Une vague d’hirondelles de mer au Marquenterre

La Sterne caugek a effectué de nombreuses tentatives de nidification au Parc ; jusqu’à maintenant aucune n’avait abouti… Dès 1985 elle montre des comportements de reproduction et depuis 1997, l’espèce niche, mais sans succès, malgré des efforts de gestion en sa faveur. Installée parmi la colonie de mouettes, cachée dans la végétation et protégée des prédateurs terrestres par la clôture de l’observatoire n°1, il semblerait que cette année elle ait enfin trouvé les conditions idéales pour mener à bien sa reproduction.

Début juin, une vague de 143 individus est observée en stationnement ; quelques jours plus tard, leurs cris rauques et puissants résonnent, les marches frénétiques et les échanges de poissons sont de plus en plus réguliers. Huppes hérissées, la cérémonie a commencé : un préalable à l’installation de couples nicheurs. Une vingtaine d’individus sont couchés au sol les jours suivants, la nidification se confirme. Cette petite colonie nous arrive très certainement du hâble d’Ault après qu’elle a subi un dérangement aujourd’hui inexpliqué. Suite à l’abandon soudain de ce site, certains individus se seraient réfugiés au Parc. C’est un comportement souvent observé, une colonie entière – ou seulement l’une de ses parties – peut transférer ses quartiers à la suite de perturbations humaines ou d’une très forte prédation.

Fin juillet, le nombre de naissances s’élève à une dizaine d’oiseaux parvenus à l’envol. Durant 5 jours environ, nous avons été témoins du déplacement d’un îlot à l’autre des adultes, accompagnés des juvéniles capables de marcher. La présence de rats surmulots a pu stresser et perturber les oiseaux. D’ailleurs les parents restent toujours vigilants, ils escortent les jeunes qui quittent le nid et explorent les alentours. Capables de former des crèches, des dizaines d’individus participent à cette surveillance. Si le groupe s’envole suite à une perturbation, les juvéniles se retrouvent seuls et courent s’enfouir dans la végétation ! Il est néanmoins possible que certains poussins issus des dernières éclosions aient pu être abandonnés.

Ajoutons qu’à cette date, les caugeks sont en pleine course contre la montre : une fois les jeunes prêts à suivre les adultes, elles décident de partir afin d’éviter une migration tardive. Dès que le dernier poussin a su prendre son envol, le grand départ a eu lieu. Déjà en route vers les quartiers d’hiver, nous leur souhaitons un beau voyage et nous espérons revoir le bout de leur joli bec l’année prochaine.

Texte et illustrations : Gaëlle Micheli