La Tachinaire corpulente… un ours noir avec des ailes !

Il existe bien des espèces de mouches de l’ordre des Diptères, comprenant quelque 120.000 espèces tout du moins déjà connues dans le monde – à titre de comparaison, pour les oiseaux ce sont environ 11.000 espèces ! Il y a celles que l’on connaît au quotidien, de la Mouche domestique, à la Mouche bleue… en passant par le Taon des boeufs ou la Mouche du vinaigre que l’on apprécie modérément Mais il en est aussi des plus “attachantes”. 

La Tachinaire corpulente (Tachina grossa), ou Echinomyie grosse*, en fait partie. Elle me fait penser à un Ours baribal d’Amérique du Nord ; on a le droit de rêver… surtout en ce moment ! C’est la plus grosse mouche d’Europe (15 à 20 mm) avec son corps noir couvert de poils raides comme une fourrure. Point de coquetterie, la tête est jaune d’or avec deux étranges petites antennes entre les deux yeux, ainsi que la base des ailes tirant plus sur l’orangé. 

Elle est surtout active en été, de juin à septembre. Inoffensive, elle butine le nectar sur les ombellifères ou toute plante fleurie, lui conférant un rôle essentiel pour la pollinisation. C’est là que l’on remarque son vol rapide au bruit de bourdon. La conception des “oursons” est moins “fleur bleue” : la tachinaire est une mouche parasitoïde. Elle pond un œuf sur une chenille plutôt dodue (quitte à choisir !) notamment celle de la Bombyx du chêne. 

À la naissance, la larve dévore lentement son hôte de l’intérieur, la gardant en vie le plus longtemps possible. Quand la chenille succombe, la larve tombe au sol pour se transformer en pupe et devenir quelques semaines plus tard une mouche bien corpulente qui pondra elle aussi de 100 à 200 œufs si elle est fécondée. On voit là aussi son rôle dans le contrôle des chenilles foliaires, à l’heure où nos forêts sont en crise.

L’espèce n’est guère abondante, du moins dans notre région, et surtout observée de manière très irrégulière selon les années, peut-être en rapport avec les conditions météo ou l’abondance des chenilles. Dans mon jardin ou sur le Parc, la Tachinaire et le Bombyx du chêne sont bien là cette année en tout cas.

* Tachina : qui marche vite, plutôt en rapport avec son vol rapide – comme quoi on peut être enveloppé et véloce, pour contredire le médisant pouillot ! – et Echinomyia : Hérisson ; chacun sa vision des bestioles…

Texte : Philippe Carruette / Illustration : Cécile Carbonnier

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