Des oiseaux qui ont la pêche.

Les marais du Marquenterre sont le décor d’étonnantes parties de pêches collectives. Si vous vous arrêtez aux postes 3 ou 9, vous aurez peut-être la chance d’assister au ballet des Grands cormorans et ardéidés qui, chacun avec sa technique, part en quête de ses proies…

En première ligne, les « corbeaux de mer », au corps noir et fuselé, plongent avec vélocité à un, deux mètres de profondeur, poursuivant un banc de gardons ou d’épinoches. L’onde sinueuse que laisse leur passage à la surface de l’eau nous permet de suivre leur trajectoire aquatique.

Mouvement que semblent anticiper les Aigrettes garzettes, puisqu’elles décollent et se posent juste en aval des cormorans ; elles profitent ainsi du travail effectué par ces derniers, et n’ont qu’à piocher promptement, avec leur bec en poignard, le butin que les rabatteurs sous-marins ont acculé.

Mais les blanches coquettes aux doigts jaunes ne sont pas les seules à bénéficier de l’efficacité des cormorans. Leurs cousins – Grandes aigrettes et Hérons cendrés – ont eux aussi élu domicile sur le marais. Pas besoin de faire la statue pendant des heures en épiant alentour, attendant qu’une anguille s’approche : ils n’ont qu’à se poster légèrement en périphérie de l’agitation ichtyenne, et fondre sur le poisson qui se sera éloigné du groupe. Parfois, une Cigogne blanche fait son apparition, et adopte la même stratégie.

Enfin, les Spatules blanches ferment le cortège, marchant à la queue leur leu dans l’étang. Elles font de grands mouvements de droite à gauche avec leur bec entrouvert dans l’eau trouble, à l’aveugle. Dès qu’elles sentent un alevin ou un crustacé, elles referment leur outil aplati et capturent leur déjeuner.

Une fois tous ces oiseaux rassasiés, chacun va digérer et se reposer – cormorans ailes écartés, ardéidés tête rentrée dans les épaules, Spatules perchées sur une patte – et le marais retrouve alors son calme automnal…

Texte et photo : Cécile Carbonnier – Vidéo : Pierre Aghetti.