Oiseaux en temps de guerre : les pigeons, héros oubliés du ciel
Quand on pense aux oiseaux qui survolent la baie de Somme et le Parc du Marquenterre, on imagine des cigognes majestueuses, des spatules élégantes ou encore le ballet gracieux des avocettes. Mais un autre oiseau mérite qu’on lui redonne sa place dans notre mémoire : le pigeon.
Souvent perçu aujourd’hui comme un oiseau « sale », indésirable en ville, le pigeon domestique descend pourtant d’une lignée de véritables héros de guerre. Retour sur l’histoire méconnue d’un oiseau autrefois célébré… et aujourd’hui oublié, voire rejeté.
Les messagers du front
Durant la Première et la Seconde Guerre mondiale, les pigeons voyageurs ont joué un rôle crucial dans les opérations militaires. Lorsque les communications radio étaient brouillées ou que les lignes téléphoniques étaient coupées, ces oiseaux devenaient les seuls liens entre des soldats isolés et leur commandement.
Transportant des messages dans de minuscules capsules attachées à leurs pattes, ils volaient sans relâche à travers les tirs, les fumées et les paysages dévastés. Ils ont permis de sauver des centaines, voire des milliers de vies humaines.
Des pigeons médaillés
Des pigeons comme Cher Ami (France, 1918) ou GI Joe (Italie, 1943) ont reçu de véritables décorations militaires. À une époque, ils étaient considérés comme des combattants à part entière, honorés pour leur bravoure, leur fidélité, et leur incroyable sens de l’orientation.
Du héros au “rat volant” : l’oubli et le rejet
Et pourtant… Quel contraste avec la vision que nous avons aujourd’hui du pigeon !
Dans l’imaginaire collectif, le pigeon des villes est désormais vu comme un nuisible, surnommé « rat volant« , accusé de salir les monuments ou de propager des maladies. Il est chassé des centres urbains, ignoré dans les discours sur la biodiversité, et rarement protégé comme les autres espèces.
Une injustice ? Sans doute. Car ces pigeons, souvent descendus d’anciennes lignées de voyageurs élevés pour leur intelligence et leur sens de l’orientation, sont les descendants directs des héros ailés des temps de guerre.
Redonner leur place aux oubliés
À l’heure où la biodiversité est en danger, il est temps de repenser notre relation avec les espèces dites « communes« . Le pigeon, compagnon des villes comme des champs, a été un héros malgré lui. Ne mériterait-il pas aujourd’hui un peu plus de respect ?
Texte : Maxim Laurin / Illustration : FPG / Hulton Archive / Getty image
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