l’ornithologie et surtout des stations de baguage en migration postnuptiale, il est observé et bagué maintenant chaque année sur le Parc et sur le littoral de tous les Hauts de France. Par rapport aux autres pouillots européens, il est assez facile à reconnaître avec son long sourcil blanc jaune pâle jusqu’à la base du bec et ses deux barres alaires claires très nettes. Son cri de contact est assez caractéristique avec un « tswe eet » sonore sur la première note et en baisse sur la deuxième (prière d’avoir l’oreille musicale !). On le rencontre surtout dans les saulaies où il inspecte sans arrêt les feuilles mais il a déjà été bagué aussi dans un jardin boisé de Rue. Vu son aire de répartition, il hiverne normalement en Asie du Sud Est mais on connaît mal la destinée de ceux qui passent en migration ou vont parfois hiverner en Europe de l’Ouest.

Texte et photo : Philippe Carruette.

PHENO : Un diminutif de « phénologie » de la migration, un programme de baguage mis en place pour étudier la migration post-nuptiale durant 4 mois par le Museum de Paris (CRBPO). En effet c’est en plein été que nombre de passereaux nous quittent. Rousserolles, Phragmites, Locustelles dans les roselières au fond du poste 6, Fauvettes, Pouillots dans les dunes buissonnantes ou forestières. Rouge-gorge, Roitelets, Merles et Grives prendront le relais en septembre au fond des parkings. Le baguage en août va concerner surtout les Fauvettes à tête noire, babillardes, grisettes et des jardins.

Outre l’étude de la phénologie de la migration pour chaque espèce, cela va permettre de montrer l’importance de certains habitats pour ces espèces. Ainsi la zone boisée dunaire à l’entrée du Parc jusqu’aux parkings est une indispensable trame verte entre les terres agricoles intérieurs, le village et le Parc notamment pour des espèces forestières plutôt sédentaires comme la Sitelle torchepot ou la Mésange nonnette ou migrateurs rampants comme la Mésange noire ou les Roitelets.

Texte et photo : Philippe Carruette.

Les opérations de baguage au printemps permettent de se rendre compte de manière précise de la nidification. Après un début de saison catastrophique pour les passereaux (froid, pluies et vent de fin mars à début mai), juin a permis de voir revenir de bonnes densités d’insectes avec la chaleur. Les juvéniles de Rousserolles, Phragmites, Merles noirs, Fauvettes à tête noire, Hirondelles… semblent être nombreux notamment pour les couples ayant niché les plus tard. Néanmoins, la situation des Pouillots ne semblent pas s’être fortement améliorée, qu’ils soient Fitis ou Véloces les adultes ont connu une forte mortalité à leur arrivée fin mars début avril en pleine période d’absence de nourriture.

Tous ces jeunes passereaux ont souvent, notamment pour les espèces les plus territoriales, un plumage plus discret et différent de celui des adultes. Ainsi les jeunes Rouge-gorges n’ont pas de tache orange, les jeunes fauvettes à tête noire ont la calotte brune qu’ils soient mâles ou femelles.

Lorsque les juvéniles sortent des nids, les adultes continuent de les alimenter. Posés au sol ou sur des branches, ces jeunes volants attendent patiemment leur nourriture entre deux exercices de vol. Vous pourrez peut être admirez ce spectacle le long des chemins, comme par exemple celui de ces trois jeunes Hirondelles…

Texte : Philippe Carruette et Clément Parissot – Photo : Philippe Carruette – Vidéo : Marion Mao.

Comme chaque année à la mi-juin la campagne de baguage des cigogneaux commence dans les Hauts de France. Seuls les nids accessibles, notamment sur les plateformes de baguage, sont visités. Parfois il est nécessaire de faire appel à un élagueur expérimenté si l’échelle est… trop courte !

Les jeunes sont descendus au sol pour être pesés, mesurés et munis d’une bague couleur verte avec 4 lettres blanches (bien visibles à la longue vue) et d’une bague métal obligatoire du Museum d’Histoire Naturelle de Paris (MNHN – CRBPO).

Aujourd’hui seule une minorité de poussins sont bagués (ceux de la héronnière, observatoire 13, par exemple ne peuvent absolument pas être bagués pour la totale quiétude de la colonie) mais cela permet toujours d’avoir de nombreuses nouvelles informations sur cette espèce déjà bien étudiée mais qui évolue dans sa biologie et son aire de répartition.

Texte et photos : Philippe Carruette.