Barge rousse: « record-man » de la migration

Début mai la place est aux limicoles en baie de Somme et sur le Parc. Beaucoup d’espèces de cette famille sont déjà arrivées il y a quelques semaines, et sont maintenant en train d’établir leurs
territoires voire même de couver. Généralement ce sont les migrateurs à «courte distance » comme les Avocettes élégantes par exemple, qui passent l’hiver dans le bassin méditerranéen.

Pour d’autres limicoles par contre, la migration bat encore son plein puisque leur zone de nidification ne se trouve pas ici mais à quelques milliers de kilomètres bien plus au nord ! La
Barge rousse, le Pluvier argenté, le Tournepierre à collier, pour n’en citer que quelques-uns, font partie des migrateurs « long-courrier » qui ne s’arrêtent en baie de Somme que pour
s’alimenter avant de reprendre cet immense trajet.

Avec la Sterne Arctique et le Puffin fuligineux, la Barge rousse peut même se vanter d’être parmi les plus grands voyageurs du monde. Ayant passé l’hiver en Afrique de l’ouest (banc d’Arguin en
Mauritanie par exemple) c’est direction la péninsule de Taïmyr en Sibérie arctique où elles nichent. Mais un record du monde lui appartient à elle seule… Il a été prouvé récemment que certains
individus de la sous-espèce limosa baueri parcourent 11.000km (d’Alaska jusqu’en Nouvelle Zélande) sans arrêt ! Une très faible consommation d’énergie par rapport au poids gagné avant le
départ explique ce phénomène incroyable, de quoi faire « angoisser » un Emir saoudien !

Le passage prénuptial de barges  peut être observé le long du littoral du nord de la France et se concentre avec une régularité impressionnante sur les derniers jours d’avril et premiers
jours de mai. La semaine dernière un stationnement de 150 individus sur les vasières du poste 1 était parmi les plus importants du Parc. Mais cela ne représente qu’un pourcentage minime de cette
population « sibérienne » (estimé à 600.000 oiseaux), dont la plupart  passent directement en vol, au large de nos côtes.

Pour ceux qui n’ont pas eu la chance d’assister à ce spectacle, il ne faudra pas attendre longtemps pour le revoir. L’été nordique est très court et la baisse de luminosité déclenchera le passage
de retour aussitôt. Pour la Barge rousse la migration « d’automne » a lieu, en fait… en été ! Leur passage vers le sud se constate dès mi-juillet avec un pic au mois d’aout. Pas un
instant à perdre la vie est trop courte quand on navigue entre les continents de l’extrême…

Alexander Hiley (Guide Photographe naturaliste)



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Guy Sadet



Barge rousse

Alexander Hiley



Barge rousse-2

Alexander Hiley

5 réponses
  1. françoisedu80 dit :

    Les couloirs aériens sont saturés , c’est la pleine saison des échanges , chacun espérant retrouver une terre d’accueil favorable à la nidification (le passeport de certain doît-être saturé de « tampons » ) quelle résistance …dans ces petites aîles !
    Bravo pour les photos

  2. Isabelle dit :

    J’ai effectivement eu la chance d’en observer en Baie la semaine dernière. Ces oiseaux sont vraiment très beaux et d’autant plus beaux quand on découvre leur flux migratoire… impressionnant ! Un grand merci pour ce texte explicatif très intéressant et les photos très réussies.

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