Un modèle de persévérance.

Si toutes les espèces ont fort à faire en période de reproduction, les Grèbes castagneux doivent fournir d’incommensurables efforts pour leur nidification. En effet, le plus petit de tous les grèbes (29 centimètres) tente de nicher dès le mois d’avril. Cette année encore, plusieurs couples de cette espèce plongeuse ont construit des nids faits de boules d’algues et d’herbes, petites stations flottantes, amarrées aux branches mortes d’argousier que nous mettons dans l’eau pour favoriser leur installation. Mais nombreuses sont les espèces qui les repoussent. Ces petits couples peuvent par exemple se faire détruire les nids par les Foulques macroules ou les Mouettes rieuses et reconstruisent le nid 7, 8 fois d’affilée… Lorsque la ponte se fait urgente, en cours de construction du nid, les Grèbes castagneux défendent plus férocement le nid : il leur arrive alors de plonger devant une espèce plus grande qui s’approche… Pour la piquer du bec par en dessous! Très déroutante, cette efficace technique fait même fuir les Cygnes tuberculés, qui font 65 fois leur poids!

Grèbe castagneux construisant un nid d’algues.

En période de couvaison, mâle et femelle se relaient pour couver les 5 à 6 œufs blanc à beige durant 20 à 27 jours. C’est une période périlleuse également, où l’unique couple vu en train de couver 6 œufs au Parc du Marquenterre a eu 4 œufs prédatés sur 6. Deux jeunes sont nés et ce sont alors des scènes de vie merveilleuses à observer : mâle et femelles protègent les petits en les gardant bien au chaud sous leurs ailes. Les petites têtes dépassent parfois… Les jeunes sont alors bien différents des adultes, avec une jolie livrée rayée. Hélas! Ces petits poussins peuvent faire le régal des prédateurs et un matin qui semble aussi joli que les autres, plus de grébillons… Un nid où un autre couple couvait 3 œufs a également été détruit le même jour.

Nous n’avons pas le droit de nous apitoyer sur leur sort, car ces vaillants grèbes ont aussitôt repris le travail : un mètre plus loin, les deux couples érigent de nouveaux nids flottants, encore, près de trois mois après les premières tentatives. Ce faisant, chaque couple fait entendre sa complicité par de jolis petits hennissements roulés… Bravo, les Grèbes castagneux !

Texte et photos : Lorraine Calamel.