Auprès de ma ronce, je vivais heureuse…

Tous les matins, en passant sur le sentier près de la héronnière, une Rainette arboricole a pris l’habitude de se reposer sur la tige d’une ronce morte. L’après-midi, avec la chaleur revenue, elle y est absente, vaquant à ses occupations alimentaires d’amphibien dans la végétation riche en invertébrés. Lors de nos sorties guidées en soirée, on la retrouve de nouveau reprenant son bain de soleil. 

Un point de repère pris sur la ronce montre qu’elle est fidèle à son emplacement au centimètre près, et cela depuis plusieurs semaines ! La mémoire est un élément essentiel à la survie des espèces : elle enregistre les “bons plans” tout comme les mauvaises expériences… quand elles daignent laisser la vie sauve ! Le choix d’un site d’hivernage, ou de reproduction, d’un lieu de gagnage, d’un emplacement de repos ou de halte migratoire n’est donc pas dû au hasard, et est appelé à se perpétuer parfois pour de nombreuses années. N’oublions pas que c’est une nécessité vitale de ne pas se tromper, d’analyser et de corriger ses erreurs. 

Et même (voire surtout !) pour une “simple” grenouille, ce repos solaire est indispensable, comme pour tout batracien qui est tributaire de la chaleur ambiante pour réguler sa propre température, conditionnant ainsi son activité. Ce moment n’est donc pas anodin et elle ne doit pas être dérangée par une approche trop brusque ou trop intrusive ! Profitons donc de ce bijou vert avec grande bienveillance.

Texte : Philippe Carruette

Illustrations : Alexander Hiley

1 réponse
  1. Abisko dit :

    Etonnant ! Quelle mémoire et quel sens de l’orientation pour cette rainette arboricole ! Merci pour toutes vos observations et vos commentaires riches, poétiques et un brin humoristiques !

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