Plus de 1000 couples de Spatules blanches nichent maintenant en France. La colonie du Marquenterre (82 couples en 2017) qui s’est implantée dans la héronnière dès 1994, mais surtout depuis 2000, est issue d’oiseaux originaires des Pays-Bas et de Loire-Atlantique ; on y a aussi observé un mâle ayant niché en Espagne. Ces individus fréquentent logiquement notre voie de migration atlantique. 

Mais plus récemment, un oiseau originaire de Camargue – où la colonie, installée depuis 1998, compte désormais plus de 150 couples – a été vu sur le Parc : il porte une bague blanche ALBS, et a été bagué poussin le 10 juin 2014 sur l’ilôt de Besson (réserve des Impériaux). On l’a observé sur le Parc du Marquenterre du 16 mai au 29 mai 2017. Le 10 décembre 2015, il était au Banc d’Arguin en Mauritanie, montrant donc que les oiseaux camarguais peuvent hiverner en Afrique de l’Ouest, et non en Afrique orientale. En remontée de printemps, ils peuvent alors suivre des oiseaux espagnols, français, belges, hollandais, allemands ou danois.

Cela va dans le sens de l’observation en 2016 d’une Spatule baguée en Serbie, issue de la population orientale. De même, des Aigrettes garzettes baguées en Camargue ont déjà été observées sur le Parc : les voies de migration et de dispersion atlantique et méditerranéenne peuvent donc se recouper pour quelques individus.

Texte : Philippe Carruette / Illustration : Alexander Hiley

Le vendredi 24 janvier 2020, lors d’une nouvelle session de baguage au poste d’observation de la mangeoire, près de la héronnière, 29 oiseaux ont été bagués dont :

– 4 Verdiers d’Europe

– 5 Mésanges noires

– 1 Mésange nonnette

– 10 Mésanges bleues

– 4 Mésanges charbonnières

– 4 Pinsons des arbres

– 1 Pinson du Nord (femelle de 2 ans).

C’est la neuvième Mésange nonnette baguée à la mangeoire. Cette espèce est pourtant considérée comme totalement sédentaire. Il serait vraiment très intéressant de retrouver certains de ces oiseaux dans d’autres régions ou pays !

Verdier d’Europe

16 oiseaux déjà bagués ont été contrôlés (8 Mésanges charbonnières, 7 Mésanges bleues, 1 Mésange noire) en grande majorité bagués en novembre et décembre 2019 sur le Parc ; mais aussi une Mésange bleue femelle adulte baguée au même endroit le 19 janvier 2018, et une Mésange charbonnière le 8 février 2018. On voit très bien que sur une mangeoire, finalement on n’observe jamais les mêmes convives ! Certains sont de vrais habitués, d’autres ne viennent qu’un instant ou une journée pour ne plus revenir. Chaque individu a une stratégie différente !

Depuis le début de ce programme de baguage hivernal en novembre 2019, près de 200 oiseaux ont déjà été bagués, à raison de deux sessions par mois. Les Mésanges bleues sont nettement majoritaires du fait de la remarquable irruption depuis le nord-est de l’Europe (des oiseaux bagués en Estonie et Lituanie ont été contrôlés dans la région), et les Mésanges noires viennent également de cette région, voire de Russie ! Quant aux Pinsons du Nord hivernant dans le nord de la France, ils viennent surtout de Norvège.

On a vraiment un restaurant très cosmopolite ! (Je parle bien entendu de la mangeoire, et non pas de l’excellent gâteau au chocolat de Léa, qui a agrémenté et réchauffé cette session en plein vent d’Est!)

Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Philippe Carruette, Cécile Carbonnier

La nouvelle mangeoire installée depuis deux ans en fin de parcours a un vif succès auprès des passereaux cette année avec l’irruption exceptionnelle de Mésanges bleues. Deux opérations de baguage auront lieu chaque mois de novembre à mars dans le cadre du programme Mangeoire du Centre de Recherches sur le  Baguage des Populations des Oiseaux (CRBPO) du Museum de Paris.
Le 4 décembre (avec un froid vif…merci le café et le gâteau au chocolat de Léa!) se sont 50 oiseaux qui ont été bagués en une matinée dont :

  • 31 Mésanges bleues
  • 8 Mésanges charbonnières
  • 4 Mésanges nonnettes
  • 4 Pinsons des arbres
  • 2 Pinsons du Nord (femelle adulte et femelle juvénile)
  • 1 Mésange noire.

Un Verdier, un Pic vert et deux Chardonnerets ont aussi été observés.

 

 

Deux contrôles ont aussi été effectués une Mésange bleue juvénile baguée en Belgique et une Mésange bleue baguée sur le lieu le 4 novembre 2019. Cette dernière est d’ailleurs la seule contrôlée de la trentaine d’oiseaux baguée en novembre à cette mangeoire. Tous ces oiseaux sont en effet des migrateurs qui se déplacent beaucoup et ne vont pas forcément rester même si la nourriture est disponible.

N’oubliez pas une fois par mois de bien désinfecter vos plateaux de mangeoire pour éviter, vue la concentration d’oiseaux, de favoriser avec les fientes et les restes de nourriture le développement de bactéries, champignons et autres virus.

Tournesol et boules de graisse ou gras et saindoux du boucher (surtout non salé!) sont les aliments à privilégier. Garder margarine, pain, rillettes et autre fromages pour votre propre casse croûte !!!!

Les nouvelles des Cigognes blanches en migration ne sont pas toujours très bonnes, notamment pour les jeunes que l’on bague au Parc et dans les environs : durant leur premier voyage, ils subissent une mortalité forte du fait souvent de leur faible expérience, des conditions atmosphériques difficiles, mais aussi et surtout du monde (le nôtre !) qu’ils rencontrent. Mais il y a des exceptions. Ainsi un poussin bagué à Merlimont (FMID bague verte) le 30 mai 2019 est le 17 octobre 2019 à Alcala de Henares, à 35 kilomètres au nord de Madrid. Merci à Alejandro Lopez Garcia pour l’information.

Et puis il y a les « anciennes » qui trouvent bien des qualités à notre région.

– 7096 porteuse de bagues couleur ZZ baguée poussin le 15 juin 2007 à Assen près de Drenthe aux Pays Bas est observée au Parc le 21 janvier 2018.

– M3838 baguée poussin le 12 juin 1998 sur le centre de réintroduction hollandais de Liesveld est nicheuse (femelle) à Saigneville (basse vallée de la Somme) le 10 juin 2018 ; un bel âge de 19 ans 11 mois et 7 jours !

– M6234 baguée le 09 juin 2010 chez nos amis du Zwin en Belgique est aussi nicheuse à Saigneville en juin 2018.

– M6118 baguée également au Zwin le 23 juin 2008 est notée le 28 janvier 2018 au Parc.

À suivre…

Texte : Philippe Carruette

Illustrations : Alexander Hiley, Margot Tharan

Le 7 octobre 2014, un Accenteur mouchet adulte est bagué au fond des parkings du Parc lors du programme d’étude “phénologie de la migration”. A cette date, cela peut être tout aussi bien un migrateur qu’un nicheur local. Mais la surprise fut qu’il soit contrôlé deux fois comme mâle nicheur par notre collègue Fabien Thourotte le 2 mai 2017 et le 10 mai 2017 sur la station STOC (suivi des populations nicheuses) de Camiers dans le Pas-de-Calais. Cet oiseau est donc au minimum né au printemps 2013 : il est donc âgé d’au moins 5 ans et 11 mois ! L’âge maximum connu actuellement pour cet oiseau tourne autour de 9 ans.

N’oubliez pas, si vous trouvez un oiseau avec une bague métal avec des chiffres et des lettres, de transmettre l’information au Centre de Recherches sur le Baguage des Populations d’Oiseaux (Museum de Paris) : crbpo@mhn.fr en indiquant bien le numéro complet de la bague, le lieu, la date, et toutes les informations autres (cause de la mortalité, âge, sexe si vous connaissez l’espèce). La science vous remercie !

Texte : Philippe Carruette

Illustrations : Nathanaël Herrmann, Philippe Carruette

De nombreuses Cigognes blanches baguées poussins au Parc du Marquenterre séjournent en Espagne, soit en passage de migration, soit en hivernage. Nous recevons souvent des contrôles d’oiseaux aperçus notamment dans les décharges autour de Madrid. Mais cette fois la nouvelle n’est pas bonne : un individu bagué AFFS le 10 juin 2005 a été retrouvé mort électrocuté à Anoeta, dans la région de Guipuzcoa au Pays Basque espagnol. Grâce à sa bague couleur, on connaît avec précision une partie de sa vie migratrice et nicheuse depuis de nombreuses années. 

Le 31 mars et le 2 juin 2007, il est de retour de migration sur le Parc. Il niche en basse vallée de la Somme à Boismont en avril 2010. Le 2 septembre 2014, il est observé sur le centre d’enfouissement de Mons-Boubert près de Saint-Valery. Le 12 février 2015 il est sur sa route de migration avec deux autres oiseaux (dont BIXL bagué dans le Calvados en 2011) à Saint-Soulaire dans le Maine-et-Loire. Le 8 octobre de la même année, on le retrouve à Mons-Boubert. On le voit accouplé à ATWP (baguée au Parc le 27 juin 2008) sur un nid à Saigneville le 12 mars 2017. Il y nichera de nouveau en juin 2018 sans a priori avoir de petits.

Heureusement ces derniers jours nous ont donné aussi de bonnes nouvelles de cette “vieille génération” de cigognes. AFFA et AFFX (bagués respectivement en 2004 et 2005) étaient dans les prairies du Parc le 1er octobre 2019. Ces deux oiseaux n’ont jamais été contrôlés en Espagne mais connaissent nos collègues ornithologues et amis de Gironde qui les ont observés au Parc du Teich et à Naujac, ainsi que sur le centre d’enfouissement de Valembray dans le Calvados.

Texte : Philippe Carruette

Illustration : Alexander Hiley

Phéno : un diminutif de “Phénologie de la migration”, un programme de baguage mis en place en 2014 pour étudier la migration postnuptiale durant 4 mois, d’août à novembre, par le Muséum de Paris (Centre de Recherches sur le Baguage des Oiseaux), au fond des parkings du Parc du Marquenterre. 

Troglodyte mignon juvénile

Le milieu, très diversifié en dunes semi-boisées, est particulièrement favorable comme halte pour les passereaux. En effet, c’est en plein été que nombre d’oiseaux nous quittent ; rousserolles, phragmites, locustelles dans les roselières, fauvettes, pouillots dans les dunes buissonnantes ou forestières. En août, le baguage a concerné surtout les Fauvettes à tête noire, babillardes, grisettes et des jardins. Rouges-gorges, roitelets, merles et grives prennent le relais en septembre-octobre. 

Fauvette des jardins

Outre l’étude de la phénologie de la migration pour chaque espèce, cela va permettre de montrer l’importance de certains habitats. Ainsi la zone boisée dunaire à l’entrée du Parc est une indispensable trame verte entre les terres agricoles intérieures, le village et la Réserve, notamment pour des espèces forestières plutôt sédentaires comme la Sitelle torchepot ou la Mésange nonnette, mais aussi pour les “migrateurs rampants” comme la Mésange noire ou les roitelets. Ces derniers,  lourds de 5 grammes, voyagent en effet d’arbre en arbre, tout en se nourrissant de petits pucerons ; mais cela ne les empêche pas de venir de Scandinavie ou de Pologne !

Accenteur mouchet juvénile

Ce sont les Fauvettes à tête noire qui ont été les plus nombreuses à la fin de l’été. Espèce résistante, au régime alimentaire très éclectique, elles ont survécu au début de printemps froid et ont réussi tout de même une bonne reproduction. Ce qui n’est pas le cas, malheureusement, des Pouillots fitis et véloces  beaucoup plus fragiles, qui ont connu une forte mortalité avec les pluies et le vent de début juin en pleine fin d’élevage des poussins.

Rousserolle effarvatte

Les futurs aménagements du Parc dans le cadre du Projet Grand Marquenterre prendront en compte ces études pour garder les différentes strates boisées les plus favorables, et qui donnent aussi un fort caractère paysager (vieilles aubépines, aulnaies et bétulaies).

Texte : Philippe Carruette

Illustrations : Maëlle Hello, Philippe Carruette

Une série de contrôles de bagues vertes récentes qui nous fait bien plaisir, tant on sait combien certaines années la mortalité est forte chez les jeunes cigognes en migration !  

Six oiseaux ont été contrôlés par Jean-Michel Sauvage – merci ! – sur la cimenterie de Dannes (Pas-de-Calais) les 29 et 30 juin 2019, dans un groupe de 45 oiseaux.

  • FDMV bagué le 28/06/2018 sur le Parc.
  • FDMY bagué le 09/06/18 à Noyelles-sur-mer ; le 22 janvier dernier, l’oiseau était à Olmeda en banlieue de Madrid !
  • FHXA bagué le 31/05/2017 à Merlimont (62) ; le 27 février dernier, il était à Courcoury en Charente-Maritime dans un groupe de 144 individus.
  • FHXP bagué le 30/06/18 dans la héronnière du Parc.
  • FDMR bagué le 11/07/2017 dans le Domaine du Marquenterre.
  • FHXT bagué le 23/06/2018 sur le nid du point de vue du Parc.

On constate que de plus en plus de jeunes, au lieu de rester traditionnellement sur le lieu d’hivernage durant leur deuxième année, remontent sur les lieux potentiels de nidification alors qu’ils n’ont pas atteint leur maturité sexuelle.

Texte : Philippe Carruette

Illustrations : Alexander Hiley, Margot Tharan